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jeudi 20 juin 2013

Grève de la faim à Guantanamo : des prisonniers refusent le gavage, des médecins interpellent Obama

Cent des 166 hommes toujours détenus à Guantanamo Bay ont entamé en févier dernier une grève de la faim. Dans une lettre ouverte adressée aux médecins militaires, publiée par « The Guardian », 13 d’entre eux expriment la volonté d’être respectés dans leurs décisions, et dénoncent les procédés de gavage auxquels ils sont soumis pour être maintenus dans un état de « semi-famine ». Aujourd’hui, « The Lancet » publie une lettre ouverte au président Barack Obama, dans laquelle les 150 médecins signataires endossent la requête des prisonniers et proposent leurs services.

Appel à la conscience des médecins

Dans la lettre publiée par « The Guardian », les prisonniers en appellent à la conscience de leurs médecins et réclament d’être soignés par des professionnels indépendants, non militaires : « Docteur, Je ne veux pas mourir mais j’accepte d’en courir le risque, parce que je proteste contre le fait d’être enfermé depuis plus de 10 ans, sans procès, et soumis à des traitements inhumains et dégradants, sans avoir eu accès à la justice. (...) Pour cette raison, je demande avec le plus grand respect que des médecins indépendants puissent venir à Guantanamo, pour me soigner, avoir accès à l’ensemble de mes données médicales, de manière à choisir le meilleur traitement. (...) Vous agissez en accord avec vos devoirs de médecins pour sauver ma vie. C’est contre mon souhait, et comme vous devez le savoir, je suis à même de décider de mon traitement médical. Quand je refuse de me soumettre à vos traitements, vous m’y forcez, parfois violemment. Pour cette raison, vous violez l’éthique de votre profession. (...) Ma décision de faire grève de la faim pour 100 jours n’a pas été prise à légère. C’est pour moi le seul moyen d’interpeller le monde extérieur. Votre réponse à ma décision me conduit à penser que votre unique et seul but est de sauver ma vie. Pour ceux d’entre nous qui ont été gavés, l’utilisation d’un tube introduit dans le nez et la gorge violemment pour nous maintenir dans un état de semi-famine est extrêmement douloureux et les conditions dans lesquelles cela se passe sont offensantes. (...) Vous devez savoir que cette action a déjà été condamnée par le rapporteur de santé des Nations unies. (...) Vous êtes loyal envers vos supérieurs qui vous forcent à agir ainsi et vous faites passer le devoir militaire avant le devoir médical. Pour cette raison, je ne peux plus vous faire confiance (...). »
Entamé il y a 5 mois, le mouvement de grève de la faim semble s’être aggravé depuis que le président Barack Obama a réitéré sa volonté de fermer le camp lors d’une intervention publique, le 23 mai dernier. En réponse à leur lettre, le Pentagone a été ferme : « Aucun professionnel indépendant n’a jamais été autorisé à traiter les détenus. »

Vent de protestation

Du côté des civils, c’est la protestation. « Notre plus grand problème, notre problème mondial, s’insurge Laura Pitter représentante des Droits de l’Homme, est que les médecins militaires taisent ce qui se passe à Guantanamo. » Plusieurs organisations,  la « World Medical Association », l’« American Medical Association » ont récemment condamné la pratique du gavage « cruelle, inhumaine, dégradante, et proche de la torture ». Sauf qu’il s’agit d’organisations privées qui n’ont pas vocation à faire changer la loi.
Aujourd’hui, 150 médecins indépendants appuient la demande des prisonniers dans une lettre ouverte au président Barack Obama, publiée dans la revue britannique « The Lancet ». « Il est certain qu’ils ne peuvent plus faire confiance aux médecins militaires. Ils ont de bonnes raisons pour cela, car, comme vous le savez, ces médecins doivent suivre le protocole dicté par la Joint Task Force Guantanamo. Les ordres qu’ils suivent, sont finalement les vôtres, en tant que chef des Armées (...). Il est impératif qu’ils aient accès à des médecins indépendants comme ils le demandent, comme cela a été proposé par la "World Medical Association" », écrivent-ils. « Nous faisons nôtre leur demande et sommes prêts à leur rendre visite, dans des conditions adaptées (...). Si vous maintenez votre décision de libérer les détenus, exprimée il y a 4 ans, ils devront être capables de voyager là où vous l’exigerez. Nous avons le plus grand respect pour ces détenus, leurs médecins et vos préoccupations et nous vous offrons nos services pour leur rendre visite, les conseiller et les aider en accord avec l’ensemble des parties. »
La réponse du Pentagone se fait attendre.
› Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ
 19/06/2013

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