Un comité de soutien relance le débat sur la psychiatrie
Le Monde.fr avec AFP |
Le débat sur la psychiatrie est à nouveau relancé. Un comité a été créé pour soutenir la jeune femme qui avait vandalisé le tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple au musée du Louvre-Lens, et qui est toujours internée en hôpital psychiatrique, ont annoncé ses membres mercredi 27 mars.
Les membres de ce collectif, proches de l'association Politis 62, veulent "alerter l'opinion" et "ouvrir le débat sur la folie". "On revient àune psychiatrie répressive", a regretté Bruno Mattéi, philosophe et intellectuel engagé, lors d'un point de presse. "Nous disons : 'écoutons-la'. Mais on ne peut pas." Selon M. Mattéi, la jeune femme a déclaré lors d'une audition expliquer son geste "par la volonté de lutter contre la manipulation de l'opinion et par le souci d'élever le niveau de conscience du peuple".
"LA LOI EST STRICTEMENT RESPECTÉE"
La jeune femme de 28 ans avait été interpellée sur place le 7 février après avoir inscrit "AE911" au marqueur noir sur l'œuvre de Delacroix, une inscription qui a pu être rapidement effacée sans causer de dommages permanents.
Après expertise, elle avait été hospitalisée deux jours plus tard dans un établissement psychiatrique. Plusieurs médecins psychiatres ont examiné la jeune femme, a expliqué le procureur de Béthune, Philippe Peyroux. Quinze jours après les faits, un examen avait confirmé les premiers diagnostics sur la nécessité d'un placement d'office. Sur la base du certificat de quinzaine, obligatoire, la jeune femme a été présentée à un juge des libertés qui a maintenu son hospitalisation. Elle a fait appel mais la première décision a été confirmée.
"La loi est strictement respectée et nous avons une multitude d'avis de médecins psychiatres", a souligné le procureur. Celui-ci a par ailleurs saisi un juge d'instruction pour diligenter une contre-expertise qui doit non seulement décrire l'état de santé mentale de la jeune femme mais aussi indiquer si elle est pénalement responsable. "Dans ce cas, cela me paraît d'autant plus nécessaire que cette personne a un niveau d'étude supérieur", a noté M. Peyroux, décrivant une femme "avec manifestement des moments de lucidité" mais qui "voit rouge dès qu'on lui parle de certaines œuvres d'art sur la liberté". La jeune femme est en effet titulaire d'un master et avait passé le concours de professeur des écoles.
UN DÉBAT OUVERT PAR LES PSYCHIATRES
La réforme de la loi sur l'internement psychatrique sans consentement légal est entrée en vigueur le 1er août 2011, dans un climat de fronde. Promulguée le 5 juillet, la réforme permet une intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) pour le maintien d'une personne en hospitalisation sans son consentement pour une période de plus de quinze jours. La majorité des professionnels du secteur était opposée au projet, dénoncé comme un texte "sécuritaire".
Dans plusieurs tribunes publiées dans Le Monde et sur Le Monde.fr, des professionnels ont en effet expliqué leur mécontentement, exprimant leur "profonde inquiétude" quant aux dérives sécuritaires possibles. Des collectifs de psychiatres se sont sont d'ailleurs formés en opposition à cette loi, tel le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, qui juge la loi "absurde, incohérente et inapplicable".
En avril 2012, les sages ont en outre jugé inconstitutionnels deux points de la loi du 5 juillet 2011 sur la psychiatrie, concernant la sortie des programmes de soin de ces malades. Le Conseil constitutionnel a ainsi jugé nécessaire que soient adoptées "des garanties contre le risque d'arbitraire encadrant la mise en œuvre de ce régime particulier". Il a notamment estimé indispensable de définir dans quelles conditions il peut être décidé d'une admission en UMD, la loi ne précisant pas de critères de placement. Les individus jugés"irresponsables pénaux" devront être par ailleurs informés de la transmission de la décision de justice au préfet, qui peut décider de l'admission en hôpital psychiatrique.
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