L’alcool devient l’une des premières causes médicales d’hospitalisation
Les hospitalisations pour des troubles liés à l’alcool représentaient en 2011, 470 000 séjours, révèle une étude du Pr Michel Reynaud, chef du département de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, et du Pr François Paille, présentée devant la Société française d’alcoologie. L’étude intitulée« Les diagnostics des troubles liés à l’alcool dans les hôpitaux français »a été réalisée à partir de la base de données PMSI-MCO-ATIH (Agence technique de l’information sur l’hospitalisation).
« Il s’agit de l’une des premières causes médicales d’hospitalisation médicale, c’est-à-dire n’incluant ni la chirurgie, ni l’obstétrique », précise le Pr Michel Reynaud. Ces hospitalisations sont 1,7 fois plus nombreuses que celles pour diabète, et 3 fois plus nombreuses que celles pour des pathologies vasculaires. À titre de comparaison, 1 019 000 séjours hospitaliers liés au cancer ont été recensés en 2011, selon l’Institut national du cancer (Inca).
Les troubles liés à la dépendance représentaient 60 % des 470 000 séjours liés à l’alcool, la dépendance étant le motif d’hospitalisation dans 36 % des cas et les complications de la dépendance dans 64 % des cas. L’alcoolisme n’est cité comme motif d’hospitalisation que dans un cas sur trois. La durée du séjour peut atteindre plus d’une semaine. Ces hospitalisations liées à la dépendance ont augmenté de 30 % en trois ans et sont aussi nombreuses que celles liées au diabète.Appel à une mobilisation collective
Les intoxications aiguës comme les comas éthyliques ont provoqué 181 000 hospitalisations en 2011, soit 40 % des séjours liés à l’alcool. La grande majorité de ces séjours durent moins de 2 jours, mais ils ont explosé en 3 ans, progressant de 80 %. Les jeunes et les femmes sont les plus concernés.
Les hospitalisations pour intoxication aiguë surviennent, selon l’étude, 6 ans avant les hospitalisations pour dépendance et 12 ans avant les hospitalisations avec complications et dépendance.
Le Pr Reynaud déplore le non-renouvellement par les pouvoirs publics du plan Addiction et préconise la présence d’alcoologues dans les services d’urgence pour proposer un suivi à des personnes hospitalisées pour un coma.
Le Pr Michel Lejoyeux, président de la Société française d’alcoologie, dénonce aussi l’absence de mobilisation collective autour de la dépendance à l’alcool. « Il n’existe aucune autre maladie grave qui soit aussi peu reconnue par la société ou par les patients », déclare-t-il.
› COLINE GARRÉ
* Étude réalisée avec la société HEVA et le support des Laboratoires Lundbeck
25/03/2013
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