Psychiatrie coloniale : des préjugés tenaces
Jean-Christophe Coffin (Profil auteur)
Mis à jour le 20/03/2013
Soins insuffisants et inégalitaires, soupçons
de « primitivisme », tentation de biologiser les différences culturelles… Dans les colonies françaises, le regard porté sur les troubles mentaux reflétait le contexte politique.
La constitution des empires coloniaux modernes précède de peu l’essor de la profession psychiatrique en Europe. Mais c’est essentiellement à partir du XXe siècle que se constitue un savoir psychiatrique en contexte colonial. Celui-ci, au gré de son histoire, s’avère très réceptif aux impératifs politiques et culturels de son temps. Ce qui n’a pas manqué d’interroger sur sa crédibilité, voire de jeter sur celle-ci un discrédit définitif. Toutefois, la psychiatrie coloniale est loin d’être monolithique, et connaît plusieurs phases au cours de son histoire de moins d’un siècle. Elle est souvent dominée par quelques figures qui ont imprimé leur marque en assurant le destin de quelques concepts. Elle a construit un corpus qui, s’il est constitué de préjugés flagrants, comporte néanmoins des éléments d’observations qui seront repris dans la période de décolonisation pour construire une ethnopsychiatrie, dont les contours ne cessent cependant d’être redéfinis à l’âge contemporain.
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