A Saint-Denis, «les conseillers Pôle Emploi sont en souffrance»
1 mars 2013
L'agence, la plus chargée d'Ile-de-France avec 10 000 demandeurs d'emploi, est en grève pour dénoncer des conditions de travail dégradées. Une conseillère raconte.
Au plus haut niveau depuis 1997, le chômage met Pôle Emploi à rude épreuve. Faisant face à un afflux de demandeurs d'emploi,l'institution doit faire beaucoup avec peu de moyens. Des conseillers de l'agence de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) sont en grève dès ce vendredi pour dénoncer des conditions de travail jugées«insoutenables». Les grévistes demandent des effectifs supplémentaires «en urgence» et «du matériel qui fonctionne».
Sous couvert d'anonymat, l'une d'entre eux témoigne pourLibération. Contactée, la direction régionale de Pôle Emploi n'a pas donné suite.
Sous couvert d'anonymat, l'une d'entre eux témoigne pourLibération. Contactée, la direction régionale de Pôle Emploi n'a pas donné suite.
Sous couvert d'anonymat, l'une d'entre eux témoigne pourLibération. Contactée, la direction régionale de Pôle Emploi n'a pas donné suite.
«Notre agence est la plus chargée d'Ile-de-France : 10 000 demandeurs d'emploi, 10 000 entreprises, et seulement 19 conseillers. Normalement, ceux-ci ne sont censés gérer que 350 dossiers en cas d'accompagnement "suivi" pour les personnes les plus autonomes, ou 200 pour l'accompagnement "guidé" des cas difficiles. En pratique, ces chiffres montent respectivement à 530 et 337. Autant dire que nous n’avons pas les moyens matériels d’assurer un bon accompagnement des usagers.
«Pour faire face, nous consacrons 90% de notre temps à l’inscription des nouveaux demandeurs d’emploi. Le premier entretien a lieu après quatre mois d’inscription en moyenne. Normalement, il devrait être individuel. En fait, nous convoquons jusqu'à 30 personnes en même temps pour une demi-journée collective, avant un entretien individuel de cinq minutes seulement. Ensuite, pour le suivi, nous convoquons en priorité les gens qui en ont le plus besoin, ceux qui le manifestent à l'accueil ou au téléphone.
«Sur le plan matériel, nous n’avons pas assez de postes pour recevoir tous les usagers. Nous sommes obligés d’utiliser les locaux du premier étage, qui leur sont pourtant interdits. On est alors seul avec l'usager, au risque de faciliter les vols et les agressions.
«Les conseillers sont en souffrance physique et psychologique. Ils sont à bout, et on voit passer beaucoup de congés maladie de longue durée. Les demandeurs d’emploi, eux aussi, vivent mal cette situation. On essaie de répondre à leurs questions à l’accueil, mais il y a beaucoup de cas compliqués, notamment à cause de problèmes de langue. La plupart ne comprennent pas qu’on ne puisse pas les recevoir avant un mois et demi, cela suscite de l’agressivité. Pas une journée ne passe sans incident avec un demandeur d’emploi : verbaux pour la plupart, physiques parfois. C’est devenu monnaie courante.
«Nous nous étions déjà mis en grève en juin 2012, pour les mêmes raisons. Rien n’a changé depuis : quatre conseillers sont bien arrivés, mais, depuis, trois autres ont quitté l’agence. La charge de travail reste donc la même. Nous étions censés déménager en janvier, mais on n'a toujours aucune nouvelle des travaux. Nous savons déjà, cependant, que les nouveaux locaux seront, eux aussi, trop petits, et ne permettront pas d’accueillir de nouveaux conseillers.»
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