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mardi 16 octobre 2012

Jean-Michel Rieux, des espaces verts à la folie meurtrière

14 octobre 2012
C’est un documentaire glaçant. Harcelé à en perdre la raison, le dernier film de Daniel Kupferstein (ACT Média Diffusion), raconte l’histoire de Jean-Michel Rieux, employé municipal à Béziers (Hérault). Victime de harcèlement moral au travail, il entame une descente aux enfers qui s’achève dans la folie et par un drame mortel.

Tout commence en 1994. Rieux entre au service des espaces verts. Il aime bien son boulot, fleurit les plates-bandes du plateau des Poètes. Très vite, l’hostilité se déclenche autour de lui. Pourquoi ? On n’en saura que quelques bribes. Jean-Michel est l’époux de Karima. Sur le panneau d’affichage du local technique apparaissent rapidement des tracts invitant à «écraser» les Arabes (avec leur enfant : 10 points, avec une grand-mère : 5 points, etc.) ou montrant un pêcheur à la ligne en train de «se faire sucer par une carpe». Or, Rieux est un amoureux de la nature, et il va souvent à la pêche.
Le docu montre un peu l’ambiance au boulot. On chambre, on moque les plus faibles, on pousse les moins résistants à faire des «conneries».Comme avec cet employé invité à «montrer ses parties». Jean-Michel Rieux, lui, n’aime pas qu’on s’en prenne aux plus faibles. Il passe un examen pour s’élever dans la hiérarchie. On lui refuse une promotion. Puis il se blesse en faisant du sport et doit s’absenter de son lieu de travail. C’est le début de la fin.
On ne comprend pas bien ce qui déraille. On découvre juste que Rieux est«muté» à la déchetterie. La médecin du travail constate que cette fonction est particulièrement pénible, qu’il faut s’y «battre» seul contre tous. Il tombe malade, commence à voir des ennemis partout. Le psychiatre décide qu’il est inapte au travail, mais une contre-expertise médicale décidée par la mairie soutient le contraire. Rieux doit retourner bosser. Problème : il ne s’en sent pas capable. Alors, il prend un marteau et se casse le pouce en lâchant : «Comme ça, au moins, ils vont comprendre que je ne peux pas y aller.» Comme les soldats qui se mutilaient pour ne pas retourner au front. En 2003, il finit par tuer femme et enfants, avant de se pendre en prison.
Tous les témoins qui défilent à l’image essaient d’apporter leur explication. Ils auraient voulu lui venir en aide, mais n’ont pas su prendre la mesure du désespoir de Jean-Michel Rieux. Signe du malaise persistant qu’a provoqué ce drame, le réalisateur a dû rendre anonymes les participants, brouillant leur voix et leur visage. Et la mairie de Béziers s’est retranchée dans le mutisme : c’est son avocat qui parle.

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