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mardi 16 octobre 2012

Catherine Lemorton, une députée contre les lobbies pharmaceutiques

LE MONDE | 
Catherine Lemorton, députée (PS) de Haute-Garonne et présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Catherine Lemorton, députée (PS) de Haute-Garonne et présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. | AFP/LIONEL BONAVENTURE

À l'écouter raconter son histoire, on se la figure un peu en Erin Brockovich de l'Assemblée nationale. "J'étais seule jusqu'à l'affaire du Mediator. Puis je suis devenue le porte-drapeau de ce combat, celle qui avait raison", expose la députée Catherine Lemorton (PS, Haute-Garonne).
"Ce combat", ce fut celui qu'elle mena contre les lobbies pharmaceutiques, dénonçant les conflits d'intérêts dans le domaine du médicament. Pharmacienne de profession, c'est sans en avoir l'intention qu'elle s'est confrontée à la puissance du secteur, en 2007, explique-t-elle : "Je ne connaissais que la face visible de l'iceberg. J'ai découvert le système en faisant mon rapport [sur la consommation des médicaments], c'était comme une enquête policière, je me suis fait mon réseau qui a alimenté ma réflexion".
"ILS M'APPELAIENT SANS ARRÊT"
Forcément, son travail ne passe pas inaperçu ; les premiers à réagir sont deux représentants de Servier, le laboratoire fabricant du Mediator. "Ils sont venus me voir pour m'expliquer qu'il valait mieux que je lise leurs 14 pages d'info pour savoir comment légiférer sur le médicament, se souvient l'élue, désormais présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Plus j'avançais dans mes auditions, plus je me disais qu'il y avait des choses qui n'allaient pas. Je me demandais pourquoi ils m'appelaient sans arrêt, je les voyais dans les commissions, ils étaient tout le temps là, en fond de salle..."
En fait, ce n'était pas tant ses propos qui dérangeaient que le fait qu'elle déclinait systématiquement les invitations à dîner. "Je ne me rendais pas compte qu'en refusant les déjeuners et autres invitations, j'étais déjà en train de lutter contre eux. Ils me disaient qu'ils 'ne comprenaient pas', que 'ça s'était toujours mieux passé que ça avec les autres'".
"CONNIVENCE"
Or pour elle, c'est sans appel : "Les lobbies, il faut les rencontrer dans des salles de la démocratie, offertes par l'Assemblée. Pas ailleurs et jamais seul à seul. Ils sont malins, ils n'insufflent pas une idée dès le premier repas. Ils vont inviter à table un économiste réputé que tout le monde connaît pour appuyer leurs dires, ils entretiennent des liens de sympathie, et la connivence s'installe petit à petit sans que l'on s'en rende compte."
Certains des autres députés, reconnaît-elle, la jugeaient tout de même"un peu excessive" ou la prenaient pour une "gauchiste", même dans son propre camp.
"DANS LE DÉSERT"
Mais Mme Lemorton a perseveré – "si j'ai un os, tant pis si je dois m'étrangler avec, je ne le lâche pas" –, même si les choses ont failli mal tourner. Sa voix d'ordinaire si dynamique décroche d'un ton quand elle dévoile qu'"il y a eu pire que ça...", sans vouloir en dire plus. "C'est derrière moi, je ne veux plus en parler."
Ce tableau très noir a toutefois fini par s'éclaircir un peu avec l'affaire du Mediator en 2009, qui a convaincu une bonne partie des représentants politiques de se ranger enfin derrière elle. Pas peu fière, elle conclut : "Tous les gens qui criaient dans le désert sur la prégnance de l'industrie pharmaceutique ont trouvé une voix, et elle s'appelle Lemorton."

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