Deux hospitaliers canardent les médecins pigeons et les internes dans Libé
Tous les médecins ne sont pas des pigeons. Deux d’entre eux, praticiens hospitaliers à l’AP-HP, ont pris la plume pour le faire savoir dans l’édition du jour de Libération *. Et ils ne mâchent pas leurs mots à l’égard du mouvement initié sur Facebook (« Les médecins ne sont pas des pigeons ») par un chirurgien esthétique libéral, pour s’opposer à une régulation des dépassements d’honoraires et à un encadrement de l’installation.
« Manipulation grossière portée par de faux arguments », « justifications mensongères », « la tournure que prend cette mobilisation est obscène » écrivent-ils. Que reprochent-ils exactement à ces médecins frondeurs ? D’invoquer le bien-être des patients pour en réalité défendre leur « confortable rémunération aux dépens des patients les plus précaires ».
Les internes de l’ISNIH en prennent aussi pour leur grade, eux qui appellent à une journée de mobilisation le 17 octobre sur le thème « le choix de bien soigner ». La formule fait bondir nos deux médecins hospitaliers. « Faut-il comprendre dès lors qu’encadrer les dépassements d’honoraires aurait pour conséquence directe la dégradation des soins prodigués aux patients ? » s’interrogent-ils, rappelant au passage que « les salaires des médecins […] appartiennent à la frange supérieure des revenus français ». Selon eux, cela revient à suggérer « qu’un patient est mieux traité par un médecin libéral en secteur II avec honoraires libres que par l’hôpital, ou par un médecin conventionné secteur I. »
« Un mauvais combat »
Le mouvement des médecins pigeons a d’autres détracteurs. Le 11 octobre dernier, deux internes s’en prenaient à eux dans une tribune publiée sur le site Mediapart. « La revendication sur la rémunération ne peut être légitime que si elle n’entre pas en contradiction avec le principe de l’égalité d’accès aux soins » écrivent-ils. Les médecins pigeons se tromperaient de combat, selon eux.
La solution au malaise ambiant passerait par une évolution des modes de rémunération et par le développement de « petites structures type maisons pluridisciplinaires de santé », telles que celles imaginées par les médecins blogueurs et médiatisées à travers l’opération menée surTwitter, #PrivésDeDéserts. Un autre blogueur, anesthésiste à l'hôpital public, joue les francs tireurs et tire à vue sur les pigeons. Le titre de son billet traduit son désaccord de manière très crue : « Facebook et solidarité médicale : mon cul ! »
> S.L.
lequotidiendumedecin.fr 16/10/2012
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