N’est-ce pas la logique de rentabilité imposée à toutes nos activités qui finit par tuer ?
Le 60e suicidé de France Télécom
Par Marie-José Del Volgo, Directrice de recherches en psychopathologie clinique et psychanalyse à l'Université d’Aix-Marseille, maître de conférences.
Rémy, 57 ans, salarié des télécoms depuis trente-trois ans, s’est immolé le 26 avril 2011 à 7 heures du matin dans un parking situé devant l’agence de Mérignac. Rémy est le 60e suicidé de France Télécom depuis 2008. Voici la froide nouvelle qui nous a surpris une fois de plus, tout comme l’annonce, faite début mai par la mal nommée Sécurité routière des 355 morts sur nos routes depuis le début de l’année. Rémy a choisi de se donner la mort dans un lieu public dédié aux voitures, engins emblématiques de notre modernité, de ses progrès techniques mais encore de ses catastrophes humaines. Quand les conditions de travail se font elles aussi de plus en plus déshumanisantes, les suicides en série des salariés sont des actes de désespoir et de révolte et constituent une affirmation de liberté là où ces conditions aliènent et asservissent jusqu’à faire disparaître les travailleurs en tant qu’humains. Le corps calciné de Rémy, méconnaissable, en est la signature, son immolation le fait disparaître comme le système de production de France Télécom l’a réduit à un simple segment technique de l’entreprise. La douleur de la perte d’un être cher pour sa famille, ses amis et collègues est sans doute à la mesure de la propre douleur subjective de celui qui a choisi de mourir.
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