Dans son rapport publié aujourd’hui mercredi, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) table d’ici à 2050 sur un doublement, voire un triplement des dépenses du secteur de la dépendance, estimées en 2008 à 1,5 % du PIB des pays riches.
La hausse est mécaniquement liée au vieillissement de la population : les plus de 80 ans représenteront en effet 10 % de la population des 29 États pris en compte dans cette étude, contre 4 % aujourd’hui. Le Japon devrait même voir son taux de personnes âgées atteindre 17 % et l’Allemagne 15 %.
Au-delà des évolutions démographiques, des mutations sociales compliquent la prise en charge des seniors. Les liens communautaires et familiaux tendent à se relâcher, et les femmes, les deux tiers des aidants, travaillent davantage, et plus longtemps.
La souffrance des aidants.
Les gouvernements doivent affronter plusieurs défis. Tout d’abord, celui des modes d’accompagnement de la dépendance. Le système repose aujourd’hui largement sur les aidants familiaux, puisque dans les pays riches de l’OCDE, « 1 adulte de plus de 50 ans sur 10 aide une personne en perte d’autonomie ». Et 70 % des sujets dépendants restent à domicile. Si cette solution est, en majeure partie, gratuite lorsque des amis ou la famille se dévouent par amour ou devoir, elle n’est pas sans conséquences pour la santé mentale des proches qui augmentent leurs risques de 20 %. Aussi, l’OCDE recommande vivement aux gouvernements de formaliser le secteur, en commençant par le revaloriser. Les services d’aide à domicile emploient entre 1 % et 2 % de la population active, un taux qui devrait doubler d’ici à 2050. Mais ils sont mal rémunérés, harassants, peu qualifiés, et font l’objet d’un rapide turnover. « De solides réformes doivent être mises en place pour attirer davantage de main-d’œuvre », précise donc le rapport, qui suggère par exemple, le recours à des travailleurs migrants, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Autriche ou en Grèce.
L’OCDE alerte également sur le second enjeu que représente le financement de la dépendance, en constatant l’hétérogénéité des schémas selon les pays. Parmi les plus répandus se retrouvent la couverture universelle, financée par les impôts, comme dans les pays nordiques, ou le Japon, les assurances obligatoires, à l’instar de l’Allemagne, ou encore un système ciblé d’allocation, comme en France (avec l’APA), en Italie, ou en Australie. L’OCDE plaide en faveur d’un ciblage des allocations, selon les niveaux des besoins. Et surtout, appelle les gouvernements à mettre en place des politiques globales à long terme.
COLINE GARRÉ
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