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mercredi 25 mai 2011

Contre l'exclusion scolaire, "s'appuyer sur les ressorts propres à chaque enfant"

23.05.11

Près de 70 millions d'enfants non scolarisés dans le monde, dont 28 millions vivant dans un pays pauvre en conflit : ces chiffres résument le fossé qui reste à combler pour atteindre le second des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui vise à ce que tous les enfants puissent bénéficier, d'ici à 2015, d'un cycle complet d'études primaires.
A ce constat, le Bureau international catholique de l'enfance (Bice), qui organise du 23 au 25 mai, à Paris, un congrès sur le droit à l'éducation des enfants en rupture familiale et sociale, en ajoute un autre : l'aide financière et administrative restera impuissante à ouvrir l'accès à l'enseignement de ces jeunes en grande difficulté si elle ne tient pas compte de leurs besoins spécifiques.

"Dans ce domaine, on réfléchit encore trop en termes de besoins matériels plutôt qu'avec une approche des droits de l'homme,
affirme Alessandra Aula, secrétaire générale adjointe du Bice et organisatrice du congrès. Et surtout, il manque une réflexion qualitative sur les approches qui permettraient de mieux inclure dans les systèmes éducatifs les enfants déracinés culturellement et psychologiquement." Une réflexion à laquelle entendent contribuer ces trois journées de débats, consacrées aux "bonnes pratiques" éducatives mises en oeuvre ici et là dans le monde.

Ces enfants, qui sont-ils ? Avant tout des enfants des rues, dont le nombre atteint, selon l'Unicef, plusieurs dizaines de millions dans le monde. Mais aussi des enfants de migrants, pour qui la première difficulté est de s'intégrer dans le système d'éducation de leur pays d'accueil. Ou encore des enfants vivant dans un contexte parental fragilisé par une grave maladie, des violences ou de la maltraitance.

Pour tous ces jeunes en difficulté psychologique et sociale, éducateurs et pédagogues avancent un mot-clé : "résilience". Cette capacité individuelle à surmonter les pires épreuves de la vie n'est pas une solution magique, encore moins un substitut à une politique économique et sociale.

"Accepté pour lui-même"

C'est une "modalité de croissance", qui passe avant tout par les réseaux de soutien social. "Cela peut être une institution, une famille, un groupe de personnes où l'enfant se sentira accepté pour lui-même de façon inconditionnelle", précise la psychologue Susana Rocca, professeur auprès de l'université Unisinos (Sao Leopoldo, Brésil). Alors seulement peuvent s'ébaucher les piliers de la résilience : estime de soi, sens de la vie et de l'humour, compétences, connaissance.

Programmes de médiation, activités créatrices et expressives, ateliers favorisant une approche ludique des contenus scolaires : un certain nombre de "bonnes pratiques", éprouvées et adaptées à des enfants en grande difficulté dans de multiples pays, démontrent "la nécessité absolue de s'appuyer sur les ressorts propres à chaque enfant, afin de lui faire prendre conscience de ses capacités pour le sortir d'une spirale d'exclusion", insistent les experts du Bice.

Ainsi le projet Fenix. Un programme expérimental de "renforcement cognitif et motivationnel" né au Brésil en 2007 sous l'égide de l'université de l'Etat de Bahia, en collaboration avec l'université de Turin (Italie), qui a depuis lors été appliqué de façon systématique, de 2008 à 2011, à plus de 400 enfants, tant à Salvador de Bahia que dans le Piémont italien.

Le principe : des ateliers destinés à de petits groupes de cinq ou six enfants, animés par des enseignants formés à l'accompagnement et au soutien émotionnel. "Durant les rencontres de l'atelier, qui ont lieu une ou deux fois par semaine, les enfants jouent sur des logiciels à un jeu de langue, un jeu de mathématiques et un jeu développant les processus cognitifs", explique Cristina Coggi. Professeur de pédagogie expérimentale à l'université de Turin, elle supervise la mise en oeuvre du projet Fenix en Italie, où "42 % des enfants étrangers ne seraient pas en règle au regard de la scolarité".

Au Brésil comme en Italie, la méthode semble faire ses preuves. Au point d'être désormais testée au Salvador, au Rwanda, au Cameroun et en Biélorussie.
Catherine Vincent

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