Finistère
18 décembre 2010
Assises. Six ans de prison pour «une vie dans le noir»18 décembre 2010
De suspense, il n'y en a pas eu. Au bout d'une heure et demie de délibéré, la cour d'assises a condamné, hier, le Brestois Stéphane Thépaut, 35 ans, à six ans de prison pour avoir rendu aveugle son propre père. «Quelle est la part de responsabilité de Stéphane Thépaut dans l'affaire ? Avait-il conscience de ce qu'il faisait?». Pour l'avocat général, M. Pouder, cette question est l'articulation principale du dossier. La veille, un psychiatre avait estimé que le jeune Brestois souffrant de schizophrénie connaissait «une altération de son discernement» lorsque, ce 27août 2008, il s'était rendu au domicile de son père, dans le quartier de Recouvrance, à Brest, et lui avait porté dix coups de couteau au visage et sur le torse, l'un d'eux plongeant la victime, déjà handicapée d'un œil, «dans le noir total».
Une cocotte-minute
«L'accusé, ce jour-là, c'était une cocotte-minute prête à exploser», observe Me Larvor, partie civile. Les autres intervenants de ce procès n'ont pas d'autres constats. «Il n'avait pas pris ses médicaments pour les nerfs. Il était dans un état d'excitation tel qu'il ne contrôlait plus rien. Ce geste, il fallait qu'il arrive. C'était le seul possible, à ses yeux, pour se libérer de la tyrannie paternelle», résume son défenseur, Me Serpolet. Et l'avocate de dresser un portrait peu flatteur de la victime qui «n'a pas joué le rôle protecteur qu'on attend d'un père» et d'y trouver matière à «circonstances atténuantes». «Circonstances aggravantes» lui fait écho le représentant du ministère public. «Peu importent les choses qu'on a fait subir à l'accusé. Il n'est pas acceptable de régler ses problèmes familiaux par la violence». Pour M. Pouder, il ne saurait, par ailleurs, être question de pulsions. «Il sait prendre les bonnes décisions pour juguler ses pulsions. Il a tenté de stopper le processus en passant au commissariat, en anticipant sa prise d'injection bimensuelle, quelques heures avant l'agression. Il est donc responsable de ses actes».
Pas d'intention de tuer
Accusation et défense s'accordent toutefois sur le fait que l'accusé «n'avait pas l'intention de tuer». La psychologue appelée à la barre hier matin ne dira pas le contraire. «Il cherchait une identification avec son père. L'arme, c'était le pont entre-eux, le seul objet lui appartenant dont le père prenait soin en l'affûtant. Le fils n'avait pas les moyens intellectuels de passer à un meurtre symbolique». À l'issue des plaidoiries, Stéphane Thépaut a tenu à lire un poème écrit avec l'aide de l'aumônier de la prison, un court texte inspiré de Saint-François d'Assises, le bien-nommé, où il est question de pardon. Et ce sont les yeux embués de larmes que les jurés se sont retirés pour délibérer. Ils ont réduit d'une année les demandes formulées par l'accusation.
Alain Coquil
18 décembre 2010
Assises. Six ans de prison pour «une vie dans le noir»18 décembre 2010
De suspense, il n'y en a pas eu. Au bout d'une heure et demie de délibéré, la cour d'assises a condamné, hier, le Brestois Stéphane Thépaut, 35 ans, à six ans de prison pour avoir rendu aveugle son propre père. «Quelle est la part de responsabilité de Stéphane Thépaut dans l'affaire ? Avait-il conscience de ce qu'il faisait?». Pour l'avocat général, M. Pouder, cette question est l'articulation principale du dossier. La veille, un psychiatre avait estimé que le jeune Brestois souffrant de schizophrénie connaissait «une altération de son discernement» lorsque, ce 27août 2008, il s'était rendu au domicile de son père, dans le quartier de Recouvrance, à Brest, et lui avait porté dix coups de couteau au visage et sur le torse, l'un d'eux plongeant la victime, déjà handicapée d'un œil, «dans le noir total».
Une cocotte-minute
«L'accusé, ce jour-là, c'était une cocotte-minute prête à exploser», observe Me Larvor, partie civile. Les autres intervenants de ce procès n'ont pas d'autres constats. «Il n'avait pas pris ses médicaments pour les nerfs. Il était dans un état d'excitation tel qu'il ne contrôlait plus rien. Ce geste, il fallait qu'il arrive. C'était le seul possible, à ses yeux, pour se libérer de la tyrannie paternelle», résume son défenseur, Me Serpolet. Et l'avocate de dresser un portrait peu flatteur de la victime qui «n'a pas joué le rôle protecteur qu'on attend d'un père» et d'y trouver matière à «circonstances atténuantes». «Circonstances aggravantes» lui fait écho le représentant du ministère public. «Peu importent les choses qu'on a fait subir à l'accusé. Il n'est pas acceptable de régler ses problèmes familiaux par la violence». Pour M. Pouder, il ne saurait, par ailleurs, être question de pulsions. «Il sait prendre les bonnes décisions pour juguler ses pulsions. Il a tenté de stopper le processus en passant au commissariat, en anticipant sa prise d'injection bimensuelle, quelques heures avant l'agression. Il est donc responsable de ses actes».
Pas d'intention de tuer
Accusation et défense s'accordent toutefois sur le fait que l'accusé «n'avait pas l'intention de tuer». La psychologue appelée à la barre hier matin ne dira pas le contraire. «Il cherchait une identification avec son père. L'arme, c'était le pont entre-eux, le seul objet lui appartenant dont le père prenait soin en l'affûtant. Le fils n'avait pas les moyens intellectuels de passer à un meurtre symbolique». À l'issue des plaidoiries, Stéphane Thépaut a tenu à lire un poème écrit avec l'aide de l'aumônier de la prison, un court texte inspiré de Saint-François d'Assises, le bien-nommé, où il est question de pardon. Et ce sont les yeux embués de larmes que les jurés se sont retirés pour délibérer. Ils ont réduit d'une année les demandes formulées par l'accusation.
Alain Coquil
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