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dimanche 19 décembre 2010

Charles-Perrens nomade

Une équipe mobile psychiatrie précarité, dépendant de l'hôpital, vient de s'installer rue des Douves. Elle travaille en lien avec Emmaüs, le foyer Leydet, le Diaconat.

Par ISABELLE CASTÉRA
16 décembre 2010

Les gens dans l'entre-deux. Entre-deux frontières, deux toits, deux histoires. Au bord de la folie ou en plein dedans. L'équipe mobile psychiatrie précarité (EMPP) de l'hôpital Charles-Perrens travaille autour de la notion d'errance. Médecins psychiatres, psychologues, infirmiers ou secrétaire, ils tentent de développer une manière de soigner ces personnes en rupture sociale, enfermées dans l'isolement ou leur maladie psychiatrique. « On n'attrape personne au lasso », souligne Christophe Lagabrielle, médecin psychiatre du service. Façon de signifier que l'approche thérapeutique ne se revendique pas figée, institutionnelle. Nous voici là, dans l'aventure de la folie qui se soigne hors les murs. Donc, il faut s'adapter, inventer de nouveaux codes, respecter ce qui existe en excluant toute volonté de vouloir enfermer les gens dans des cases, ni même dans un avenir serein.

Écoute, conseil, formation

L'EMPP officie « sur le terrain ». « Nous travaillons auprès des équipes de travailleurs sociaux qui sont en lien direct avec ces populations, note Sylvain Macalli, psychologue. Ils nous demandent d'intervenir auprès de personnes chez qui ils perçoivent un problème psychiatrique. Pour 30 % d'entre eux, il s'agit de sans-abri débarqués de pays en guerre, des migrants qui présentent des tableaux psychiatriques sévères, suite à des traumatismes de guerre, des violences subies, répétées. Ils sont venus pour sauver leur peau… et se faire soigner. »

Rôle de conseil auprès des équipes sociales : Samu social, Centre d'accueil d'information et d'orientation des personnes en errance, Emmaüs, Foyer Leydet, Diaconat. Leur zone d'activité tourne autour de Bordeaux et de la CUB. « Les lieux d'hébergement d'urgence sont situés à Bordeaux, la plupart des sans domicile se planquent aussi à Bordeaux, donc nous travaillons beaucoup ici, mais nous intervenons aussi au cas par cas, lorsqu'on nous appelle dans toute l'agglomération. Nous arrivons en seconde ligne pour étayer les équipes, ajoute le docteur Lagabrielle. Nous ouvrons un espace de parole avec une dimension psychiatrique, médicale. Il nous arrive aussi d'assurer de la formation auprès des équipes. »

Une continuité identitaire

Le travail de l'équipe itinérante interroge le nomadisme sous toutes ses formes. Pas facile pour les thérapeutes de ne pas s'inscrire dans une relation suivie avec leurs patients. « On n'essaie pas de trouver des solutions pérennes pour eux, ce n'est pas forcément notre démarche. Mais ça peut l'être, selon les cas, précise Sylvain Macalli. On tente de refaire un lien entre les événements vécus et leur psychisme, de retrouver une continuité identitaire au milieu de ces ruptures violentes. Il s'agit d'accompagner l'errance en amenant du soin, tout en respectant cette vie entre-deux. Sans tenter à tout prix de les en sortir. Faire sens. »

Rue des Douves, l'EMPP accueille certains patients seuls, ou accompagnés d'un travailleur social. Pathologies ordinaires de psychiatrie hospitalières. « Pas seulement des alcooliques, comme on pourrait l'imaginer, ils ne sont pas plus nombreux dans la rue qu'ailleurs, stipule le docteur Lagabrielle. Nous traitons des addictions et tout le reste. »

L'EMPP sera officiellement inaugurée le 17 janvier, rue des Douves en présence des autorités, de l'équipe et Patrice Pouyeto, patron du Pôle santé mentale.

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