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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 23 octobre 2013

Les nouvelles technologies doivent-elles favoriser l’impulsion ou la conviction ?

Evgeny Morozov (@evgenymorozov) nous adresse une bonne question dans sa dernière chronique sur Slate.com : existe-t-il une application pour promouvoir le commerce équitable et si c’est le cas, quelle forme doit-elle prendre ?
La consommation éthique, l’idée que nous pouvons moduler certains des pires excès de la mondialisation en achetant et consommant différemment, a connu sa part de controverses, rappelle le chercheur. Mais quand bien même certaines des critiques du commerce équitable seraient recevables, cela ne signifie pas que nous devrions exclure les questions politiques et éthiques de nos décisions de consommation. Au contraire. Nous aurions tous à bénéficier d’agir comme des citoyens avant que d’agir comme des consommateurs.
Mais l’enjeu n’est pas tant de savoir si la consommation équitable vaut la peine en tant que telle que de comprendre comment la promouvoir au mieux. Les idées reçues suggèrent qu’une meilleure information sur les marchandises que les consommateurs sont en train d’acheter devrait les conduire à une consommation plus responsable. Une autre idée reçue suggère que quoiqu’on informe, le statut social joue un rôle prépondérant dans le choix (et la possibilité) de s’engager dans une consommation responsable, souvent un peu plus cher qu’une consommation traditionnelle.



mardi 22 octobre 2013

Paul-Guiraud, l'hôpital psychiatrique de Villejuif qui ne tourne plus rond

LE MONDE Par 

L'établissement de Villejuif (Val-de-Marne) est miné par un conflit entre médecins, syndicats et direction.
L'établissement de Villejuif (Val-de-Marne) est miné par un conflit entre médecins, syndicats et direction. | Colcanopa

Mais que se passe-t-il à Paul-Guiraud ? L'hôpital psychiatrique de Villejuif (Val-de-Marne), l'un des plus gros d'Ile-de-France, est depuis longtemps réputé ingérable. Mais ces derniers temps, miné par un conflit entre médecins, syndicats et direction, il donne l'impression de ne plus du tout tourner rond. Comme si les troubles psychotiques qu'il soigne avaient déteint sur l'institution.
Courrier d'alerte du syndicat SUD à la ministre de la santé sur de supposés faits de maltraitance à l'encontre des patients, avec copie au contrôleur général des lieux de privation de liberté ; demande d'intervention des médecins auprès du cabinet de la ministre et de l'Agence régionale de santé (ARS) contre la direction ; lettres des syndicats de cadres au ministère pour dénoncer les pressions exercées par les médecins sur des membres de la direction... Plus personne ne peut ignorer l'ambiance délétère ni la violence des relations.

Peut-on (encore) sauver la psychiatrie ?

REZO CITOYEN site d'information alternatif

Pour aborder cette interrogation et les nombreuses questions subsidiaires qu’elle recouvre, un groupe de soignants du domaine de la psychiatrie, en partenariat avec l’association GARD-HP (Groupe d’Action et de Résistance pour la Défense de l’Hôpital Public), organise une semaine d’information, d’échanges et de débats autour de la psychiatrie

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D'une nécessaire critique de l'Etat pour repenser la psychiatrie.

 |  PAR PASCAL B

Je propose une mise en perspective de la rupture qui s'est effectuée dans les institutions psychiatriques depuis la fin des années 90 et les années 2000. Je ferai référence à Michel Foucault et à Jacques Lacan, mais ce que je vais dire ensuite, propos plus politique, n'est pas pour autant dans le droit fil de ce que l'un ou l'autre a dit.
 Au sortir de la guerre, pendant laquelle de nombreux malades internés était morts de sous-alimentation, l'asile comme lieu d'enfermement devenait insupportable à ceux qui avaient connu les camps de concentration. Un courant anti-asilaire se développa, prit le nom de psychothérapie institutionnelle. Ce courant se voulait psychothérapique et pour cela se référait à Freud ; pour penser l'institution psychiatrique il se référait plus ou moins aussi à Marx. Il décrivait une double aliénation du fou : une aliénation mentale, et aussi une aliénation sociale du fait de la marginalisation sociale du fou organisée par la société. Ce courant a permis une réflexion sur la folie, sur la folie et sa place dans la société, il a mis en place des réunions institutionnelles et diverses initiatives permettant une ouverture sur l'extérieur de l'hôpital psychiatrique. Cette action et aussi l'invention de médicaments psychiatriques efficaces, à la fin des années 50 et au début des années 60, a permis un changement important des institutions psychiatriques. Et un débat sur la psychiatrie eut lieu, souvent en référence à Foucault et à Lacan.

1971/2008, infirmière psychiatrique à l'hôpital.

 |  PAR PASCAL B

 Ce texte a été écrit par Marie-Christine Texier à l'occasion de la série de débats organisée à Niort, les 16, 18, 19 octobre sur le thème "Peut-on encore sauver la psychiatrie". http://www.rezocitoyen.org/Peut-on-encore-sauver-la-psychiatrie.html
  Une profession qui a disparu.                                       
Suite à un décret de 1992 le programme des études en soins infirmiers incorpore désormais les connaissances en psychiatrie. Ainsi les infirmiers diplômés en soins généraux peuvent aujourd'hui travailler dans le champ de la santé mentale. Les écoles de formation des infirmiers en psychiatrie seront alors fermées et les 4000 heures de cet enseignement spécifique vont se réduire à 720 heures dans cette nouvelle formation.
Un rapport de juillet 2001 montrera une transition parfois compliquée entre les infirmiers de secteur psychiatrique en voie de disparition et les infirmiers diplômés d'Etat . Ce n'est que 9 ans plus tard, avec le plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008 que la notion de tutorat voit le jour. Il s'avère en effet nécessaire de gérer la crise de compétences entre ces 2 formations infirmières. Un tutorat que nous appelions encore de nos voeux en 2008 au moment de mon départ en retraite!

En plus, à côté de cette réduction d'heures, s'opérait un virage sur les outils théoriques. Rencontrer, accompagner le patient n'étaient pas qu'une question de "feeling". La rencontre pour accompagner le patient se soutenait d'un savoir. Cette sensation quotidienne de tour de Babel entre infirmiers de formation différente, au sein d'une même équipe, s'incarnait dans les différentes réunions de synthèse, pour les uns, cliniques pour les autres, au cours desquelles nos jeunes collègues envisageaient un nombre incalculable de patients manipulateurs. Quoi de plus normal lorsqu'on ne peut pas penser ce que nous donne à voir un malade ! Et Dieu sait combien il est compliqué de travailler sereinement lorsqu'on se sent face à un sujet "manipulateur" ! Dans ces mêmes temps d'échange nous découvrions des malades qui ne s'observaient, ne se racontaient que sous le filtre chimique du médicament.
“Comment va ce patient?"
"Trop tôt pour le dire, son traitement date de 2 jours seulement”.

Les directeurs pourraient être obligés de motiver par écrit les soins sur demande d'un tiers



Un recours a été déposé devant le Conseil d'État contre plusieurs décrets d'application de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. Suite aux conclusions du rapporteur public en audience, les directeurs d'établissement pourraient être obligés de motiver par écrit les mesures de soins sur demande d'un tiers.

Suite à un recours de l'association "Cercle de réflexion et de proposition d'actions sur la psychiatrie" (CRPA)* devant le Conseil d'État contre plusieurs décrets d'application de la loi du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, une audience s'est tenue le 21 octobre, durant laquelle ont été lues les conclusions du rapporteur public. Le matin précédant l'audience, le CRPA a été informé que l’examen de sa requête en annulation contre le deuxième décret (décret n°2011-847) pris le 18 juillet 2011 a été disjoint de l’examen du premier décret (décret n°2011-846) pris à la même date et portant sur l’organisation de la procédure judiciaire de contrôle des hospitalisations sous contrainte. "Cet examen étant renvoyé à une date ultérieure, vu les nouveaux arguments que nous avons produits très récemment sur les UMD [Unités pour malades difficiles]", explique le président du CRPA, André Bitton, dans un communiqué.

Un psy recense une nouvelle maladie : le surdiagnostic



Se méfier des traîtres, mais les écouter aussi, car il peut y avoir des accents de vérité dans leurs propos. C’est évidemment bien sévère de qualifier de traître le professeur Allen Frances, psychiatre de renom, bien connu pour avoir façonné la psychiatrie américaine en étant le grand ordonnateur de ce que l’on appelle le DSM4, c’est-à-dire le livre de diagnostics des maladies mentales (1). Le chiffre 4 voulant dire que c’est la quatrième édition de cette œuvre, réalisée en 1994.
Mais voilà que ce psychiatre élégant, au sommet de sa carrière, se met à cracher dans la soupe. Lui qui avait commencé à mettre dans des cases «diagnostic» toutes les bizarreries du comportement humain met en cause ces successeurs qui se sont attelés à rédiger le DSM5, paru au printemps(lire Libération du 8 mai), en poussant encore plus loin le bouchon d’une psychiatrisation à outrance de la vie.

Le poids du diagnostic psychiatrique

Le diagnostic peut peser mais aussi soulager. C’est un outil à fonctions multiples : communicationnelle, légale, financière. Les enjeux économiques qui l’accompagnent enveniment le débat.
Un diagnostic psychiatrique, ça pèse lourd. Mais pas seulement pour la personne qui le porte. Les enjeux humains, financiers ou légaux expliquent l’ampleur de la bataille qui se joue autour de la révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
Définir un diagnostic est un exercice délicat dans n’importe quelle branche de la médecine. Il faut mettre la réalité dans des boîtes bien séparées et la réalité n’aime pas se prêter à ce genre d’acrobaties. En médecine somatique, au moins, on peut se mettre d’accord sur des paramètres mesurables, comme la tension ou le taux de sucre dans le sang. «Les limites sont établies par votre corps, relève Wulf Rössler, professeur émérite à l’Université de Zurich. En psychiatrie, il n’y a rien à mesurer. Nous nous basons sur ce que les gens nous rapportent. Les diagnostics psychiatriques sont des définitions établies par des experts qui peuvent changer parce que les frontières sont arbitraires.» Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, se pose la question de savoir si catégoriser les troubles psychiques comme on le fait pour les troubles somatiques a un sens.


« Un mur entre nous »

Publié le 08/10/2013
Par thomas brosset

Le diagnostic définitif vient de tomber : schizophrénie avec volet paraphrène. Comprenez : déconnexion de la réalité avec délires et fabulations.
« Les premiers symptômes sont apparus il y a trois ans environ. Dans son langage. Il commençait à faire de grands discours un peu trop passionnés sur l’humanité à la dérive, le capitalisme à bout de souffle. Et puis, il y a eu cette phrase qu’il a sortie, un jour, qui m’a fait peur : “Les temps messianiques sont venus.” J’ai d’abord craint qu’il n’ait été sous l’emprise d’un gourou ou d’une secte. Mais pas du tout. C’est seul qu’il s’est mis ces idées en tête. »


Linda* raconte sa schizophrénie : "Comme une personne invisible à côté de moi"

YONNE > MONÉTEAU 14/10/13 

Sous l'oeil attentif, et rassurant, Renaud Boitel, éducateur spécialisé et responsable du CR2psy (Centre de réadaptation et de réhabilitation psychosociale), Linda raconte dix ans de vie marqués par schizophrénie. Aujourd'hui plus stable, elle évoque la maladie, les symptômes, les traitements, avec un certain recul. - SALESSE Florian
Sous l'oeil attentif, et rassurant, Renaud Boitel, éducateur spécialisé et responsable du CR2psy (Centre de réadaptation et de réhabilitation psychosociale), Linda raconte dix ans de vie marqués par schizophrénie. Aujourd'hui plus stable, elle évoque la maladie, les symptômes, les traitements, avec un certain recul. - SALESSE Florian
Linda (*), aujourd’hui âgée de 28 ans, souffre de schizophrénie depuis dix ans. Un mal qui ronge. Témoignage.
Schizophrène. Mais à cent mille lieux du mythe. Linda (*) ne se dédouble pas. Et, comme bon nombre de malades, n’apprécie pas vraiment ce genre de clichés. À 28 ans, la jeune femme a connu les psychiatres libéraux, les hospitalisations à répétition.
Ses yeux noisette plutôt souriants, elle parle désormais avec une certaine sérénité de cette maladie qui lui abîme la vie depuis dix ans.
Première décompression : elle avait 18 ans. Tout juste majeur et déjà la promesse d’un traitement à vie. Linda fumait. Au départ de temps en temps. Et puis jusqu’à dix joints quotidiens. « L’effet me plaisait. » Au début tout du moins.
« La consommation de produits toxiques est l’un des révélateurs de la maladie », explique Renaud Boitel, éducateur spécialisé est responsable du Centre de réadaptation et de réhabilitation psychosociale des Boisseaux (CR2psy), où Linda séjourne actuellement. Elle confirme. Se souvient des premiers bad trip. « J’ai commencé à percevoir des choses différentes. » Délires de persécution, crises de paranoïa. Et puis, les voix.


Embrace, pour mieux comprendre les maladies mentales

Carla Henoud | 21/10/2013






Ara Azad (à gauche) et Ziad Nahas.
Ara Azad (à gauche) et Ziad Nahas.
ASSOCIATION À l’occasion du lancement de l’association Embrace, affiliée à l’AUBMC, une campagne média, un gala et une importante exposition auront lieu jusqu’à la fin du mois d’octobre. Sous le slogan « Fikko el-3e2de », intraduisible en français, Embrace s’est fixé pour objectif de dépasser les tabous, sensibiliser, et plus encore, installer une véritable prise de conscience concernant les maladies mentales, encore sous-estimées, tues ou mal comprises au Liban.

Il est 18h30 à Zaitunay Bay. L’heure incertaine où, en ce mois d’octobre, entre automne et hiver, le soleil commence à se retirer plus tôt, faisant souffler un petit vent agréable sur ce bord de mer chargé de promeneurs. Dans un magnifique espace brut, inattendu parmi tous ces cafés, deux hommes, les mains et les vêtements recouverts de taches de peinture, s’affairent à mettre le lieu en état de recevoir l’exposition «Embrace», éponyme de l’association qui vient de voir le jour. Le premier, peintre au grand cœur et talent, Ara Azad, en est le curateur. Le second, Ziad Nahas, l’un des fondateurs de l’association, n’est autre que... le chef du service de psychiatrie à l’Université américaine de Beyrouth.

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Alençon Psychiatrie. Menace sur le service d’accueil de jour pour adolescents à Alençon

Alençon 22 octobre 2013

Autisme aux Etats-Unis : un sur quatre-vingt-huit

LE MONDE | Par 
Parmi ces chiffres, qui montrent l'importance de l'environnement pour la santé publique, certains sont si incroyables qu'ils soulèvent immédiatement le scepticisme. On croit à une erreur. A une virgule en moins ou un zéro en trop. Exemple : le toxicologue, président du Réseau environnement santé (RES), écrit qu'aux Etats-Unis les troubles du spectre autistique (autisme, syndrome de Rett ou d'Asperger, etc.) touchent "un enfant sur quatre-vingt-huit". Allons donc... Un sur quatre-vingt-huit ? Une prévalence si élevée semble impossible. Alors, on vérifie. Et ce que l'on découvre est plus perturbant encore.

Médecins du monde veut plus qu'un plan de lutte contre la pauvreté pour réduire les inégalités



Au travers de son Observatoire 2013de l'accès aux soins des plus démunis, l'association Médecins du monde ne peut que constater impuissante l'accentuation des inégalités sociales de santé chez les plus démunis depuis quelques années. D'un centre installé à l'origine en 1986 à Paris pour faire office d'alerte sur la situation des exclus de la Sécurité sociale, l'association est désormais gestionnaire de vingt Centres d'accueil, de soins et d'orientation (Caso), à l'activité croissante. En 2012, 63 212 consultations y ont été effectuées, dont 41 033 médicales, 3 855 dentaires et 17 070 sociales concernant 30 560 personnes. Soit une augmentation constante de la file active et globale de 3,7% depuis 2011 et de près de 24% depuis 2008. Avec pour motif principal de recours : le besoin de soins à 80,7%.

Grossesse et cancer, la difficile équation

21 OCTOBRE 2013
Mélange impossible : un cancer et une grossesse. Rachel Ferrere, jeune psychologue, vient de terminer un travail inédit sur ce thème qu’elle publie dans la revue Psycho-Oncologie (1). Comment supporter ? Peut-on imaginer sujet plus lourd, plus douloureux ? Et pourtant, quand on discute avec la chercheuse, on est frappé par ses propos et la vitalité des patientes qu’elle évoque : «Nous avons été admiratifs, ces femmes arrivent à mettre en place des stratégies d’ajustements, elles arrivent à trouver un point d’équilibre entre elle et leur bébé ou futur bébé, même si ce n’est pas toujours parfait.» Et Rachel Ferrere ajoute : «Il y a deux processus en jeu, tous les deux terriblement mangeurs d’énergie : se soigner et s’occuper de l’enfant. Elles ne peuvent pas les mener toujours ensemble, au même moment, mais cela s’équilibre.»

Etre enceinte et découvrir que l’on a un cancer, c’est évidemment une situation rare. «On estime qu’une femme sur 1 000 a appris durant sa grossesse qu’elle était atteinte d’une maladie cancéreuse, précise ainsi la chercheuse.Et, chaque année en France, 350 à 750 présentent un cancer du sein pendant leur grossesse.»

Drogues : changer la loi, c’est maintenant !

PAR MARIE DEBRUS PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION FRANÇAISE DE RÉDUCTION DES RISQUES (AFR), OLIVIER MAGUET VICE-PRÉSIDENT DE L’AFR, ADMINISTRATEUR DE MÉDECINS DU MONDE, BRUNO SPIRE PRÉSIDENT D’AIDES, FABRICE OLIVET DIRECTEUR D’ASUD (AUTOSUPPORT DES USAGERS DE DROGUE), ETJEAN-PIERRE LHOMME PRÉSIDENT DE GAÏA-PARIS, ASSOCIATION QUI PORTE LE PROJET D’UNE SALLE DE CONSOMMATION
En matière de politique des drogues, le monde bouge. Ce mouvement, amorcé avec la Déclaration de Vienne en juillet 2010 appelant à des politiques de drogues fondées sur la santé publique, s’est considérablement amplifié ces dernières années. Créée en 2011, la Commission mondiale pour la politique des drogues a enfoncé le clou en démontrant l’impact négatif des politiques répressives. Cette commission est composée de personnalités de haut niveau : anciens chefs d’Etat (comme le Brésilien Fernando Cardoso), hauts responsables des Nations unies (comme Kofi Annan) mais aussi personnalités de la société civile (comme l’écrivain Mario Vargas Llosa). Autant dire des personnes qui ont a priori la tête sur les épaules et le sens des responsabilités lorsqu’ils demandent un changement de politique des drogues. Au-delà du diagnostic précis de l’échec de la répression des usages dits illicites de drogues au niveau international, des Etats en ont tiré les conséquences et ont attaqué, en tout ou en partie, leur édifice légal au niveau national (Portugal, Uruguay, République tchèque, et mêmes deux Etats des Etats-Unis). La liste ne cesse de s’allonger. Bref, le monde bouge, dans le sens d’une autre politique, au point qu’une session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies sera consacrée à ce sujet en juin 2016.
Le monde… sauf la France, où le débat sur la politique des drogues reste bloqué.

La philosophie en état de mort cérébrale ?

PAR ALEXIS PIERÇON-GNEZDA ETUDIANT EN PHILOSOPHIE.


L’histoire intellectuelle de notre temps pourrait commencer ainsi : en ce début de XXIe siècle, les philosophes français se sont interdits de penser. Si le débat en France porte actuellement sur l’enseignement de la philosophie ou non avant la classe de terminale, il dissimule une question, non moins capitale et bien plus grave : la philosophie est-elle en train de signer son arrêt de mort ?
Dans son ouvrage Logique de la création, le sociologue Geoffroy de Lagasnerie démontre magistralement le grand renfermement des universitaires sur eux-mêmes au sein de l’Université, ne reconnaissant comme interlocuteurs potentiels et légitimes que leurs pairs, amenés dès lors à privilégier la forme-article à la forme-livre. En philosophie, ils se constitueraient dès lors comme «un empire dans un empire» pour reprendre la célèbre formule de Spinoza. Je ne peux que faire miens de tels constats.

Les Moso, société sans père et sans mariage

PAR AURÉLIEN BERTINI ET MAGALI JEANNINGROS


WEBDOC
«L’effet de la Pluie sur l’herbe» est un webdocumentaire sonore et photographique sur la société des Moso, créé à partir d’un carnet de voyage réalisé en Chine en avril 2011.
Les Moso sont un peuple du sud-ouest de la Chine, vivant sur un territoire situé aux confins du Sichuan, du Yunnan et de la frontière tibétaine, sur les contreforts de l’Himalaya, à 2 700 mètres d’altitude.
Depuis deux millénaires, ils vivent selon une organisation matriarcale où les notions de mariage et de paternité sont quasi inconnues. Dans cette société sans mariage et donc sans infidélité, la sexualité est libre, sans rapports de domination entre hommes et femmes.
Le titre — «L’effet de la pluie sur l’herbe» — vient d’un passage à la fin du  documentaire : en matière de sexualité, «l’homme est comme l’effet de la pluie sur l’herbe, peu importe qui arrose, ce qui compte c’est que la femme soit arrosée».

lundi 21 octobre 2013

L’ado Dora grimpe aux rideaux

ANTONIN IOMMI-AMUNATEGUI 


Ida se fait appeler Dora. Dora la Dingue ? Mi-Dora l’exploratrice du dessin animé, mi-Dora l’hystérique analysée jadis par Freud ; juste une fille en «Doc Martens rouge pompier», égarée dans ses 17 ans : «On se fait des piercings sur le visage, on se fait tatouer… n’importe quoi pour sentir quelque chose d’autre que la torpeur dedans. On invente des vêtements que les autres prennent pour des loques. On se défonce. On touche à la sexualité. On s’enfonce dans les oreilles une musique si forte qu’elle en est inaudible. […] On envoie des textos à s’en fouler les pouces, on tourne des films à l’arrache. On vit par le son et la lumière - par la technologie. Avec, à portée de main, l’arsenal de dope de nos zombies de parents.»

La pollution coûte entre 700 millions et 1,7 milliards d’euros par an au système de santé

Particules fines, dioxyde de soufre, oxydes d'azote, benzène, plomb... La pollution de l'air coûte de 0,7 à 1, 7 milliard d'euros par an au système de soins en France, selon le Commissariat général au développement durable (CGDD). "Ces résultats tendent à prouver que les montants en jeu ne sont pas négligeables" et "peuvent venir appuyer utilement les démarches (...) de protection et d'amélioration de la qualité de l'air", écrit le CGDD.

Les peintures rupestres majoritairement réalisées par des femmes ?

Par Nicolas Revoy | mardi 15 octobre 2013

main négative
Ci-dessus, des mains négatives sur les parois de la grotte El Castillo, en Espagne. Crédits : Pedro Saura
Les femmes ont-elles réalisé la plupart des peintures rupestres que nous connaissons ? C'est en tout cas ce qu'affirme une étude publiée ce mois-ci dans la revue American Antiquity.
Les auteurs de la plupart des peintures rupestres seraient des femmes, selon le préhistorien américain Dean Snow (Université de l'État de Pennsylvanie, États-Unis). Pour affirmer ceci, le scientifique américain s'appuie sur de minutieuses analyses effectuées dans huit grottes espagnoles et françaises, au cours desquelles il a répertorié et comparé la forme des « mains négatives » qui en ornent les parois (les mains négatives été réalisées selon le principe du pochoir : une main était appliquée sur la paroi de la grotte, puis un colorant lui était soufflé dessus). Des analyses qui, selon le scientifique américain, indiquent que 75% d’entre elles ont été réalisées par des femmes.
Ce résultat sera publié dans l'édition d'octobre 2013 de la revue American Antiquity. D'ores et déjà, un compte rendu en a été effectué en avant-première par la revue National Geographic, qui était partenaire des travaux menés par Dean Snow (lire l’article en anglais « Were the First Artists Mostly Women? ») .
Pour parvenir à ce résultat, Dean Snow a analysé 32 mains négatives présentes sur les parois de grottes préhistoriques espagnoles et françaises. Parmi ces mains négatives, 16 étaient situées dans la grotte espagnole de El Castillo, 6 dans les grottes de Gargas (Hautes-Pyrénées, France) et 5 dans la grotte de Pech Merle (Lot, France).

ANOREXIE: La psychothérapie peut en venir à bout

The Lancet



C’est la plus large étude, allemande, à démontrer l’efficacité de la psychothérapie dans le traitement de l’anorexie. 2 nouvelles méthodes en particulier ont permis d’obtenir un gain de poids durable chez des femmes atteintes d’anorexie. Les conclusions, publiées dans le Lancet, confirment l’option psychothérapie, en première intention.

Il faut préciser que la psychothérapie est en effet le traitement de première intention de l'anorexie mentale en Allemagne et prise en charge dans ce cas par l'assurance maladie. Pourtant, à ce jour, il existe peu de données sur l'efficacité comparée des différentes méthodes de traitement, en dépit de la gravité et de la prévalence croissante de ce trouble du comportement alimentaire. L’anorexie touche environ 1% de la population, majoritairement des jeunes filles et des jeunes femmes. Son diagnostic clinique comprend un poids corporel < 85% du poids normal ou un IMC<17 kg="" m="" o:p="">
Les auteurs rappellent aussi, que dans 20% des cas, l’anorexie mène au décès, et que dans le cas contraire, l’anorexie laisse des séquelles psychologiques ou physiques à vie, comme la dépression ou l'anxiété.

Matthieu Ricard : "La méditation modifie certaines zones du cerveau"

LE MONDE CULTURE ET IDEES | Propos recueillis par 


Matthieu Ricard, le 10 septembre.
FRÉDÉRIC STUCIN/PASCO POUR "LE MONDE"
Matthieu Ricard, le 10 septembre. FRÉDÉRIC STUCIN/PASCO POUR "LE MONDE" | FRÉDÉRIC STUCIN/PASCO POUR "LE MONDE"

Matthieu Ricard vit dans l'Himalaya depuis plus de quarante ans, au monastère Shechen, au Népal. Après avoir soutenu une thèse en génétique cellulaire à l'Institut Pasteur, sous la direction de François Jacob, il rejoint tout d'abord Darjeeling, en Inde, pour étudier auprès de Kangyur Rinpoche (1898-1975), grand maître du bouddhisme tibétain. Proche depuis 1989 du dalaï-lama, dont il est l'interprète français, il participe aux recherches de l'institut Mind & Life, organisation placée sous l'égide de ce chef spirituel et favorisant les échanges entre la science et le bouddhisme. A la veille du premier symposium européen de l'organisation, du 10 au 13 octobre, à Berlin, il en défend la thématique : la nécessité pour l'individu de se transformer par l'altruisme afin de transformer la société.
Votre "Plaidoyer pour l'altruisme. La force de la bienveillance" sort en librairie. Cette question est au coeur des recherches de l'institut Mind & Life, pourquoi ?
Le défi principal du monde moderne est de réconcilier trois échelles de temps : le court terme de l'économie, le moyen terme de la qualité de vie et le long terme de l'environnement.

PSYCHIATRIE PUNITIVE: LES FANTÔMES DE L'ÈRE SOVIÉTIQUE

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Les troubles dont souffre Mikhail Kossenko ne justifient pas un traitement forcé. | © DR
La décision, prononcée mardi 8 octobre par un tribunal de Moscou, d’envoyer Mikhaïl Kossenko dans une institution psychiatrique afin qu’il y reçoive un traitement forcé est un retour honteux aux pratiques de l’ère soviétique visant à réprimer la contestation, a déclaré Amnesty International.
«Incarcérer Mikhaïl Kossenko de force dans une unité psychiatrique rappelle les pires excès de l’ère soviétique, durant laquelle des dissidents traités comme des patients souffrant de troubles mentaux ont langui dans des institutions psychiatriques, uniquement pour avoir osé exprimer leurs opinions», a souligné John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
«Mikhaïl Kossenko se trouve derrière les barreaux pour avoir exercé de manière pourtant pacifique son droit de manifester, et Amnesty International le considère à ce titre comme un prisonnier d’opinion. Il doit être libéré sans délai.»

La santé en France : vers la régression?

CÉLINE AGOSTINI ET ELODIE COUSIN, ÉTUDIANTES EN JOURNALISME AU CELSA
La France est-elle encore un pays où il fait bon vivre… et se soigner ? Pas si sûr, selon les invités du débat «Un médecin accessible pour tous ?», organisé par Libération le 19 octobre à Paris. «Aujourd’hui, 30% de Français précaires retardent leurs soins», constate Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du Monde. Il est formel : le retard de recours aux soins est le symptôme le plus voyant de la crise actuelle de l’accès aux soins. «Il faut être vigilant» insiste ce médecin diplômé en sciences politiques.