Ecrit le 26 décembre 2023
En placement à l’extérieur, la personne condamnée est tenue de veiller elle-même au respect de ses obligations et de se concentrer sur la préparation de sa vie future. Plongée dans une zone grise qui peut avoir des airs de liberté mais qui n’en est pas une.
« Comparé à la détention, on est libre, mais seulement à moitié », tente de résumer Romain[1], placé à l’extérieur pendant six mois aux Foyers Matter, à Lyon. Comment rendre compte de cette peine ambiguë, dépourvue de barreaux mais qui impose de respecter de soi-même un certain nombre d’obligations ? Les réponses sont aussi nombreuses que les individus. « Je suis dehors, ça n’a pas de prix », balaie Cédric, suivi depuis trois mois par le Casp-Arapej à Aulnay-sous-Bois. Marion, résidente de la ferme Emmaüs de Baudonne (voir p. 30), tranche quant à elle : « Si je ne peux pas me permettre d’aller boire un verre avec une copine à Bayonne et d’y rester jusqu’à trois heures du matin, je suis toujours en prison. »
Les contraintes du placement à l’extérieur sont en partie énoncées par le juge : interdiction de paraître sur un certain territoire, de voir certaines personnes, obligation de soins… Les autres résultent du cadre de la structure d’accueil. La plupart du temps, la mesure est construite autour de contraintes horaires et du suivi d’un planning d’activités ou de démarches à entreprendre : rendez-vous avec l’éducateur ou le conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (Cpip), travail, recherche d’emploi, de formation ou de logement, suivi psychologique… Mais l’étendue de ces contraintes varie considérablement d’une structure et d’un individu à l’autre. Certaines personnes ne peuvent sortir que sur une plage horaire et un périmètre géographique restreints, quand d’autres ont seulement l’obligation d’être présentes au logement à partir d’une certaine heure le soir. Selon les cas, cette présence peut être vérifiée par des visites ou des appels téléphoniques, à heure fixe ou de façon aléatoire… Il est d’ailleurs fréquent que le cadre évolue, en fonction du comportement ou du temps passé.