Publié le 26/12/2023
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a réalisé une nouvelle étude sur l’espérance de vie sans incapacité (ou espérance de vie en bonne santé) des Français en 2022. Si la tendance est plutôt favorable depuis 2008, elle est à la baisse par rapport à 2021.
L’espérance de vie à la naissance s’allonge régulièrement, mais ces années vécues en plus ne le sont pas forcément en bonne santé. C’est pourquoi la Drees établit aussi l’indicateur d’espérance de vie sans incapacité (EVSI), qui correspond « au nombre d’années qu’une personne peut espérer vivre sans être limitée dans les activités de la vie quotidienne », définit l’institut de recherche.
Entre 10 et 11 ans d’espérance de vie sans incapacité à 65 ans
En 2022, l’EVSI à 65 ans s’élève à 11,8 ans pour les femmes et 10,2 ans pour les hommes. Cela signifie qu’ils peuvent espérer vivre autant d’années sans être frappés par une incapacité limitant leurs activités du quotidien et sans problème de santé majeur.
Depuis 2008, l’indicateur est à la hausse. Il a progressé, depuis cette date, de 1 an et 9 mois pour les femmes et de 1 an et 6 mois pour les hommes. « Aussi, parmi les années restant à vivre à 65 ans, la part de celles qui seront vécues sans incapacité croît depuis 2008 : elle est passée de 44,7 % en 2008 à 51,0 % en 2022 pour les femmes, et de 47,7 % en 2008 à 53,0 % en 2022 pour les hommes », ajoute la Drees.
À la naissance, les femmes peuvent espérer vivre 65,3 ans sans incapacité et les hommes 63,8 ans en 2022. Les espérances de vie sans incapacité à la naissance augmentent aussi depuis 2008 : +9 mois pour les femmes et +1 an et 1 mois pour les hommes.
La France en bonne position dans l’Union européenne
En comparaison avec nos voisins européens, la France campe le haut du classement en ce qui concerne l'espérance de vie sans incapacité. En 2021, elle était au 4e rang de l’Union européenne à 27 pour l’EVSI des hommes à 65 ans (1 an et 10 mois au-dessus de la moyenne de l’UE). Elle était au 3e rang pour les femmes, avec un indicateur supérieur de 2 ans et 8 mois par rapport à la moyenne européenne.
Même son de cloche pour les espérances de vie sans incapacité à la naissance des hommes (+2 ans et 5 mois) et des femmes (+2 ans et 8 mois), au cinquième rang pour les hommes et au sixième rang pour les femmes.
L’espérance de vie et l’EVSI chahutés par la pandémie
En revanche, la Drees souligne que les deux indicateurs – EVSI à la naissance et EVSI à 65 ans — ont été « chahutés » par la pandémie de Covid-19. En 2020, les espérances de vie ont ainsi chuté et les EVSI ont stagné. En 2021 et 2022, les espérances de vie ont de nouveau crû, mais n’ont pas retrouvé leurs niveaux prépandémie.
Quant aux EVSI, elles connaissent des « évolutions très heurtées » : forte augmentation en 2021 et baisse en 2022, avec un retour à un niveau proche de celui de 2020. Néanmoins, la Drees explique que ces bouleversements récents doivent être regardés avec prudence.
L’EVSI est calculée à partir d’estimations et de témoignages, provenant de personnes interrogées et déclarant être limitée depuis au moins 6 mois dans les activités que les gens font habituellement, du fait d’un problème de santé.
Ces estimations sont obtenues à l’aide d’une enquête, habituellement réalisée par des entretiens en face à face. Mais, dans le contexte pandémique de 2020 et 2021, les entretiens ont été réalisés par téléphone. « Une partie des personnes déclarant des limitations dans leurs activités sont plus difficiles à joindre en téléphone qu’en face à face, ce qui a pu conduire à sous-estimer la prévalence des limitations dans la population », précise la Drees.
De plus, paradoxalement, « les personnes souffrant de problèmes de santé peuvent s’être senties moins limitées durant la pandémie du fait de leur état de santé que dans des circonstances plus habituelles, car toute la population était restreinte dans ses activités », ajoute l’organisme de recherche.
Cela pourrait donc expliquer que la forte hausse de l’EVSI en 2021 ait été causée, en partie, par les circonstances relatives à la pandémie. La baisse enregistrée en 2022 correspondrait à un retour à la norme, mais l’institut ne formule aucune certitude sur la question pour l’heure. « Il est aussi possible que les évolutions observées en 2022 soient le signe d’un changement de tendance pour cet indicateur, qui s’orienterait désormais à la baisse. Seules les données des années à venir permettront de départager ces deux hypothèses », concluent les chercheurs.
Raphaël Lichten
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