Par Maroussia Dubreuil Publié le 2 juillet 2022
ENQUÊTE Un quart des adultes français présentent une déficience auditive. Un pourcentage qui croît avec l’âge. Pourtant, s’appareiller est un cap que certains seniors ont du mal à franchir, comme un signe de vieillesse mal assumée.
De l’avis de ses proches, Felipe Kriegelstein, 80 ans, fait preuve de mauvaise foi. Cet ingénieur aéronautique à la retraite, sémillant président du conseil syndical de sa copropriété à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, refuse d’admettre qu’il perd l’audition comme feu « Mamie Kriegelstein ». Quand sa femme et ses filles lui suggèrent d’aller consulter un oto-rhino-laryngologiste (ORL), il esquive le problème : « J’entends parfaitement bien la télévision. Si vous parliez aussi distinctement qu’Evelyne Dhéliat ou Louis Bodin, je ne vous ferais pas répéter ! De toute façon, on a de la chance puisqu’on a tout en double… », déclare-t-il, provocateur, en posant ses mains sur ses deux oreilles. Après son petit déjeuner, il fourre systématiquement les publicités de prothèses auditives, qu’il considère comme une « grosse arnaque », dans ses courriers indésirables : « Même les marchands de lunettes s’y mettent ! Ils se font un beurre pas possible avec ces gadgets ! »