par Frédérique Roussel publié le 4 mars 2021
La psychanalyste remonte aux origines des mouvements d’émancipation féministes et des minorités pour montrer que leurs idéaux originels ont, selon elle, été détournés vers un repli identitaire et le rejet de l’autre.
Timing parfait. Même si le livre d’Elisabeth Roudinesco n’a pas besoin de l’actualité pour faire parler de lui, il tombe en pleine polémique sur la demande d’un bilan sur «l’islamo-gauchisme» dans la recherche, de la ministre Frédérique Vidal. Un néologisme que l’historienne de la psychanalyse, par ailleurs opposée à toute chasse aux sorcières dans l’université, pourfend. «A qui fera-t-on croire que l’emploi insultant de l’expression “islamo-gauchisme” –comme celui d’”islamophobie” – serait de nature à élever le débat ?»interroge-t-elle dans le chapitre intitulé «Le labyrinthe de l’intersectionnalité». Elle considère que ce type de vocabulaire encourage les postures les plus extrémistes. Plus généralement, l’usage croissant de jargons et de nouveaux concepts démultipliés en néologismes, la hérissent. Une fois décrétés, ils font selon elle office de catéchisme et finissent par descendre dans la rue.