Alors que la proportion de Français exprimant une opinion antivaccin est relativement faible, leur nombre a été pourtant considérablement exagéré, soulignent les spécialistes de la communication Anne Hommel et Sacha Mandel dans une tribune au « Monde ».
Tribune. L’affaire est entendue. Les Français, traditionnellement réfractaires au changement, seraient majoritairement opposés au vaccin contre le Covid-19. Les sondages le disent, les médias le répètent : « Au pays de Pasteur », comme il convient désormais de démarrer chaque commentaire, « la confiance s’est érodée ». Sur cette hypothèse, on a glosé depuis un mois. Plus surprenant, c’est par elle que le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a justifié la prudence de sa stratégie vaccinale.
Une curieuse lecture de l’opinion publique a fait de la majorité des Français une tribu rétive au nouveau vaccin. Cette vue est erronée. Elle conforte une illusion mais pis encore, elle l’encourage. Cette hypothèse est biaisée pour deux raisons : la première est qu’elle relève d’une lecture imparfaite des sondages livrés depuis un mois ; la seconde est que les sondages ne suffisent plus et que l’observation des expressions spontanées des Français doit nécessairement les compléter.