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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 17 décembre 2020

Insultes, violences, discriminations : une enquête sur l'inaction des témoins

Propos racistes, insultes handiphobes, agressions sexistes, homophobes ou transphobes, dans la rue ou sur les réseaux sociaux... Pour évaluer et comprendre les réactions des témoins, une série d’enquêtes sociologiques a été menée dans plusieurs villes de France. Explications avec deux de ses auteurs, Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn.

Agressions sexistes ou homophobes, injures racistes… Que font les témoins face aux violences physiques, sexuelles ou verbales ? Dans le paysage de la recherche, la question de l’épreuve des violences et des discriminations dans l’espace public ne s’était jusqu’à présent posée qu’en confrontant les « auteurs » et les « victimes »1. En dehors du harcèlement à l'école, la question des témoins n’était jamais mise en avant. Pourtant, rares sont les situations dans lesquelles ils sont absents. L’espace public incluant les espaces numériques, la figure du témoin s’y décline aujourd’hui de toutes sortes : de ceux qui filment des agressions jusqu'aux témoignages des mouvements #metoo ou #balancetonporc, en passant par les témoins de cyberviolences  qui vont de la joute verbale aux phénomènes de meute et de lynchage tels ceux issus de la ligue du LOL en 2010 ou du Youtubeur Marvel Fitness qui a été condamné à un an de prison ferme en septembre dernier pour harcèlement moral.

Rassemblement « #MeToo, dans la vraie vie » contre les violences faites aux femmes, place de la République, à Paris, le 29 octobre 2017. 


Joue, grandis, apprends : quand la cour de récré devient la salle de classe

LE 16/12/2020

À retrouver dans l'émission

LE COURS DE L'HISTOIRE

par Xavier Mauduit

Longtemps resté à l’écart des salles de classe, le jeu est devenu l’une des pierres angulaires de l’enseignement primaire. La naissance de l’école maternelle et l’émergence de pédagogies nouvelles symbolisent ce mouvement vers un apprentissage fondé sur la confiance et l’individualité de l’enfant.

Le jeu, une simple récréation ?
Le jeu, une simple récréation ? Crédits :  Getty

Marie Pape-Carpantier est une pédagogue, une de ces pionnières de l’éducation quand, en 1833, la loi Guizot impose à chaque commune d’entretenir une école primaire. Sa vie durant, elle se consacre aux enfants et à la manière de les instruire. Elle décède en 1878, l’année où paraît son dernier ouvrage, une Notice sur l’éducation des sens et quelques instruments pédagogiques. Elle y explique les « exercices ayant pour objet la culture des sens ne sont nullement un jeu futile, une sorte d’intermède aux leçons considérées seules comme sérieuses. Ces exercices sont eux-mêmes des leçons très sérieuses ». Quand il est question d’apprendre les mathématiques et de réfléchir au mètre carré, elle met en place un instrument pédagogique, comme elle dit, qui fait écho aux travaux industriels, ceux du bâtiment, des tapissiers, des colleurs de papier : « De cette manière, les élèves en posant les décimètres à terre pour composer le mètre superficiel, sont obligés de faire des additions variées, de calculer ce qui manque à une rangée pour atteindre le nombre 10, et par conséquent ce qu’ils doivent y ajouter pour le compléter. Tous ces exercices sont un jeu, mais ce jeu laisse dans l’esprit le meilleur fruit du travail : une connaissance réellement acquise ». Tous ces exercices sont un jeu… et tous ces jeux des exercices, pourrait-on ajouter. Décidément, Marie Pape-Carpantier est une pionnière. (Xavier Mauduit)

L’école maternelle, aujourd’hui, est un espace de jeu. Dans la cour de récréation, des marquages au sol délimitent des espaces pour jouer à la balle ou à la marelle ; des éléments permettent de grimper, se suspendre, de se balancer seul ou à plusieurs. Dans la salle de classe, à côté des crayons, feutres et cahiers, des jouets de construction et des poupées attendent que de petites mains les saisissent.

Cette présence du jouet et du jeu à l’école n’a pourtant rien d’une évidence : longtemps, le jeu était compris comme l’opposé du sérieux, et donc de l’éducation.

Alors que le travail a un but, l’enfant semble jouer pour le plaisir, sans objectif précis, mais il s’enrichit de cette simple activité.

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mercredi 16 décembre 2020

Mon métier d'infirmier - éloge de la psychiatrie de secteur

    Préface de Pierre Delion.

    Voilà un livre qui tombe à point nommé ! Juste à un moment politique complexe au cours duquel nous voyons successivement déconstruites les valeurs fondamentales qui avaient fait tout le sel de la fin du vingtième siècle, et notamment en matière de psychiatrie à visage humain. 










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Benjamin Coriat : «Nous sommes entrés dans une ère d’épidémies à répétition»

Par Vittorio De Filippis — 14 décembre 2020

Un élevage de poulets en Inde.

Un élevage de poulets en Inde. Photo Tim SMITH . PANOS . REA

Dans son dernier essai, l’économiste prône une bifurcation rapide du fonctionnement de notre société pour éviter la catastrophe écologique et sanitaire qui se dessine. Pour lui, le salut viendra de la défense et de la préservation de nos biens communs, qu’ils soient naturels ou sociaux.

Coronavirus et fêtes de Noël : "un afflux de personnes dépressives", selon le psychiatre Franck Nicolas

Par  France Bleu IsèreFrance Bleu Provence  Lundi 14 décembre 2020 

Nicolas Franck, psychiatre du Centre hospitalier Le Vinatier à Bron et auteur du livre "Covid-19 et détresse psychologique" évalue sur France Bleu les conséquences de la crise sanitaire sur le moral et la santé mentale des français. 

Franck Nicolas psychiatre à l'hôpital de la Vinatière à Bron
Franck Nicolas psychiatre à l'hôpital de la Vinatière à Bron - Odile Jacob

France Bleu : Dans votre livre "Covid-19 et détresse pyschologique" paru chez Odile Jacob, vous décrivez les conséquences de la crise sanitaire - et notamment du confinement - sur la santé mentale et notre santé tout court. Puisque l'anxiété et le stress ont des conséquences physiques également. Stress, anxiété, dépression, c'est la trilogie du confinement ?


Coronavirus : l'hôpital psychiatrique de Pau ne veut pas céder au catastrophisme

 





Par  France Bleu Béarn Bigorre  Lundi 14 décembre 2020

L'institution psychiatrique avait tout à craindre de la crise sanitaire. Elle a traversé sans trop de difficulté la première vague et le premier confinement. C'est donc sereine qu'elle attend la deuxième.

Le Dr Della, le responsable du pôle urgences, et Xavier Etcheverry le directeur du CHP
Le Dr Della, le responsable du pôle urgences, et Xavier Etcheverry le directeur du CHP © Radio France - Daniel Corsand

L'Hopital Psychiatrique de Pau fait face à la crise sanitaire. Avec ces 1100 agents et ses 348 lits. Bien sûr, son fonctionnement actuel depuis le reconfinement, est dégradé : les visites sont suspendues sauf dans les unités de géronto-psychiatrie. Mais les hospitalisations de jour continuent, avec des circuit pour que ces patients ne croisent pas ceux des unités fermées. On a développé aussi les télé-consultations. Aux urgences psychiatriques, un protocole a été mis en place, avec une filière Covid dédiée aux patients positifs ou symptomatiques. Pour le moment, toutes vagues confondues, personne n'est tombé malade dans l'hôpital. Xavier Etcheverry, le directeur du CHP tient les comptes. Lors de la première vague, il n'y a pas eu de patients positifs, et sur la deuxième vague on en est à trois. C'est le personnel qui inquiète plus le directeur. "On a 65 professionnels qui ont été atteint par la maladie depuis septembre. Sur la première vague on a eu que cinq professionnels"

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Mont-de-Marsan : à l’urgence psychiatrique, les soignants ne chôment pas depuis l’arrivée du Covid

Par Sébastien Hervier    

Au service d’urgence psychiatrique Cap 24, à Layné, il y a au minimum un infirmier 
et un psychiatre de garde sur place, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. © Crédit photo : Thibault Toulemonde

Le centre d’urgence psychiatrique Cap 24, à Mont-de-Marsan, a été très sollicité depuis le début de la crise sanitaire

"J’ai l’impression que mes patients vont plus mal, ils sont beaucoup plus anxieux et si ça ne nécessite pas toujours de consultation en urgence, je suis obligée de les voir plus souvent." Ce constat d’Agnès Dupart-Marque, chef du pôle psychiatrie adultes au centre hospitalier de Mont-de-Marsan, est partagé par nombre de ses collègues psychiatres. Un état des lieux qui s’explique par le manque de visibilité concernant l’avenir, mais aussi la longueur de la crise, qui a déjà entraîné de nombreuses décompensations chez les patients landais, notamment à la fin du premier confinement.

"On a constaté l’éclosion de bouffées délirantes ou de poussées psychotique aiguës chez des gens sans aucun antécédent, ajoute la psychiatre. J’ai vu beaucoup plus d’apparitions de troubles anxieux ou phobiques, et de décompensation de gens qui allaient bien depuis des années et qui n’étaient plus suivis."

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Covid-19 : “la psychiatrie française va être embolisée par les conséquences psychiques du Covid”

Publié le 14/12/2020 

Edgar Tissot est président de la commission santé mentale du Doubs. Ce pharmacien à l’hôpital psychiatrique de Novillars près de Besançon voit de nouveaux patients affluer. La troisième vague sera-t-elle psychiatrique ? Interview. 

Cette seconde vague de l’épidémie, est-elle déjà visible dans les services psychiatriques ?

“Les semaines passant, ce que nous craignions se produit. Depuis quelques semaines, la demande de soins psychiatriques augmente. A la fois sur les demandes de consultations, et d’hospitalisation, on observe une hausse de 10 à 15% de nouveaux patients par rapport à l’année dernière… Ce sont des signaux inquiétants, c’est une hausse notoire. Ce chiffre est d’autant plus inquiétant que la psychiatrie publique est saturée actuellement. Dans certains endroits, il faut 6 à 12 mois de délai d’attente pour accéder à une consultation avec un psychologue ou un psychiatre. Alors, bien entendu, nous répondons à l’urgence, mais on ne peut pas que travailler dans l’urgence, donc il va falloir renforcer la psychiatrie publique qui a subi un décrochement par rapport à d’autres spécialités médicales, et on est en train de le payer très cher." 

Il y a une altération de la santé globale de nos concitoyens, il va falloir qu’on soit en mesure d’apporter des réponses à cette double problématique, d’une part la hausse des troubles psychologiques en lien avec le Covid, et l’altération de la santé globale des Français. Des actions sont nécessaires sur les deux plans.

Edgar Tissot

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mardi 15 décembre 2020

Maha Dahawi, généticienne en lutte contre l’épilepsie et modèle pour les filles du Soudan

Si le Covid-19 a ralenti le bouclage de sa thèse à Paris, la scientifique de 35 ans ambitionne de faire profiter ses compatriotes du fruit de ses recherches dès 2021. 

Par Marine Jeannin  Publié le 10 décembre 2020        

La science n’aime pas les ruptures. Maha Dahawi non plus. La première femme soudanaise à faire ses recherches à la Pitié-Salpêtrière a pourtant dû se plier aux deux confinements de mars et de novembre. Et avec les restrictions d’accès aux laboratoires de l’hôpital parisien pendant les pics d’épidémie du nouveau coronavirus, son hidjab rose a moins souvent hanté les couloirs entre la zone de recherche en génétique et celle où l’on travaille sur le comportement. Elle a donc dû renoncer à boucler sa thèse en trois ans, véritable crève-cœur, et reculer d’un an son retour au Soudan et la mise à disposition là-bas de ses premiers résultats scientifiques.

Maha Dahawi aurait pu capituler depuis longtemps. Et si elle est encore étudiante à 35 ans, c’est parce qu’elle a refusé de se plier aux diktats du destin. Après six années à la faculté de médecine de Khartoum, une maladie auto-immune la contraint à quitter temporairement l’université. Six années d’invalidité, durant lesquelles elle se refuse à lâcher la science. Au contraire.

Un rapport préconise de maintenir en poste les infirmières en passe de prendre leur retraite

 

illustration

La démographie du personnel infirmier est préoccupante. Si près de 5 millions d’infirmières doivent être formées pour compenser les départs à la retraite d’ici 2030, un peu moins de 6 millions sont nécessaires pour répondre aux besoins croissants d’une population vieillissante. Les besoins sont tels qu’un rapport préconise dix mesures pour maintenir en poste le plus longtemps possible les infirmières en passe de prendre leur retraite.

Une pénurie de 10 millions d’infirmières dans le monde en 2030

Le rapport intitulé Ageing Well? Policies to Support Older Nurses at Work se fonde sur l’étude de l’OMS concernant la situation du personnel infirmier dans le monde. Il prévoit qu’en 2030, plus de 10 millions d’infirmiers manqueront à al’appel pour répondre aux besoins d’une population vieillissante.

Pour le Centre international des migrations d’infirmières (CIMI, International Centre on Nurse Migration), le Conseil International des Infirmières (CII) et la CGFNS International qui ont publié ce rapport une des solutions passe par le maintien au travail le plus longtemps possible du personnel infirmier qui s’apprête à prendre sa retraite dans les 10 années qui viennent.

« Nous devons améliorer le taux de rétention du personnel infirmier âgé, faute de quoi nous risquons de perdre les membres les plus expérimentés de notre profession au moment même où la pandémie expose au grand jour le danger que posent les pénuries mondiales de personnel infirmier.

En 2030, les pays à revenu faible et moyen seront touchés par une pénurie très grave de personnels infirmiers. Mais les pays développés doivent, de leur côté, prendre conscience du fait que 17 % de leur propre personnel infirmier, soit 4,7 millions de personnes, envisagent de partir à la retraite au cours de la prochaine décennie.

Il faut donc prendre des mesures pour que chaque infirmière et chaque infirmier puisse ‘vieillir au travail’ dans de bonnes conditions, de même qu’adopter des politiques générales pour retenir les personnels âgés et les aider à rester des membres actifs de la profession. » explique le professeur James Buchan, auteur principal du rapport et professeur adjoint au Centre collaborateur OMS de la Sydney University of Technology, en Australie.

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«ANATOMICA», À CORPS OUVERT

Par Frédérique Roussel — 11 décembre 2020

Cette anthologie des écorchés réunit des planches d'anatomie choisies pour leur originalité.

Lithographie de Jakob Wilhelm Roux in Tabulae arteriarum corporis humani, 1822.
Lithographie de Jakob Wilhelm Roux in Tabulae arteriarum corporis humani, 1822. 
Illustration DR

La lithographie représente un jeune homme la poitrine ouverte jusqu’au ras du cou, les artères colorées en rouge. Le visage aux yeux fermés semble dormir. La chevelure fournie est minutieusement détaillée. Une délicate étoffe souligne la scène. De l’art au service du savoir. Il faut dire que l’auteur de ce torse écorché avec style est le célèbre artiste Jakob Wilhelm Roux. Cette œuvre fait partie des Tabulae arteriareum corporis humani (Planches sur les artères du corps humain, 1822) du médecin allemand Friedrich Tiedemann.

Francis Wolff : “C’est d’abord par honte que j’irai me faire vacciner”

publié le 

Et vous, allez-vous vous faire vacciner contre le Covid-19 ? Si la vaccination n’est pas rendue obligatoire, chacun sera bientôt amené à se poser la question – qui polarise déjà le débat public. Comment y répondre ? Difficile, pour qui n’est pas infectiologue… Il nous faut pourtant décider, sans avoir forcément toutes les cartes en main et toutes les informations en tête. Nous avons demandé à des philosophes s’ils comptaient eux-mêmes se faire vacciner, et pourquoi.

C’est aujourd’hui au tour de Francis Wolff de prendre la parole. Le philosophe ira se faire vacciner mais explique que, au-delà des raisons objectives, ses motifs sont aussi subjectifs : « C’est peut-être étrange, mais c’est d’abord la honte qui me motive. La honte de vivre dans le pays qui se vante d’avoir produit les Lumières contre les superstitions et d’avoir inventé la vaccination avec Pasteur, qui a un des meilleurs systèmes de santé, et qui est pourtant le pays le plus méfiant par rapport à la vaccination. »

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«La mixité à l’école, c’est comme la vinaigrette : si on ne secoue pas, ça ne se mélange pas»

Par Marlène Thomas — 15 décembre 2020 

Des lycéennes à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, dans les années 70.

Des lycéennes à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, dans les années 70. Photo AKG-Images. Paul Almasy 

Longtemps les filles ont eu droit à une instruction différente et séparée. Pour passer le bac, elles ont dû, au lendemain de la Grande Guerre, forcer la porte des établissements de garçons, bien avant la loi de 1975. L’historienne Geneviève Pezeu revient sur cette «révolution silencieuse» pas encore achevée.

Il est désormais habituel de voir filles et garçons se mêler en classe ou à la sortie de l’école. Si la mixité scolaire est devenue la règle depuis la loi Haby de 1975, le système éducatif français s’est longtemps construit sur la séparation des sexes. Agrégée d’histoire et docteure en sciences de l’éducation, Geneviève Pezeu revient sur cette «révolution silencieuse du XXe siècle» dans l’ouvrage Des filles chez les garçons. L’apprentissage de la mixité (éd. Vendémiaire). La présidente de l’Association nationale des études féministes (Anef) s’est particulièrement penchée sur le secondaire. Guidées par l’envie d’accéder aux études supérieures, des Françaises ont réussi à intégrer des établissements de garçons dès les années 10, à la veille de la Première Guerre mondiale. Dans une relative indifférence, la mixité s’est installée à pas de loup et près de 60 % des établissements publics du secondaire accueillaient des jeunes filles à la fin des années 30 bien qu’en très petits effectifs. A travers archives et témoignages, Geneviève Pezeu, ancienne enseignante, retrace l’histoire méconnue de ces pionnières.

Pourquoi certaines femmes ont voulu très tôt intégrer les établissements secondaires de garçons ?

Cette révolution s’est installée en douceur et en silence. Avant la Première Guerre mondiale, on relève quelques tentatives. En 1911, Marie Curie aurait notamment voulu que sa fille fasse sa première et sa terminale au lycée de garçons Lakanal, à Sceaux. Ce qui lui a été refusé. C’est surtout après la Grande Guerre que les filles ont forcé la porte des établissements de garçons.

La deuxième vague de Covid-19 vue de l’hôpital Bichat : « Ils sont totalement à plat dans leur lit, c’est frappant »



La deuxième vague au jour le jour | Episode 5. Il est 11 heures passées, une douce lumière d’hiver éclaire la chambre de Colette dont la fenêtre s’ouvre sur le Sacré-Cœur. Allongée sous un drap jaune pâle, mardi 8 décembre, la vieille dame a les yeux clos, et ses lèvres ne laissent plus échapper qu’un murmure. Penchée près de son oreille, Julie Pacharro, kiné au service gériatrie de l’hôpital Bichat, l’encourage gentiment :« Allez, on va aller dans le fauteuil, on ne va pas rester au lit toute la journée. Vous êtes d’accord ? », l’interroge-t-elle. Mais Colette est fatiguée : « Dodo, dodo », répète-t-elle en se tournant sur le côté.

Testée positive au Covid-19, Colette est hospitalisée depuis plus d’une semaine déjà. A son chevet, les soignants en blouse et charlotte bleues, le visage barré par un masque et des lunettes, discutent de son retour à l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad). Avec la fatigue liée à la maladie et la perte de repère due à l’hospitalisation, les progrès dont l’équipe se félicitait la semaine dernière, sont au point mort. Comme elle, bon nombre de patients âgés peinent à se remettre, même en l’absence de symptômes respiratoires. « Ils sont totalement à plat dans leur lit, c’est frappant », constate Agathe Raynaud-Simon, chef du service.

Une kinésithérapeute mobilise une patiente atteinte du Covid-19 sous le regard des médecins, au service de gériatrie de l’hôpital Bichat à Paris, le 8 décembre.

Le bullshit ne passera pas !

Denis Moreau publié le  

Les bullshit jobs, ou « jobs à la con », ce sont tous ces emplois qui ne servent à rien ou presque, et n’ont aucun sens aux yeux de ceux qui les exercent. L’expression, devenue fameuse, est née sous la plume de l’anthropologue britannique David Graeberdisparu au mois de septembre. La lecture de cette enquête aussi fouillée qu’engagée – Graeber était anarchiste – a enthousiasmé le philosophe Denis Moreau, spécialiste de Descartes et enseignant à l’université de Nantes. Elle l’a aussi amené à s’interroger sur la nature de son propre métier, universitaire.

Le métier d’enseignant-chercheur serait-il devenu un « job à la con » ? Si cette activité emplit toujours Denis Moreau de joie dans sa composante pédagogique et scientifique, elle a également perdu de sa valeur du fait d’une invasion de tâches superflues : commissions et conseils en tous genres, plan quinquennaux, rapports d’évaluation, d’auto-évaluation, référentiels de compétences, etc. Autant de « foutaises » qui font dire à cet universitaire rationaliste et catholique qu’une vigilance particulière s’impose à l’avenir. Sa résolution pour 2021 sera donc de « redoubler d’efforts pour bien enseigner, bien chercher, et lutter autant que possible pour ne pas [me] laisser bullshitiser. » Le combat ne fait que commencer !

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Qu’est-ce que le discordianisme, ou la religion de l’absurde ?

Le discordianisme est une religion ou une parodie de religion qui remet en cause les règles et discours dominants. Pratiquée très librement par ses adeptes, elle leur sert de moyen pour porter un regard critique sur les religions, la leur comprise. Rencontre avec deux discordiens. 

Par Fanny Guyomard  Publié le 05 décembre 2020

En cette fraîche soirée d’automne, une odeur de frites et de grillades embaume la rue Sainte-Anne, dans le centre-ville de Rennes. Happée par les effluves d’un kebab, Madeleine*, 21 ans, s’approche, à la recherche d’un plat bien particulier. Elle devra le manger avant minuit, selon les principes de sa religion.

« Un hot-dog, ketchup, moutarde ! », commande la jeune femme.« Avec du pain à hot-dog », précise-t-elle avec un clin d’œil, avant de conclure, tout sourire : « C’est un acte de foi, et en même temps c’est bon ! »

Sa religion, c’est le discordianisme. « A mi-chemin entre religion et non-religion, une parodie de religion ou une religion déguisée en parodie », résume Madeleine. Née dans les années 1950 aux Etats-Unis, cette pensée s’oppose aux religions qui veulent ordonner le monde et fuient la notion de désordre. « Nous, on reconnaît le flou, le hasard, le désordre et la difficulté à l’appréhender. On vénère Eris[déesse grecque de la discorde], personnification du chaos, qui regroupe à la fois l’ordre et le désordre », explique la petite brune. Eris peut être perçue comme une métaphore par les plus athées des discordiens, ou comme une réelle divinité par les plus croyants.

Santé mentale : l’épidémie de Covid avive les maux de la psychiatrie

par Claire Mayer  Publié le 14/12/2020 

Malgré un second confinement allégé, le moral des français est en chute libre. Les derniers éléments de l’étude de Santé publique France pointe du doigt une forte hausse des états dépressifs. Les familles s’inquiètent des conséquences sur l’équilibre des patients, tandis que les soignants des hôpitaux de Charles Perrens et Cadillac, en Gironde, dénoncent le manque de moyens. Les psychiatres tirent la sonnette d’alarme sur un effet boomerang une fois la crise passée. 

Selon les dernières données de l’étude « CoviPrev » menée par Santé publique France qui suit « l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement) et de la santé mentale en population générale (bien-être, troubles), ainsi que leurs principaux déterminants », le moral des français est en berne. A la date du 12 novembre, selon cette longue étude lancée le 23 mars dernier, les états dépressifs sont de l’ordre de 21% en population générale, soit deux fois plus que fin septembre. 

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