Souvenons-nous de l’espérance suscitée par la création de la Sécurité sociale à la Libération, aujourd’hui réduite à un triste bilan comptable dans le PLFSS présenté au Parlement.
L’Histoire est bonne pour la santé. Sa piqûre de rappel soulage, revigore, retrempe, même si elle ne guérit pas toujours, ne prévient pas forcément les rechutes. Bien dosée, elle se fait recommandation et même thérapie collective. Ne serait-ce que pour se remémorer que le passé n’est jamais certain et le futur jamais sûr. Que rien n’est écrit à l’avance. Que l’espoir fait vivre, pour dire vite.
Prenons ce 27 mai 1943, tout nimbé de désespoir. Le 48 rue du Four, dans le 6e arrondissement de Paris. Tandis qu’à l’extérieur des guetteurs redoutaient de voir débouler des voitures de la Gestapo ou de la Milice, les représentants des mouvements de Résistance, des syndicats et des partis politiques, gauche et droite confondues, se réunissaient.
Naissait ce jour-là le Conseil national de la Résistance (CNR), sous l’autorité de Jean Moulin. Moins d’un an plus tard, le 15 mars 1944, tandis que la Libération n’était encore qu’une espérance, alors que Jean Moulin et un autre membre de cette première réunion, Roger Coquoin, étaient morts en héros, le CNR adoptait un programme de réformes pour l’après. Il était baptisé avec un bel, un naïf, un forcené optimisme : « Les Jours heureux ».