LE MONDE | | Par Philippe Dagen
Une exposition nommée « Psilocybine » ? De quoi s’agit-il ? De botanique et de chimie. La psilocybine est un ester d’acide phosphorique. Elle a été isolée en 1958 par le chimiste bâlois Albert Hofmann, celui-là même qui avait, en 1943, extrait le LSD de l’ergot de seigle. Pour la psilocybine, sa matière première était les sclérotes d’un champignon que cultivait le mycologue Roger Heim au Muséum national d’histoire naturelle de Paris à partir d’exemplaires récoltés au Mexique par un savant et banquier américain, Robert Gordon Wasson, en 1953, et qui les lui avait envoyés.
Pourquoi tant d’intérêt pour cette petite plante grêle ? Parce que ses propriétés sont connues depuis longtemps. Hallucinogène, elle partage cette particularité avec une autre plante d’Amérique centrale et du sud des Etats-Unis, un petit cactus sans épines que les Aztèques nommaient peyotl. Il produit un alcaloïde identifié en 1894 et synthétisé en 1919 : la mescaline.