Elle aime la musique douce et les chansons des années 1980, elle fait bien la cuisine, surtout le bœuf bourguignon, mais, ce qu’elle préfère, ce sont les fleurs et, d’ailleurs, elle a obtenu le premier prix des maisons fleuries de Villers-au-Tertre (Nord). Elle aime aussi beaucoup son travail d’aide-soignante, qu’elle a exercé pendant vingt-six ans dans le même établissement hospitalier. Elle a le même mari menuisier depuis trente ans, et elle est mère de deux filles qui ont fait d’elle une grand-mère. Elle a aussi tué en les étouffant huit de ses nouveau-nés.
Le procès de Dominique Cottrez, 51 ans, s’ouvre, jeudi 25 juin, devant la cour d’assises du Nord, à Douai. Elle est la première femme poursuivie pour un octuple infanticide.
Au début, c’est l’une de ces histoires dans lesquelles on rechigne à entrer, comme si l’on craignait que sa noirceur ne fût contagieuse. Au XXIe siècle, en France, une femme mariée et mère de famille dissimule ses grossesses à son entourage, accouche seule dans sa maison, pose une serviette et appuie sa main sur le visage du nourrisson jusqu’à ce qu’il étouffe, glisse le petit corps dans un sac-poubelle avec du linge dessus et le range dans sa chambre, dans le grenier ou dans le garage, à côté des autres. Huit fois de suite entre 1989 et 2000.
L’affaire commence en juillet 2010, lorsque le nouveau propriétaire de la maison découvre deux sacs-poubelle qui lui semblent contenir des cadavres et alerte la gendarmerie. Trois jours plus tard, Dominique Cottrez reconnaît être la seule responsable de ces infanticides et en a avoué six autres. L’enquête a permis d’établir que les huit bébés sont nés à terme et vivants, qu’ils ont tous été conçus avec son mari, lequel, assure-t-elle, a tout ignoré de ces grossesses. Comment ? Parce que Dominique Cottrez est obèse, elle mesure 1,55 m et a pesé jusqu’à 138 kg. A la question du pourquoi, elle répond simplement que, après la naissance de ses deux premières filles, elle n’a plus jamais voulu montrer son corps à un médecin.