Les malades mentaux ne sont pas les seuls à subir la stigmatisation des foules : ils partagent ce douteux privilège avec leurs soignants et avec la psychiatrie elle-même ! Exerçant au célèbre Karolinska Institutet de Stockholm d’où sont décernés les Prix Nobel de Physiologie ou Médecine, le Dr Wasserman (président en 2014 de l’Association Européenne de Psychiatrie[1]) évoque cette problématique préjudiciable pour l’image de marque de la spécialité et formule quelques propositions pour y remédier.
Parmi « les forces et les faiblesses » de la psychiatrie figure le constat que les psychiatres ne joueraient plus le rôle de « bons modèles » pour les étudiants en médecine, car on leur reprocherait de « ne pas se tenir suffisamment informés des avancées scientifiques », comme le font leurs confrères somaticiens des autres disciplines médicales.
Le 17 mars dernier, Cédric était condamné à un mois ferme et mise à l’épreuve durant 24 mois pour un vol par effraction à Pamiers.
Seulement voilà, le jeune homme de 22 ans est limité intellectuellement. En prison, il volait les détenus, obligeant le directeur de la Maison d’arrêt à le faire interner d’office, «car il se mettait en danger». Il ne sera resté que peu de temps en unité psychiatrique semant le chaos, volant les patients.
Au bout de trois jours, l’hôpital était obligé d’appeler à la rescousse la gendarmerie. Aujourd’hui, le jeune homme était présenté pour trois affaires de vol, et une pour usage de stupéfiants. Il reconnait les faits et souhaite être interné en psychiatrie Cédric est poursuivi pour trois affaires de vol. La dernière en date, celle du 17 avril. Vers 10 h 35, les policiers appaméens l’interpellaient alors qu’il venait de voler un téléphone portable dans une voiture, rue Gabriel Péri.
Il était interpellé, mis en garde à vue. Le 4 mars 2015, la police le remarquait trainant autour du camion d’un chauffeur livreur. Pendant que ce dernier livrait une pharmacie, le prévenu en profitait pour lui voler son téléphone portable.
Sous ses différentes marques et formulations (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan, sans oublier l'Actifed, le Dolirhume, etc.), le paracétamol est le médicament le plus vendu en France. Aux Etats-Unis, la molécule entre dans la composition de plus de six cents médicaments et on estime que, chaque semaine, plus de 50 millions d'Américains consomment l'un d'entre eux. C'est dire le succès de cet antalgique. Mais, précisément, l'usage généralisé du paracétamol incite les chercheurs à décortiquer davantage son mode d'action, au-delà du soulagement de certaines douleurs. Ainsi, en 2013, une étude réalisée par des psychologues canadiensavait fourni de curieux résultats : des personnes ayant avalé du paracétamol et auxquelles on avait demandé de rédiger quelques phrases sur leur propre mort semblaient peu atteintes par les sentiments négatifs et l'anxiété qu'avaient, dans les mêmes conditions, éprouvés des "cobayes" ayant pris un placebo. Comme si le médicament, en plus de jouer sur la douleur, s'attaquait aussi aux émotions négatives. Dans un article que vient de publier la revue Psychological Science, une équipe américaine de l'université de l'Ohio a voulu explorer plus avant cette intrigante hypothèse.
Pour une première expérience, ces chercheurs ont recruté 82 personnes. Une moitié d'entre elles a pris 1 gramme de paracétamol et l'autre moitié un placebo (évidemment personne ne savait qui avait avalé quoi). Les participants ont attendu une heure pour que la molécule ait le temps de passer dans le cerveau, puis l'expérience à proprement parler a commencé. On a soumis à tous 40 photographies extraites de l'International Affective Picture System (IAPS), une banque d'images utilisées pour leur capacité à susciter une palette complète d'émotions, depuis les très déplaisantes (des enfants en pleurs ou souffrant de malnutrition, par exemple) jusqu'aux très agréables en passant par des clichés neutres (une vache dans un pré...). Les "cobayes" devaient noter l'impression que chaque image leur laissait, de -5 (extrêmement négative) à 5 (extrêmement positive), et indiquer, sur une échelle de 0 à 10, à quel point la photo provoquait chez eux "une réaction émotionnelle", pour reprendre les termes de l'étude.
Psychologue, psychothérapeute, écrivain, conférencier, Patrick Estradepratique la psychologie et la psychothérapie analytique depuis plus de 30 ans. Après avoir étudié la psychologie à l'Institut de Psychologie Analytique de Berlin, il s'installe à Nice où il partage son temps entre ses consultations en cabinet, l'écriture et les formations qu'il assure un peu partout en France et à l'étranger. Lire la suite ...
A la base de ces "disciplines de l’âme", se retrouve Sigmund Freud, médecin psychiatre autrichien (1856-1939). Avec les recherches qu’il effectua il donna naissance à la psychanalyse. Le développement de cette matière a conduit aux diverses sous-branches (psychologie, psychothérapie, …)
Le docteur Ghada Hatem n’a jamais l’air stressée. Qu’elle anime la réunion de 8 h 15 ce dimanche matin de mars, où médecins et sages-femmes font le point des 25 accouchements des dernières 24 heures, qu’elle enchaîne réunions, consultations, échographies en expliquant à la patiente ou le plus souvent à son mari (le seul qui parle français) qu’elle les appellera elle-même à 20 heures pour leur indiquer à quel moment faire une piqûre, qu’elle saute le déjeuner pour faire un exposé devant le personnel de la Fondation Kering afin de lever des fonds pour une « Maison des femmes » – son grand projet – ou qu’elle finisse la journée au Musée de l’histoire de l’immigration pour suivre une conférence sur la vie psychique des réfugiés, elle parle d’une voix soyeuse. Ghada Hatem conserve le ton inaltérable de qui a vécu sa jeunesse dans un pays en guerre, le Liban, et vit désormais avec sérénité sa vocation dans un pays en paix.
Dans la manifestation du 23 septembre 2014 à Paris. Photothèque rouge/JMB
Nous publions dans ces pages le témoignage d’une infirmière sur la dégradation des conditions d’exercice de son métier. Elle décrit une souffrance au travail généralisée, due à l’intensification du travail, à la désagrégation des collectifs de travail et à la perte de sens que vivent les personnels soignants, transformés en « producteurs de soins » à la chaîne. Mais n’en doutons pas : la révolte couve.
J’ai suivi tardivement la formation d’infirmière en IFSI (Institut de formation en soins infirmiers), j’avais 45 ans. Je pensais que mon activité serait centrée autour du patient qui bénéficiait d’une prise en charge globale. Mais j’ai vite compris, dès le début de ma formation, que ce serait le contraire, qu’on allait me demander d’être efficace au sens économique du terme, de passer le moins de temps possible auprès du malade.
J’ai ressenti du mépris humain envers la fonction. On nous enseigne des connaissances mais on nous formate aussi. L’arrivée en stage dans un service est très stressante. Dans le service de cardiologie où j’étais, nous étions neuf élèves avec une infirmière qui nous donnait des ordres et on avait très peu de marge pour en discuter, d’autant plus qu’à la fin du stage on est évalué par cette même infirmière. J’ai pris conscience assez rapidement que les choses n’allaient pas se passer comme je les avais rêvées. Et dès que j’ai commencé mon exercice d’infirmière, je n’ai pas du tout retrouvé les méthodes, les valeurs et l’attention portée autour du patient auxquelles j’aspirais en devenant soignante. Le temps passé auprès des patients m’a été reproché dès ma première évaluation.
Dans un nouvel essai, la philosophe Monique Canto-Sperber interroge les limites morales de l’amour romantique pour mieux comprendre le sentiment contemporain.
Trahison ou fidélité, les jeux de l’amour ressemblent à des sables mouvants où fourmillent obstacles et autres normes implicites. Quel lien moral entre deux individus qui s’aiment ? Que vaut la sincérité d’un engagement fondé sur des sentiments à la nature changeante ? Spécialiste des questions morales, la philosophe Monique Canto-Sperber, directrice de recherche au CNRS, interroge l’amour dansSans foi ni loi,essai qui vient de paraître aux éditions Plon. Alors que la libération des mœurs il y a une cinquantaine d’années a ouvert le champ des possibles, l’amour serait encore trop vite condamné sous le poids des valeurs, prisonnier d’un balancier instable entre raison et déraison.
Pourquoi ce titre Sans foi ni loi pour parler d’amour ?
Parce que le plus souvent, c’est au moment où, dans un lien humain, les espoirs des individus sont déçus, au moment où ils se sentent trompés, que se révèlent les attentes qu’ils avaient à l’égard de ce lien, comme un dispositif révélateur qui, à l’occasion d’une expérience négative, fait apparaître l’essentiel, d’où ce titre un peu dramatique. C’est la question : «Que doit-on à un être humain auquel on est lié ?» qui m’a intéressée, quelle que soit la nature de ce lien. Cette question est un véritable défi pour qui travaille sur les normes et la philosophie morale, car dans un lien humain on ne signe pas de contrat, il n’y a pas de modèle préétabli, et pourtant, au nom de ce lien, on peut sacrifier son bien-être et beaucoup d’autres choses auxquelles on tient. D’où l’hypothèse de normes implicitement présentes en amour ou en amitié, qui peuvent contraindre les choix des individus et justifier leurs réactions.
Décryptage d’un point juridique au cœur de l’actualité. Ce vendredi, retour sur une décision de justice autorisant la tenue d’une formation d'assistants sexuels pour les handicapés. La première en France.
Alors qu’une nouvelle loi sur la prostitution est en ballottage entre le Sénat et l’Assemblée nationale, qui ont des vues bien différentes sur le sujet, le tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg a rendu, le mois dernier, une décision à première vue étonnante. En autorisant la tenue d’une formation pour assistants sexuels dans un hôtel, les juges ont-ils ouvert la voie à la reconnaissance d’un droit à la sexualité pour les handicapés ? Les juristes du Centre de recherches et d’études sur les droits fondamentaux (Credof) viennent de publier leur analyse du dossier ce vendredi.
Eprises de détenus, elles aiment à travers des vitres, accros à ces visites surveillées par l’administration pénitentiaire. Comment vit-on une histoire en prison ? «Libération» a parlé aux «prisonnières de dehors».
Hortense (1), 22 ans, a rencontré son amoureux en prison. Ils sont ensemble depuis deux ans. Elle faisait un stage à «l’intérieur», à la bibliothèque de l’établissement. Lui, incarcéré depuis huit ans, rangeait les livres sur les étagères pour se faire un peu de blé. Elle raconte :«Au début, je me disais : "Mais putain, c’est pas vrai, pas avec un mec en taule. J’ai un problème psychologique". Et puis bon…»Elle a terminé son stage sans rien dire à personne, a attendu plusieurs mois avant d’oser aller au parloir.«J’avais peur que l’administration me reconnaisse.»Puis, avec le temps,«c’est passé». Elle va désormais à la prison tous les samedis et tous les dimanches, sans exception. «On a droit à deux heures de parloir. Deux heures que tu vis vraiment à fond, c’est sûr.»
Paris, le samedi 18 avril 2015 – Le 17 mars a été adoptée en première lecture la proposition de loi des députés Alain Clayes (PS) et Jean Leonetti (UMP) créant de « nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie». On le sait, la proposition phare de ce texte adopté par 436 voix (et 86 voix contre) est l’instauration d’un droit à la sédation profonde et continue pour accompagner l’arrêt de traitement à la demande du patient. Critiqué tant par les opposants à l’euthanasie que par ses partisans, cette loi fait pourtant l’objet d’un consensus politique et également médical. Un sondage réalisé sur notre site a en effet mis en évidence qu’une majorité de professionnels de santé, 62 %, se déclare favorable à l’instauration de ce droit à la sédation profonde et continue.
La relation médecin/malade dans ce qu’elle a de plus ultime
Ceux qui militent en faveur d’une légalisation de l’euthanasie en France à l’instar de ce qui prévaut aux Pays Bas et en Belgique regrettent fréquemment que la question de l’accompagnement de la fin de vie soit trop systématiquement appréciée à travers le point de vue médical. Selon eux, il existe une réelle fracture entre le désir des patients (et citoyens) et les convictions des praticiens sur ces sujets. Sur son blog consacré à cette thématique de la fin de vie, Jacqueline Jencquel, responsable de l’antenne vénézuélienne de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) l’illustre encore une fois. Commentant les résultats de notre sondage, elle s’interroge : « Si cette pratique semble convenir aux médecins, qui se préoccupe de savoir si elle convient aussi aux malades ? Ce n’est pas ce qui ressort de tous les sondages réalisés depuis des années sur ce sujet » conteste-t-elle. Pour Daniel Carré, également militant au sein de l’ADMD, l’amélioration de la fin de vie passe par la construction d’une nouvelle relation entre médecins et patients. Sur son blog hébergé par Mediapart, il juge tout d’abord que « la proposition de loi traduit un manque de confiance envers celui qui est confronté à sa propre fin », notamment parce que le texte introduit des limites au caractère opposable des directives anticipées. Concernant le rôle des praticiens, il souligne : « Le médecin se retrouve trop souvent seul dans l’exercice de sa mission. Il est lui même désespéré de ne pas supprimer chez son patient la peur de la souffrance ou de la mort. (…) Le médecin fournit de l’aide, mais pas le salut que lui demande le malade face à sa mort prochaine. Les professionnels de santé doivent admettre les limites de leurs capacités et reconnaître que la maladie et la mort font partie de la condition humaine. Ils doivent résister à cette grandiose ambition que personne ne peut remplir, le pouvoir de vaincre définitivement la souffrance et la mort. L’arrivée d’une médecine prédictive et personnalisée implique la mise en place de la coopération soignant/soigné (…). Pour la fin de vie, la coopération soignant/soigné est encore plus importante. Il est indispensable qu’une confiance s’établisse, dans une relation "hiérarchique" de soignant à soigné qui se transforme en une relation "égalitaire" de personne à personne. Il s’agit du destin du malade, qui, face à la mort qui s’annonce, doit avoir la maîtrise du moment et de la manière. Sa volonté est essentielle quand le soin ne peut plus être qu’apaisement apporté par le soignant, en cet instant unique et tragique, les derniers instants d’un être humain » écrit-il.
Signataires d’un communiqué commun, cinq organisations représentant les professionnels (la conférence nationale des Présidents de commission médicale d’établissement des centres hospitaliers spécialisés en psychiatrie -CME/CHS, la fédération hospitalière de France -FHF, la fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne - FEHAP), les usagers (FNAPSY), et les familles et amis (UNAFAM) se félicitent « de l’évolution très positive de la rédaction del’article 13 du projet de loi de santé ».
Réaffirmation du secteur
Ils saluent en particulier la réaffirmation (et l’actualisation) des missions et l’organisation sectorielle.
« L’organisation sectorielle, même si elle n’est pas parfaite, reste très structurante. Nous avions besoin qu’elle soit relégitimée », notamment après les évolutions liées à la loi HPST, explique au« Quotidien » le Dr Christian Müller, président de la conférence des présidents de CME/CHS.« La ministre de la Santé nous avait donné beaucoup d’espoir lors de son discours de septembre à l’hôpital Sainte-Anne » précise-t-il. « La psychiatrie de secteur est pour moi indispensable dans l’égalité d’accès à des soins spécialisés de proximité », avait alors déclaré Marisol Touraine.
L’hôpital doit être géré comme une entreprise. La médecine de proximité est libérale, pas hospitalière. C’est à partir de ces deux postulats que le cercle de réflexion libéral « Économie Santé », rattaché au journal « Les Échos », a émis une recommandation 2015 pour réformer les hôpitaux et trouver des économies.
Avec 38 % des dépenses de santé consacrées à l’hôpital, la France occupe le deuxième rang le plus élevé en Europe après la Grèce. L’Allemagne se contente d’y consacrer 29 % de ses dépenses de santé. Lits sous-occupés, durées de séjour parfois excessives, retard ambulatoire : autant de caractéristiques qui contribuent à doper la dépense hospitalière (à 93 % financée par l’assurance-maladie et l’Etat).
La maternité Paule-de-Viguier à Toulouse a ouvert en février dernier une salle d'accouchement nature. Ce dispositif s'inscrit dans la filière à bas risque que le CHU développe actuellement. La prise en charge, qui va du premier rendez-vous à la sortie de la patiente, met l'accent sur la coordination avec les sages-femmes libérales.
Le mausolée de Bouya Omar, au Maroc, où des centaines de malades mentaux sont souvent enchaînés et totalement coupés du monde extérieur, doit être remplacé dans les prochaines années par des structures modernes, réclame un rapport du ministère de la Santé publié mercredi.
Plus de 700 personnes sont internées à Bouya Omar, à 50 kilomètres de Marrakech (sud), dans des "conditions misérables", où ils subissent des "pratiques portant atteinte aux droits de l'Homme", avance l'enquête, menée pendant plus de six mois par une vingtaine de psychiatres et présentée mercredi en présence du ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi.
Malades enchaînés, pratiques d'exorcisme et mauvais traitements sont le quotidien de ce mausolée, où est enterré un marabout du XVIe siècle auquel sont prêtés des pouvoirs surnaturels de traitement des maladies mentales et d'addictions aux drogues.
M. El Ouardi avait proclamé dès fin 2013 son intention de fermer ce centre après qu'une ONG, l'Alliance marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'Homme, eut attiré l'attention d'une délégation onusienne sur les conditions d'internement. Mais cette volonté, déjà affichée par le passé, s'est toujours heurtée au profond ancrage de ces croyances et au fait que "le malade mental est le moteur économique de la région", comme le souligne elle-même l'étude du ministère.
Les antidépresseurs sont parfois accusés d'être responsables de suicides. Le président du Collège national des universitaires de psychiatrie lève le doute.
Lorsqu'ils souscrivent une mutuelle, les particuliers ont le choix entre deux grandes familles de complémentaires santé : les contrats « responsables », et ceux qui ne le sont pas. Derrière le terme « responsables », les pouvoirs publics ont cherché à définir des contrats qui couvrent un socle de base, respectent le parcours de soins et ne poussent pas à la dépense.
En plafonnant le remboursement de certains actes médicaux, ils visent aussi à inciter les professionnels de santé à réguler leurs tarifs. Pour faire simple, un particulier consultant un médecin pratiquant des dépassements d'honoraires élevés sera moins bien remboursé, ce qui pourrait l'inciter à aller voir un autre professionnel. Ces contrats étant moins coûteux à la collectivité, ils sont moins taxés et sont donc à garantie égale moins cher de 5,6 % pour le particulier.
Triple objectif
Depuis le 1er avril, la définition de ces contrats responsables a beaucoup évolué sous l'impulsion des pouvoirs publics. L'objectif est triple : garantir le contenu de la couverture en fixant des planchers de prise en charge, réguler les dépassements d'honoraires et réduire le coût de l'optique.
INTERVIEW- Le psychanalyste Jean-Claude Liaudet vient de publier Quand l'amour manque, comment se reconstruire ? (Éditions de l'Archipel). Il explique pourquoi la psychothérapie insiste tant sur le rôle fondateur de l'amour parental.
LE FIGARO. - Le fait d'avoir vécu des carences affectives dans l'enfance semble être la cause de la plupart de nos difficultés… Pourquoi les psychothérapies sont-elles tant attachées à cette explication?
Jean-Claude LIAUDET. - Parce que la plupart d'entre elles sont filles de la psychanalyse! Or que dit la théorie freudienne? L'investissement que nous avons reçu de la part de nos premiers interlocuteurs (nos parents, mais aussi tout adulte qui s'est occupé de nous dans notre petite enfance) est un socle déterminant qui aura une influence sur notre personnalité, nos comportements. Dans cet esprit, la psychanalyste Françoise Dolto estimait que, in utero déjà, l'enfant est affecté par les sentiments éprouvés par sa mère. Ayant un jeune patient «anormalement mature», la psychanalyste avait en effet découvert que la mère de celui-ci, alors qu'elle était enceinte, avait eu «de longues périodes d'inattention» concernant son bébé… Ce manque d'amour était comme une énergie de vie qui s'était retirée du petit être en devenir.
Entre le 29 avril 2014 et le 15 mars 2015, plus de 3 000 Français « en voie de radicalisation djihadiste » ont été signalés aux autorités nationales. Parmi eux : 25 % de mineurs, 35 % de femmes, 40 % de convertis. Le 13 avril, la commissaire européenne à la justice, Vera Jourova, estimait, dans un entretien publié par Le Figaro, que 1 450 Français figuraient parmi les 5 000 à 6 000 volontaires européens partis pour la Syrie rejoindre la « guerre sainte ». Ces chiffres ne font que le confirmer : il est urgent, en France, de freiner la radicalisation islamiste.
Volet préventif
Comment « retourner » ces jeunes qui menacent de rejoindre le djihad ? Comment enrayer la radicalisation salafiste en prison ? Quel traitement réserver à ceux qui sont partis en Syrie et qui en reviennent ? Depuis les attentats de janvier, les autorités françaises mettent les bouchées doubles pour dépasser la seule réponse sécuritaire.
Il était grand temps : alors que certains de nos voisins européens – le Royaume-Uni, le Danemark – s’y étaient attelés depuis plusieurs années, il a fallu attendre avril 2014 pour que le gouvernement présente un plan de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes. Celui-ci vise avant tout « à démanteler ces filières, à empêcher les déplacements générateurs de menaces, à coopérer plus efficacement au niveau international », précise le préfet Pierre N’Gahane, secrétaire général du comité interministériel pour la prévention de la délinquance. Mais il comprend également un volet préventif visant à repérer et accompagner « des personnes susceptibles de basculer dans la radicalisation, afin d’éviter qu’elles sombrent dans une trajectoire terroriste ».
Le défi est immense, la méthodologie encore embryonnaire. Bricolage, tâtonnements, expérimentations : voilà, grosso modo, où en est la lutte contre la radicalisation islamiste. En France comme partout en Europe. Au sein de ce vaste laboratoire, une question divise notre République laïque : dans les tentatives qui s’ébauchent ici et là pour « retourner » les candidats au djihad, faut-il prendre en compte la dimension religieuse ? Tenter de déconstruire le discours de cette branche terroriste du salafisme, courant lui-même radical de la religion musulmane, prônant le retour à l’islam des origines ?
« La plupart des Etats européens ont été réticents à s’impliquer sur le terrain religieux, et se sont abstenus de contester directement le corpus doctrinal de l’islam politique, pour éviter de donner l’impression d’une “guerre de religion” », explique Mathieu Guidère, islamologue et géopolitologue à l’université Toulouse-II, qui dirige depuis 2004 un programme de veille tripartite (France, Etats-Unis, Canada) sur la radicalisation.
Ce cloisonnement est marqué en France, où la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat interdit tout mélange des genres. « On ne peut pas se cacher derrière la laïcité pour ignorer qu’il y a des tensions croissantes entre elle et le religieux. Mais le fonctionnaire qui travaille dans la fonction publique a, depuis cent dix ans, pour logiciel de ne pas se préoccuper de religion. Ni celle de ses collègues ni celle du citoyen français qui vient le voir », martèle l’ex-député socialiste Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
Le projet de loi santé, en cours de discussion à l’Assemblée nationale, est l’occasion pour la ministre de la santé, Marisol Touraine de lancer une opération mains propres. Après les révélations de Mediapart sur des liens entre experts des autorités de santé et laboratoires pharmaceutiques, la ministre devrait, selon nos informations, déposer un amendement pour contraindre les experts employés par ces autorités de santé à divulguer ce qu’ils perçoivent ou ont perçu des groupes pharmaceutiques. Jusque-là, ils devaient simplement déclarer l’existence d’un lien d’intérêt.
Sont concernés au premier plan : la Haute Autorité de Santé (HAS), l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et le Comité économique des produits de santé (CEPS), chargés d’évaluer et de fixer le prix des médicaments en France. Dans chacune de ces instances, un déontologue sera chargé de contrôler les déclarations.
Cette proposition sera déposée et discutée en même temps qu’un autre amendement destiné à rendre public le montant des contrats signés entre les professionnels de santé et les laboratoires pharmaceutiques pour des travaux de recherche, des missions de conseil ou des interventions publiques.
Cette mesure étendra la portée du « Sunshine Act », comme on appelle le décret qui oblige, depuis 2013, les industriels à révéler le montant des « avantages » (repas, transport, hébergement, frais d’inscription…) consentis aux médecins, pharmaciens, sages-femmes etc.