Le premier à tomber fut Nasser, en 1984. Ses proches ont commencé à le voir revenir les yeux rouges, transpirant. Il était tombé dans la « blanche », l'héroïne. C'était aux lendemains de la Marche pour l'égalité et contre le racisme, dont on fête le trentième anniversaire. Nasser était allé la rejoindre à Paris avec ses potes de la cité des Bosquets, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Nordine a suivi, deux ans plus tard. Ils sont morts, l'un en 1989, malade, à l'hôpital, le second en 1993, d'une overdose. Des années après, le président d'AClefeu, Mohamed Mechmache, en garde une rage intacte, lui qui a retrouvé son cousin, une seringue encore plantée dans le bras. Comme nombre de jeunes de sa génération, il est persuadé que « les pouvoirs publics n'ont rien fait » face au fléau de l'héroïne, puis à celui du sida, qui a frappé les cités.
A l'image de Nasser et Nordine, ils sont des milliers à avoir succombé sans bruit.