La politique du chiffre ronge l'hôpital britannique
LE MONDE |
Gary Walker a décidé de briser l'omerta qui règne au sein du système de santé britannique. Patron de trois hôpitaux du Lincolnshire, dans l'est de l'Angleterre, il a été mis à la porte en février 2010. A l'époque, moyennant 600 000 euros de compensations, le National Health Service (NHS), le système de santé britannique, avait acheté son silence, y compris à propos de la signature de cet accord.
La semaine dernière, il a choisi de passer outre et de parler à la presse britannique, quitte à risquer des poursuites judiciaires : "On m'avait muselé parce que je m'inquiétais de la qualité des soins des patients. Il fallait que je parle", explique-t-il au Monde.
M. Walker, 42 ans, entend dénoncer la "culture de la peur" qui règne au NHS. Une culture imposée du haut, qui place au-dessus de toute autre considération le remplissage d'objectifs chiffrés : pas plus de quatre heures d'attente aux urgences ; pas plus de dix-huit semaines d'attente pour commencer le traitement d'un patient à l'hôpital.
Cette politique du chiffre, associée à une baisse des budgets, prime sur tout, y compris sur la qualité des soins. C'est pour s'y être opposé que Gary Walker a été mis à la porte. "A l'intérieur du NHS, on n'avait pas le droit d'apporter de mauvaises nouvelles à ses supérieurs. Si on arrivait en disant que l'objectif ne serait pas atteint, on se faisait taper dessus. La peur régnait."