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mardi 19 février 2013

Le pouvoir rend heureux

LE MONDE | 

Selon deux études récentes, loin d'être source de souffrance, la fonction de PDG cumulerait tous les avantages : bonheur et argent.
Selon deux études récentes, loin d'être source de souffrance, la fonction de PDG cumulerait tous les avantages : bonheur et argent. | Flickr

La solitude de la fonction, la lourdeur de la charge, les renoncements qu'elle implique sont invoqués pour justifier les émoluments conséquents de certains dirigeants. Pas du plus grand nombre, qui gagnait en moyenne 65 780 euros par an en 2010, selon l'Insee, pour diriger plus de 134 000 personnes. Mais des patrons de grands groupes, dont les rémunérations se chiffrent en millions d'euros par an.
Leurs arguments étaient déjà peu convaincants. Ils risquent de l'être encore bien moins. Car, loin d'être source de souffrance, le pouvoir rend heureux, selon deux études récentes. En devenant PDG, on cumulerait tous les avantages : bonheur et argent.
Première raison : le pouvoir rend moins susceptible, moins sensible à l'échec, plus serein. Détenir le pouvoir est donc bien plus agréable que de le subir, quand rebuffades, embûches, humiliations blessent et attristent.

Un travail de recherche, dont les résultats ont été publiés le 18 janvier par Maya Kuehn, doctorante en psychologie à l'université Berkeley (Californie), le confirme. "Quand les personnes en position de subordination essuient un refus, elles sont très négativement affectées et perdent confiance en elle. Alors que les dirigeants se remettent vite d'un léger échec", conclut Mme Kuehn après avoir mené plusieurs études basées sur un panel de 445 participants, hommes et femmes, de 18 à 82 ans.
ETRE EN ACCORD AVEC SOI-MÊME
Deuxième raison : être en position de pouvoir renforce l'impression d'être en accord avec soi-même, "de vivre selon ses désirs, en fonction de ses centres d'intérêts" et donc accroît le sentiment de bien-être, constate Yona Kifer, chercheur au département Comportement des organisations à l'université de Tel Aviv (Israël), dans un article publié le 15 janvier dans Psychological Science.
En contradiction avec le cliché selon lequel "les puissants seraient misérables, contraints de forcer leur nature, alors que les sans-grade seraient plus authentiques et heureux", souligne Mme Kifer.
Quatre enquêtes menées pendant trois mois auprès de 350 participants confirment cette thèse. Les personnes interrogées ont quantifié leur sentiment de satisfaction, de bien-être, en fonction de plusieurs critères, comme l'enthousiasme, l'adéquation à ses propres valeurs, ainsi que leurs émotions négatives telles la peur ou la honte.
La note de bien-être des participants en situation de pouvoir était de 16 % supérieure à celle des autres, en moyenne. Essentiellement parce qu'ils affirmaient se sentir plus en accord avec eux-mêmes.
Des arguments pour convaincre les meilleurs, et non forcément les plus arrogants, de prendre le pouvoir. Avec bonheur !

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