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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 3 novembre 2010




ENTOURLOUPE
Nice Matin et France 3 abusés par une organisation proche de la Scientologie
02/11/2010

Les manifestants contre les internements abusifs étaient en réalité des proches de l'Église.

Un article, publié dans Nice-matin, était passé inaperçu. Mais la suite de l'histoire montre l'indispensable vérification des sources. Fabien Bénard, représentant du Modem des Alpes-Maritimes, dénonce une manipulation des médias locaux par la Scientologie. En cause, un compte-rendu publié samedi sur une manifestation sur la voie publique à Nice.

Devant un hôpital psychiatrique, une cinquantaine de personnes dénonçait des hospitalisations abusives. Des personnes qui appartiennent à la commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH). « Une commission qui s’attaque partout en France aux hôpitaux psychiatriques est un faux nez de la Scientologie », écrit le politique dans un communiqué que s'est procuré le site Nissactu.

Après vérification, effectivement, la mission interministérielle de lutte contre les sectes (MIVILUDES) confirme : "L’association qui dénonce l’augmentation des hospitalisations sur demande d’un tiers dans chaque département est la commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH), une émanation de l’Eglise de la scientologie" , écrivait le ministère de la Santé en 2005.

"Mon inquiétude vient du fait que cette association (au nom déposé comme une marque), a les moyens d’envoyer 50 000 DVD produits aux USA pour déconseiller à nos médecins la prescription d’anti-dépresseurs", précise Fabien Bénard. Effectivement, il suffit de se connecter au site internet de la CCDH -qui précise, toutefois, que l’organisation a été fondée en partenariat avec l’église de Scientologie, pour pouvoir se procurer l’un des DVD.

Des médias déjà sollicités

Après enquête du site Nissactu, plusieurs médias -notamment des radios locales- ont été sollicitées ces dernières années pour diffuser des émissions "clé en main" sur les sujets d’internements abusifs, notamment. Ces radios avaient pris soin de se renseigner sur les origines de la CCDH qui se présentait comme une ONG, alors.

Une propagande qui a déjà fonctionné !

Selon Nice-matin qui se défend ce lundi dans ses colonnes, "les médias ne sont pas les seuls à avoir été abusés par la CCDH. Plus de 80 parlementaires se sont fait piéger l’an passé par le lobbying de la CCDH, en demandant des explications sur les hospitalisations sous contrainte à Roselyne Bachelot".

Et en 1998, un parlementaire rappelait l’action de la CCDH et demandait, alors, au ministre de la Santé "quelles mesures il comptait prendre pour que la propagande de cette officine sectaire soit contrecarrée". A priori, il est clair qu’il faudra prendre celle -déjà- de bien revérifier les sources des journalistes !

Un reportage sur la manifestation a aussi été diffusé sur France 3 côte d'Azur.

Note de la rédaction
Jointe par Le Post, France3 Côte d'Azur n'a pas encore répondu à nos appels.



Transmettre l'expérience de son propre rétablissement

Par Marc Mennessier
02/11/2010

D'anciens sans-abris se dévouent aux les malades dans la rue pour les accompagner dans leur guérison.

Qui peut mieux qu'une personne atteinte de schizophrénie comprendre quelqu'un qui souffre de la même pathologie? «L'expérience de la maladie, de l'hôpital et du rétablissement peut bénéficier à d'autres», explique le Dr Vincent Girard, psychiatre de rue à Marseille à propos des trois médiateurs de santé qui font partie de l'équipe mobile psychiatrie-précarité de Marseille qu'il coordonne.

Atteint de schizophrénie depuis l'âge de 35 ans, Claude Lefèvre se définit lui-même comme un «usager de la psychiatrie». Cet ancien squatter d'origine gitane, à la silhouette frêle et aux yeux anthracite, s'est donné pour mission de «faire le lien avec les personnes de la rue exclues ou qui s'autoexcluent du système de soins souvent parce qu'elles en ont peur».

Chaque jeudi, il passe toute sa journée dans l'unité de psychiatrie de l'hôpital Sainte-Marguerite où il rencontre les patients et les personnels soignants du service du professeur Jean Naudin. «Toute mon expérience, je la fais partager à ceux qui sont en grande difficulté. Comme je suis déjà passé par là, j'essaie de leur apprendre à retrouver leur autonomie, à être des citoyens, à connaître leurs droits mais aussi leurs devoirs.» Le reste du temps, Claude sillonne les vieux quartiers de Marseille: «On souffre dans la rue, explique-t-il de manière laconique. Quand on y reste trop longtemps, les dégâts sont terribles.»

«On arrive à mieux se comprendre»


Après avoir sombré, par le passé, dans l'alcoolisme et une vie d'errance, Bernard Staes, la cinquantaine, travaille comme médiateur dans l'immeuble thérapeutique de la rue Curiol, dans le Ier arrondissement de Marseille, qui accueille depuis bientôt trois ans une douzaine de pensionnaires.

«Quand j'arrive le matin, je leur fais un café, je leur donne aussi du tabac s'ils n'en ont pas, je les écoute…, confie cet homme au regard doux et à la silhouette bonhomme. En somme, j'essaie de les mettre dans les meilleures dispositions possibles avant l'arrivée de l'équipe soignante. Comme je suis un de leurs pairs, comme j'ai vécu les mêmes souffrances qu'eux, on arrive à mieux se comprendre. Ils vont me confier des choses qu'ils ne diront pas forcément au médecin ou à l'infirmière et que je garde bien évidemment secrètes, sauf si leur vie ou celle d'autrui devait être en danger. Mon rôle consiste, non pas à les surveiller, mais à les accompagner dans leur rétablissement.»



Dans l'unité des malades dangereux de Montfavet
02 novembre 2010


Reportage dans l'une des cinq Unités de France où sont traités des schizophrènes et psychopathes auteurs d'actes criminels.


On les aperçoit d'abord par la baie vitrée à travers laquelle s'infiltrent les doux rayons d'un soleil d'automne. En entrant, on distingue une dizaine d'entre eux, concentrés à reprendre en choeur le refrain d'une chanson de Jean-Jacques Goldman. Ambiance bon enfant, contraste saisissant. Parmi eux, trois sont des criminels. Nous sommes au coeur de l'Unité des malades difficiles (UMD) de l'hôpital psychiatrique de Montfavet, à deux pas d'Avignon, l'une des cinq qui existent en France. La structure, ultrasécurisée avec mur d'enceinte, sauts de loup, portiques à l'entrée, portes constamment fermées à clé, tout le mobilier scellé au sol, accueille actuellement 46 hommes dans quatre pavillons distincts.

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Eveil des sens dans tous les sens au théâtre de l'Adret
du 06/11/2010 au 06/11/2010

Domaine Debray,
1 Place Saint Jacques
21200 Beaune France

Le Domaine Debray à Beaune, sera le théâtre d’une pièce d’Ann Rocard In VINOS Veritas.

Découvrez l’histoire du vin au travers de sa psychanalyse !

Une innovation oenotouristique qui aura lieu le : Samedi 6 Novembre à 20 h Le THÉÂTRE DE L’ADRET jouera cette pièce articulée en trois actes qui correspondent à trois séances de psychanalyse qui révèlent la petite enfance, l’adolescence et l’âge mûr du vin. Des personnages bibliques au viticulteur d’aujourd’hui toute une pléiade de personnages donne naissance à des scènes tantôt cocasses, tantôt exaltées, tantôt sérieuses selon les thèmes abordés (mythologie, développement de la viticulture, problèmes actuels…) ou empreintes de poésie malicieuse.

La dégustation des vins du domaine avec des spécialités bourguignonnes sera proposée à chaque entracte.

Public :
ContactElisabeth DESBOIS
Terroir de Bacchus, cabinet spécialisé en oenotourisme
03.80.22.62.58
contact@domaine-debray.fr
www.domaine-debray.fr

dimanche 31 octobre 2010



Défendre l'accès aux soins des étrangers précaires

29.10.10

Après la suppression du droit au séjour pour les étrangers malades, adoptée en première lecture le 12 octobre par l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi Besson, un second projet vient menacer l'accès aux soins des étrangers les plus démunis dans le cadre cette fois de la loi de finances. Les restrictions prévues pour l'Aide médicale d'Etat (AME) sont dangereuses pour la santé publique, financièrement contre-productives et contraires aux valeurs éthiques et déontologiques qui fondent nos actions de solidarité et de soins.

C'est il y a plus d'un siècle, en 1893, qu'a été mis en place un système de protection de la santé des personnes en situation de grande précarité. La plupart d'entre elles ont bénéficié en 1999 de l'inscription dans le dispositif de droit commun : la Couverture maladie universelle (CMU). L'AME reste depuis lors la protection maladie pour les seuls étrangers en situation irrégulière, démunis, et vivant sur notre territoire depuis au moins trois mois. L'accès à l'AME est soumis au même seuil financier que celui de la CMU-complémentaire (634 euros par mois), avec toutefois des prestations réduites.

L'instruction et la gestion de l'AME sont régulièrement vérifiées par les services de l'Etat : Inspection générale des affaires sociales, Inspection générale des finances et Groupe de lutte contre les fraudes du ministère des finances. Seules les Caisses primaires d'assurance maladie peuvent l'accorder, avec des procédures et contrôles stricts. Les rumeurs régulières de fraude à l'AME n'ont jamais été étayées par aucune enquête ou évaluation, contrairement aux difficultés d'accès qui constituent le quotidien des personnes concernées et des associations qui leur viennent en aide.

Pourtant, l'AME est en danger. Des amendements soumis à l'Assemblée nationale viennent remettre en question sa légitimité et son cadre d'application (restriction à des situations d'urgence médicale, exclusion de la médecine de ville, dépôt et instruction des dossiers en préfecture). Réinterrogeons-nous donc collectivement, à l'occasion de ce nouveau débat sur l'AME, sur notre conception du système de protection maladie.

Maintenir un accès continu à des soins cohérents et adaptés pour l'ensemble de la population vivant en France sous le seuil de pauvreté, soit 13 % de la population française, est un impératif de solidarité aussi bien que de santé publique. AME, CMU, CMU-complémentaire et aide à l'acquisition d'une complémentaire santé participent de cet objectif. Renforçons ces dispositifs et défendons l'idée d'un accès aux soins pour les plus pauvres et les plus malades, sans discrimination.

Il faut également conserver et améliorer un système de santé organisé autour de l'offre de soins de premier recours. Assurer des soins, particulièrement auprès d'une population socialement fragile, c'est assurer une coordination médicale, mais aussi sociale et éducative, dont l'absence peut s'avérer lourde de conséquences. Ainsi, ne pas permettre à une femme enceinte sans papiers de bénéficier d'un suivi de grossesse cohérent, c'est augmenter le risque de complications et d'accouchement prématuré, avec ses conséquences humaines et financières.

MAUVAIS SIGNAL


Au moment où la ministre de la santé veut faire de la réduction des inégalités sociales de santé une priorité de la prochaine loi de santé publique, vouloir réduire l'accès aux droits et aux soins pour les plus fragiles est un mauvais signal. En tant qu'acteurs impliqués au quotidien dans la prise en charge de ces personnes, nous ne pouvons souscrire aux restrictions annoncées concernant l'AME. Et ce, pour plusieurs raisons.

De santé publique, d'abord : l'AME est destinée à une population précaire, qui n'accède pas à des soins coordonnés, qui est mal prise en compte dans les stratégies de prévention et qui subit donc de plein fouet tout ce qui concourt à augmenter les inégalités de santé : les freins administratifs et financiers, l'inaccessibilité ou le refus de soins, le barrage de la langue, la mauvaise alimentation et le mal logement. Les populations migrantes et étrangères ont un risque sanitaire accru, particulièrement pendant les périodes de séjour irrégulier, comme le montre l'augmentation en 2009 des dépenses de l'AME consacrées aux maladies chroniques et infectieuses.

Pour des raisons économiques, ensuite. Que pèsent les 540 millions de l'AME par rapport aux 160 milliards de dépenses de l'assurance maladie ? D'ailleurs, la limitation de l'AME à des situations d'urgence et l'exclusion de la médecine de ville et des soins de premier recours ne feraient que renforcer le recours tardif au système hospitalier, plus coûteux.

Pour des raisons éthiques, enfin. Quelles sont les limites du champ de la solidarité du point de vue médical ? La déontologie médicale n'en admet aucune. Le droit à la santé ne peut être lié à la régularité du séjour.

La solution la plus cohérente au regard de cette triple exigence sanitaire, économique et éthique est donc simple : intégrer enfin l'AME dans la CMU pour l'ensemble des personnes, françaises et étrangères, à très bas revenus. Dans l'attente, l'AME reste un dispositif utile et symbolique dans notre système de protection maladie car il souligne à la fois le caractère fondamental de la solidarité dans notre conception de l'accès aux soins, mais aussi l'importance de disposer d'un premier recours efficace et d'en privilégier l'accès pour tous.

Ne nous trompons pas sur les enjeux. Les économies que font espérer les restrictions de l'AME, outre qu'elles ne visent que le très court terme, sont de peu de poids au regard des conséquences sanitaires, sociales et politiques pour notre pays. Au moment où la France s'apprête à prendre la présidence du G20 et alors que l'inquiétude grandit dans le monde quant à la manière dont notre Etat de droit traite les populations précaires, et notamment étrangères, la représentation nationale s'honorerait non seulement en ne restreignant pas la protection maladie pour les plus fragiles, mais en la rendant plus cohérente.

Marie-Pierre Allié, présidente de Médecins sans frontières ;
Olivier Bernard, président de Médecins du monde ;
François Bourdillon, président de la Société française de santé publique ;
Didier Fassin, président du Comede ;
Bruno Spire, président de Aides.

Marie-Pierre Allié, Olivier Bernard, François Bourdillon, Didier Fassin et Bruno Spire



Les médecins soumis au secret professionnel même pour une expertise sur les conditions de travail
29.10.10

Les médecins qui interviennent en entreprise pour le compte de cabinets d'expertise en conditions de travail agissent-ils en tant médecins, et donc soumis au secret professionnel, ou bien comme consultants ? La chambre disciplinaire d'Ile-de-France du Conseil de l'ordre des médecins vient d'y répondre par une sévère mise au point : le 21 octobre, il a prononcé un blâme pour violation du secret professionnel à l'encontre Stéphanie Palazzi, médecin psychiatre collaborant avec le cabinet Technologia, selon l'information révélée par le site Santé & travail.

Lors de l'audience devant le Conseil de l'ordre, Mme Palazzi avait affirmé qu'elle avait agi en tant que collaboratrice d'un cabinet et non comme médecin. La chambre disciplinaire a jugé le contraire. L'intéressée indique qu'elle "réfléchit à l'éventualité de faire appel" de cette sanction.

Après une série de suicides au Technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines), le constructeur automobile et le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) avaient commandé à Technologia une expertise globale sur les risques psychosociaux. L'un des volets consistait à faire une "autopsie psychique" de M. B., ingénieur au Technocentre, qui s'était donné la mort le 20 octobre 2006 sur son lieu de travail.

Pour mener cette "analyse du suicide", comme l'appelle Mme Palazzi, celle-ci avait mené des entretiens avec la famille et l'entourage du salarié pour tenter de cerner son profil psychologique et les causes de son geste. Elle avait exposé ses résultats oralement devant les commanditaires puis les proches et les collègues de M. B. (Le Monde du 9 novembre 2009). Ce processus avait ensuite été appliqué à deux autres cas de suicide.

Selon la décision du Conseil de l'ordre, que Le Monde a consultée, Mme Palazzi a fait des comptes-rendus oraux "en mentionnant les noms des personnes" qui s'étaient suicidées et en "décrivant pour chacune d'elle le contexte psychologique de vie personnelle et professionnelle dans lequel s'est situé le suicide".

VALEUR "PÉDAGOGIQUE"


Or, ces informations s'appuyaient sur des entretiens obtenus "dans des conditions indissociables de sa qualité de médecin". Elle a donc "méconnu son obligation de respect du secret professionnel", même si l'exposé a été présenté oralement et à "titre confidentiel".

Mme Palazzi admet, aujourd'hui, avoir "fait une erreur". Mais, dit-elle, "je ne me suis pas lancée dans ces travaux sans me poser de questions". Elle indique avoir, au préalable, interrogé le Conseil de l'ordre sur son rôle dans le cadre d'une "analyse de suicide" pour le compte d'un cabinet d'expertise.

"On m'a répondu qu'un médecin peut être expert auprès d'un CHSCT, à condition que le cabinet soit agréé" par le ministère du travail, ce qui est le cas de Technologia. Elle en a conclut que ses travaux n'étaient pas soumis au secret professionnel car "dans ce cas contraire, une telle expertise n'a pas d'utilité, dit-elle. C'est là où je me suis trompée."

Pour le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), cette affaire a une valeur "pédagogique". "Cette sanction rappelle à tous les médecins qui mènent des investigations dans les entreprises qu'ils n'échappent pas à la déontologie médicale et en premier lieu, au secret professionnel", souligne Mireille Chevalier, la secrétaire générale du SNPST.

Un rappel utile au moment où de plus en plus de médecins interviennent dans des expertises et où certains médecins du travail sont pressés par des directions de leur divulguer des informations sur des salariés qui se sont confiés à eux.

Francine Aizicovici


Le Medef reconnaît que l'organisation du travail peut aboutir au harcèlement
29.03.10

La négociation sur "le harcèlement et la violence au travail" s'est achevée, vendredi 26 mars au siège du Medef à Paris, par un projet d'accord qui pourrait être signé par l'ensemble des organisations patronales et syndicales. A l'issue de cette ultime séance, les représentants des cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), qui doivent encore consulter leurs instances, ont émis un "avis positif" sur le texte qui comporte sept articles et vient "compléter la démarche initiée par l'accord national interprofessionnel du 2 juillet 2008 sur le stress au travail".


Il s'agit en fait de la reprise, nécessaire, d'un accord-cadre européen sur le même sujet qui date, lui, de 2007. Ces questions ont occupé le devant de la scène sociale et médiatique, notamment en raison de la multiplication des suicides chez France Télécom à la fin de l'année 2009. Syndicats et patronat ont alors multiplié, depuis le mois d'octobre 2009, les réunions pour finir par ce projet d'accord.

Les principaux points de blocage ont été levés in extremis, en particulier par l'acceptation par le Medef de la prise en compte de l'organisation du travail et du management dans les possibles causes de violence et de harcèlement.

Le texte indique que "l'employeur, en concertation avec les salariés ou leurs représentants, procédera à l'examen des situations de harcèlement et de violence au travail (...), y compris au regard de l'ensemble des éléments de l'environnement de travail : comportements individuels, modes de management, relations avec la clientèle, mode de fonctionnement de l'entreprise"...

L'enjeu était principalement là. A l'issue de la réunion, le responsable de la négociation pour le camp patronal, Benoît Roger-Vasselin, vantait un "accord équilibré", le "pas en avant des organisations syndicales" et tenait à rappeler son souhait que "l'organisation de l'entreprise ne soit pas elle-même en cause, puisque le dysfonctionnement peut ne relever que d'un service tandis que les autres fonctionnent normalement, ce qui prouve l'origine individuelle du harcèlement".

Stress et agressions

Le projet d'accord indique que "les phénomènes de stress lorsqu'ils découlent de facteurs tenant à l'organisation du travail, l'environnement de travail ou une mauvaise communication dans l'entreprise peuvent conduire à des situations de harcèlement et de violence au travail plus difficiles à identifier".

Sont aussi présentées les violences entre collègues, les relations avec le public, "les incivilités contribuant à la dégradation des conditions de travail (...) ". Les violences peuvent prendre la forme d'agression verbale, d'agression comportementale, notamment sexiste, d'agression physique... "5 % des viols et 25 % des faits de harcèlement sexuel ont lieu sur le lieu de travail", rappelle ainsi Jean-Louis Malys (CFDT).

Pour les syndicats, ce projet d'accord - qui intervient dans le cadre d'une prise de conscience globale sur les conditions de travail, avec l'accord déjà signé sur le stress, le plan ministériel santé au travail ou les négociations sur la médecine du travail - représente un point d'appui supplémentaire pour les salariés. "L'essentiel est que le patronat ait été obligé de reconnaître que l'organisation du travail et le management étaient quasi systématiquement en cause", souligne Alain Alphon-Layre (CGT), tout en reconnaissant que les organisations syndicales ont négligé longtemps ce dossier : "On s'occupait plus des salaires, on était plus sur le cadre collectif que sur le travail lui-même et l'individu", dit-il.

Les syndicats regrettent toutefois que ce futur accord n'ait pas d'aspect normatif. Le patronat s'y est refusé, préférant se contenter d'insister "sur le rôle fondamental que doivent jouer les branches professionnelles en la matière". Dans deux ans, prévoient les partenaires sociaux, ils se réuniront pour "évaluer la mise en oeuvre de l'accord à tous les niveaux".

Rémi Barroux


Stress au travail : le classement des entreprises
18.02.10

Après une série de suicides à France Télécom, le ministre du travail, Xavier Darcos, avait lancé, en octobre 2008, un plan national d'urgence pour la prévention du stress professionnel incitant les quelque 1 500 entreprises françaises de plus de 1 000 salariés à engager avant le 1er février des négociations ou des démarches sur le stress au travail.


Le ministère a donc mis en ligne, jeudi 18 février, sur le site consacré à "la santé et la sécurité au travail" Travailler-mieux.gouv.fr, les listes des entreprises classées en fonction de leurs efforts dans la prise en charge du stress.

Les entreprises se répartissent entre trois catégories : "vert" (celles qui ont déclaré avoir signé un accord de fond ou de méthode), "orange" (celles qui ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations ou de discussions) et "rouge" (celles qui n'ont rien entrepris ou n'ont pas répondu au questionnaire soumis par le ministère). Les deux premières catégories comptent 900 entreprises (respectivement 55 % et 33 %), 600 n'ont pas répondu et sont automatiquement classées dans "rouge".

Dans la catégorie "orange", la plus mystérieuse, se situent France Télécom, Décathlon, Sony France, Mars Chocolat, ou encore Sephora.

Pour Jenny Urbina, déléguée générale CGT chez Sephora, la couleur orange n'est due qu'à l'urgence dans laquelle s'est retrouvée la direction. Selon elle, il n'était pas possible de signer les accords : absence de médecin du travail, documents élaborés "à la va-vite". A ses yeux, les projets d'accords transmis étaient "scandaleux". Pas de médecins ni d'enquête en interne. Or les problèmes semblent nombreux : sous-effectifs, horaires difficiles, vie personnelle et familiale négligée. Et "chez Sephora, nous avons 90 % de femmes", précise-t-elle.

La démarche aura donc évité au géant de la parfumerie de se retrouver dans le rouge, prouvant, grâce à deux réunions, qu'un accord est en cours d'élaboration. "Ils ont juste limité la casse", conclut-elle.

Pour Jean-Claude Delgènes, DG de Technologia, qui a mis au point le questionnaire destiné aux entreprises, la couleur rouge est très dissuasive. Les tribunaux seront sans pitié pour les entreprises traînées au pénal, les partenaires sociaux ne laisseront rien passer et les candidats à l'embauche exigeront des garanties.

En ce qui concerne les entreprises à propos desquelles un professeur aurait dit "peut mieux faire" (les classées "orange"), elles sont inscrites dans une dynamique, explique M. Delgènes. "La dynamique respecte le rythme propre aux entreprises. Elle s'inscrit dans le long terme." Même chose si l'entreprise a les honneurs du vert ; elle ne devra pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Si les partenaires sociaux montent au créneau, elle pourra très bien retomber dans l'orange, ou dans le rouge. Une stratégie du "name and shame" ("nommer et faire honte"), explique Xavier Darcos dans Paris Match, qui "a des conséquences sur leur image". Le bonnet d'âne n'est pas loin.




Société
28/10/2010


La prison sommée de se refaire une santé

Soins . «Libération» s’est procuré le texte du plan gouvernemental sur la médecine en détention.

Par SONYA FAURE

S’assurer que les préservatifs soient accessibles aux détenus, permettre le dépistage des cancers du sein ou du col de l’utérus pour les femmes incarcérées, rendre automatique un examen bucco-dentaire dès l’arrivée en prison… et faire en sorte qu’un principe plusieurs fois répété soit enfin effectif : les détenus doivent bénéficier de la même qualité de soin que ceux du dehors. Libération s’est procuré le «plan d’actions stratégiques pour la prise en charge sanitaire des personnes détenues 2010-2014» que doivent présenter cet après-midi les ministres de la Santé et de la Justice.

D’abord, un constat sans appel : on est davantage malade en prison. Les prévalences des infections par le VIH et l’hépatite C sont plus élevées chez les personnes détenues (1,04% pour le VIH et 4,2% pour l’hépatite) que dans la population générale (0,23% et 0,84 %). «L’incidence de la tuberculose y est 8 à 10 fois supérieure», lit-on aussi dans le préambule. Et les auteurs reconnaissent : «Le choc carcéral et l’épreuve de l’enfermement sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé

Suicides. Tranchant avec l’ergotage de l’administration pénitentiaire, le texte assène : «Les personnes détenues se suicident 6 fois plus que les hommes libres âgés de 15 à 59 ans. Les données récentes montrent une augmentation des actes auto-agressifs dans les établissements pénitentiaires : 2 599 tentatives de suicides et 2 426 automutilations ont été comptabilisées en 2009 (contre 1 699 et 2 187 en 2008).» Le texte prévoit des études épidémiologiques, l’amélioration des données sur le phénomène suicidaire et, en 2012, un plan pluriannuel de mise en conformité des prisons avec la réglementation en matière d’hygiène, de sécurité et de salubrité.

«Le ministère de la Santé va enfin mettre son nez dans les conditions de vie des détenus. Il aurait pu aller encore plus loin et ne pas "cogérer" avec l’administration pénitentiaire les questions de santé en prison, notamment la prévention du suicide : il ne réaffirme pas l’importance du secret médical en prison», commente François Bès, de l’Observatoire international des prisons. «Depuis une réforme de 1994, l’hôpital est arrivé dans la prison. Mais des blocages sont vite apparus, rendant l’accès aux soins souvent théorique, explique-t-il. L’hygiène des locaux, le manque de soins dentaires, la problématique de la mise aux normes des lieux de soins somatiques… tout est enfin mis noir sur blanc avec ce plan, qui donne un programme précis pour y remédier d’ici 2014. L’éventail des thèmes abordés est large : de l’intimité de la vie sexuelle à l’immatriculation à la sécurité sociale.» Bémol, toutefois : «Le plan laisse aux UHSA [unités hospitalières spécialement aménagées, ndlr], ces nouveaux hôpitaux-prisons, le soin de s’occuper des malades psychiatriques. On ne sort pas du principe d’enfermement.»

Seringues. Ce plan reprend une expertise de l’Inserm qui recommandait de «pallier les carences constatées en France : distribution d’eau de Javel [pour désinfecter les seringues], accès aux préservatifs, aux matériels stériles liés à la toxicomanie». Sans donner de méthode et de calendrier précis. «Alors que le plan est très précis sur les mesures pour éviter la contamination lors des tatouages, il ne dit rien sur les échanges de seringues : ça dérange. C’est pourtant ce qui a réussi à diminuer les contaminations, dehors, dans les années 90 ! s’agace Laura Petersell, d’Act Up. Pour le reste, ce plan est une mascarade, il ne fait que dire : "Il faut appliquer le droit en prison."On oublie juste de rappeler que la prison n’est pas un lieu de soin et qu’il faut appliquer les suspensions de peines prévues pour les malades.»





Société
28/10/2010


Paris malade de sa carence en infirmières

L’hôpital Tenon, comme une grande partie des établissements parisiens, est à court de personnel. Une pénurie permanente.

Par ERIC FAVEREAU

C’était vendredi. Un nouveau rassemblement du personnel devant l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris. Le dixième du même genre. Une petite foule. «Depuis quatre semaines, l’hôpital est en grève pour une remise à niveau des effectifs et une réelle amélioration des conditions de travail», expliquait avec force le responsable CGT. Et il ajoutait : «Hier, les patients de dialyse ont dû être transférés par manque de personnel, cinq infirmières se trouvant en arrêt maladie.» Le scénario classique ? Celui d’un banal conflit comme il y en a régulièrement dans les milliers d’établissements de santé en France, toujours à vif ? Pas si sûr… Car ce qui se passe à l’hôpital Tenon est emblématique d’une radicalisation de certains mouvements sociaux à l’hôpital, en particulier chez les infirmières.

Tenon, comme les autres établissements parisiens, est en pleine restructuration. Il doit se regrouper avec les hôpitaux Saint-Antoine, Rothschild et l’hôpital pédiatrique Trousseau. Tout cela est logique, mais voilà, à Paris, il manque des infirmières. Et tout devient plus aigu. Les causes de cette pénurie sont nombreuses, mais la première est la difficulté de trouver un logement dans la capitale avec un salaire d’infirmière.

Plus de 10% de postes sont ainsi vacants à l’hôpital Tenon : 58 postes sur 600. Et cela tend à augmenter. Très logiquement, pour essayer d’y faire face, la direction de l’établissement fait régulièrement fonctionner le robinet des intérimaires. En même temps, il existe une équipe d’infirmières suppléantes qui tourne dans les services au gré des besoins. On se débrouille, mais les tensions restent palpables. «C’est bien sûr aux urgences que les choses se compliquent. Et en particulier dans les équipes de nuit, explique le professeur Etienne Hinglais, chef du service des urgences, mais aussi membre de la commission médicale d’établissement (CME) de toute l’Assistance publique de Paris. On travaille dans de mauvaises conditions, les gens sont fatigués. En plus, les locaux ne sont pas adaptés. Et le nouveau bâtiment n’est toujours pas prêt.»

Prime. A Tenon, ce sont de grosses urgences: 45 000 passages par an. Déjà l’année dernière, une grève des infirmières avait éclaté. «Celles qui travaillent disent, non sans justesse, que vu le contexte et la surcharge de travail, il serait normal qu’elles soient aidées financièrement.» A l’époque, une petite prime avait été accordée. Mais rien n’a vraiment changé. Pis, la direction a même de plus en plus de mal à embaucher des intérimaires. «Au point que le week-end, 25% des infirmières sont intérimaires», s’alarme le professeur Hinglais.

Début octobre, les syndicats de l’hôpital Tenon annoncent le dépôt d’un préavis de grève. Le matin du samedi 2 octobre, veille de la Nuit blanche et jour de manifestation dans les rues de Paris, cinq infirmières sont attendues aux urgences. Quelques minutes avant la prise de leur service, trois infirmières appellent pour dire qu’elles sont en arrêt maladie. «C’est inédit», note le Pr Hinglais. Il est rarissime que des infirmières aillent aussi loin, au risque de mettre en danger la santé des malades. «Pour nous, cela a été un choc, suivi d’un branle-bas de combat, poursuit le chef de service. Les aides soignantes étaient toutes présentes, on a dispatché les malades du service porte [l’arrivée des urgences, ndlr] vers les autres services, puis les médecins se sont mis en première ligne aux urgences et on a renvoyé les patients vers les autres hôpitaux.» Ce qui, au passage, a désorganisé les hôpitaux voisins. Mais il n’y a pas qu’aux urgences de Tenon que le conflit s’est durci. En radiothérapie, en oncologie et en dialyse également. «Il y a un tel manque d’infirmières que tout le monde en souffre, raconte un autre chef de service. Il arrive que le matin même, sans préavis, certaines infirmières soient déplacées vers d’autres services. Avant, il y avait une équipe tournante ; maintenant, elle est inexistante.»

«Dantesque.» «Tout se tient, poursuit le Pr Hinglais. Faute d’infirmières, plus de 5% des lits de Tenon sont fermés. Donc cela devient absolument dantesque pour arriver à hospitaliser en urgence une personne âgée. On est à deux doigts de l’accident.» Dans ce contexte, une grande majorité de médecins de Tenon a signé un appel commun. Où ils notent : «Le manque d’effectif est compensé depuis de longs mois par les efforts du personnel en place. Il est fréquemment arrivé que le personnel infirmier reste en poste plusieurs heures supplémentaires, faute de relève. Devant cette situation, la direction du personnel a recours à des infirmiers intérimaires. Ce recours, couramment utilisé pendant les périodes de congés depuis quelques années, se généralise durant toute l’année, particulièrement aujourd’hui. Le personnel intérimaire ne peut pas assurer les mêmes prestations quand ils ne connaissent ni les locaux ni les spécificités des services auxquels ils sont affectés. De ce fait, il est arrivé que des infirmiers intérimaires, recrutés en réanimation ou en soins intensifs, refusent d’assurer leur mission, considérant qu’ils n’avaient pas la formation suffisante pour l’assurer sans danger pour les patients, laissant le personnel soignant du service en sous-nombre.» Et ils concluent : «Le personnel soignant se sent pris dans une spirale infernale : maintien du nombre de patients entrants, diminution du nombre de lits disponibles, engorgement des services, épuisement prévisible des équipes ! A ce jour, l’hôpital Tenon connaît une crise inédite qui menace de compromettre la qualité et la continuité des soins.»

En attendant, la grève se poursuit et les discussions se succèdent entre les syndicats et la direction. Dernier malentendu en date : mardi, ils devaient être reçus par la nouvelle directrice de l’Assistance publique, mais ils ont dû se contenter de la DRH.



Les tailleurs de pierre de Blombos
29.10.10

Vous manifestez parfois un mépris condescendant pour les hommes des cavernes ? Essayez donc de tailler un silex. L'affaire est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. Car il ne s'agit pas de cogner comme un sourd sur un caillou : les préhistoriens identifient un vaste éventail de techniques de débitage et de taille de la pierre. L'une des plus précises et des plus raffinées était présumée avoir été inventée tardivement en Europe, voilà quelque 20 000 ans. Las ! Cette prérogative n'est plus européenne : des archéologues et préhistoriens démontrent, dans l'édition du vendredi 29 octobre de la revue Science, que cette technique très élaborée, dite de "retouche par pression", est en réalité apparue il y quelque 75 000 ans, en Afrique australe.

Cette technique, jusqu'ici caractéristique de la culture dite solutréenne, consiste à exercer de fortes pressions sur la pierre à tailler, à l'aide d'instruments sans doute en os ou en bois de cervidés. Ces pressions successives sur les bords de la pierre permettent d'enlever de petits éclats et d'obtenir ainsi des objets d'une grande finesse, pointes de flèche ou de lance très aiguës et tranchantes. Si régulières et si belles que "ce sont presque des oeuvres d'art", dit la préhistorienne Paola Villa (université du Colorado à Boulder, laboratoire Pacéa à Bordeaux). Or, des pointes ressemblantes avaient été découvertes voilà plusieurs années dans la grotte de Blombos (Afrique du Sud), fouillée depuis le début des années 1990.

Mais de vagues ressemblances ne démontrent rien. D'autant que "les pierres utilisées à Blombos ne sont pas faites en silex, comme c'est le cas en Europe, mais en silcrète", dit Mme Villa, coauteur de ces travaux. Les caractéristiques de ces deux roches étant différentes, des techniques identiques ne produisent pas nécessairement les mêmes résultats. Aussi, pour en avoir le coeur net, les chercheurs ont taillé du silcrète en reproduisant la technique de retouche par pression.

"Retouche par pression"

En outre, avant de les travailler, les chercheurs ont chauffé les pierres pour les attendrir, comme le faisaient les "Européens" il y a 20 000 ans, c'est-à-dire "en les plaçant dans le sable, sous les foyers", explique Vincent Mourre (Institut national de recherches archéologiques préventives), principal auteur de l'étude. Ayant appliqué au silcrète l'ensemble des techniques réputées être nées en Europe au paléolithique supérieur, les chercheurs obtiennent un résultat remarquablement comparable aux pierres taillées il y a 75 000 ans par les hommes de Blombos. "En particulier, nous avons étudié la taille et l'abondance des éclats retrouvés dans la grotte et nous les avons comparés à ceux obtenus en taillant les pierres nous-mêmes selon cette technique", raconte Vincent Mourre. L'étude au microscope des outils modernes et anciens a achevé de convaincre les chercheurs : la "retouche par pression" n'a pas été inventée il y a 20 000 ans en Europe, mais il y a 75 000 ans en Afrique.

Y a-t-il une filiation entre les deux techniques ? "C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre pour le moment, répond Mme Villa. Nous avons un trou d'environ 50 000 ans au cours desquels on ne retrouve pas d'objets taillés avec cette technique. Des outils découverts en Russie, sur un site daté de 35 000 ans, ont peut être été obtenus grâce à cette technique, mais il resterait encore un vide de 40 000 ans..." Peut-être la mémoire de cette technologie africaine a-t-elle simplement disparu, avant d'être "réinventée", beaucoup plus tard, en Europe.

Quelle que soit la réponse, le site de Blombos dépossède une fois de plus l'Europe de l'une de ses fières prérogatives. On pensait que l'art était apparu en Europe voilà quelque 30 000 ans, avec les peintures rupestres comme celles de la grotte Chauvet : des parures de coquillages anciennes de plus de 70 000 ans, sans doute portées en collier, ont été récemment découvertes à Blombos. D'où les archéologues ont aussi exhumé des petits blocs d'ocre inscrits de motifs géométriques, signe d'une vie spirituelle de ses auteurs car, comme le dit M. Mourre, "ces petits objets n'étaient nullement nécessaires à la survie matérielle du groupe".
Stéphane Foucart



Un sondage montre l'acceptation massive de l'euthanasie en France
30.10.10

L'immense majorité des Français se déclare favorable à une loi sur l'euthanasie dans certains cas, comme une de maladie incurable, selon un sondage CSA publié, samedi 30 octobre, dans Sud-Ouest. Selon cette enquête, 94% des personnes interrogées se disent pour une telle loi. En 2001, ils étaient 88%.

Si la progression est impressionnante, l'adhésion à l'idée d'une autorisation de l'euthanasie dépend fortement de la religion : 97% des personnes sans religion se déclarent favorables à une telle loi, contre 82% des catholiques pratiquants et 58% des musulmans.

De même, si les sondés sont en faveur d'une telle possibilité, ils souhaitent qu'elle soit strictement encadrée : 58% souhaitent que l'euthanasie soit possible "dans certains cas", 36% qu'elle "devrait s'appliquer à toutes les personnes atteintes de maladies insupportables et incurables".

Sondage réalisé par téléphone du 21 au 22 octobre sur un échantillon représentatif de 956 adultes selon la méthode des quotas..
AFP
Héros contemporains et psychanalyse
http://heroscontemporainsetpsychanalyse.wordpress.com/

Zelda, Link ou la bisexualité psychique ?


Zelda et Link sont des personnages des jeux vidéos “The Legend of Zelda” produit par Nintendo dont le premier titre est sorti en 1986.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser au travers du nom de ce jeu, le joueur incarne un jeune homme se nommant Link dans la plupart des épisodes de la série. Ce personnage doit sauver la Princesse Zelda, le plus fréquemment enlevée par le Seigneur Ganondorf. Afin de sauver Zelda, Link sera amener à affronter des monstres dans différents donjons lui permettant d’obtenir des armes. Il est toujours muni en début d’aventure d’une épée et d’un bouclier.

Une des principales quêtes est aussi de retrouver “Excalibur”, l’épée pouvant sauver la princesse Zelda.

La tryade Oedipienne est retrouvée au travers de Zelda, Ganondorf et Link. Le symbole même du jeu est la “triforce”, représentant les qualités principales du guerrier. La “force” pour Ganondorf, celui contre qui doit s’opposer Link qui a le “courage”, enfin la “sagesse” revient à la mère : Zelda.

Au-delà d’une question Oedipienne retrouvé à travers la rivalité entre Link et Ganondorf, afin d’être l’objet d’amour de Zelda, d’autres questions se posent sur l’identité sexuelle des personnages.

En premier lieu, on peut constater que chaque joueur de “The legend of Zelda” a effectué l’erreur : parler de Link en utilisant le nom de Zelda. La différenciation entre les deux personnages semble fragile. Link est le personnage auquel le joueur s’identifie, mais il est également le “lien” avec d’autres personnages.

Selon Freud (Dans “Trois essais sur la théorie sexuelle” 1905) : “tout être humain aurait constitutionnellement des dispositions sexuelles à la fois masculines et féminines se retrouvant dans les conflits que le sujet connaît pour assumer son propre sexe”  (“Vocabulaire de la psychanalyse”). Freud vient à penser, grâce à Fliess, qu’il y a un hermaphrodisme psychique. Cette notion de bissexualité nous permettrait de comprendre les identifications oedipiennes au sexe opposé.

Zelda est donc une femme, mais tout le monde l’a déjà confondu avec un homme (Link). D’autant plus que “Ocarina of time”, Zelda se déguise en Sheik, un jeune homme qui aide Link.

Le titre du Jeu Vidéo le rappelle, l’aventure vécue par le joueur est une “Légende”. La bisexualité a toujours eu une place importante dans les mythes et les religions. Zelda représente l’homme et la femme, divinité suprême considérée comme androgyne amenant la création du monde (un exemple de personnages androgynes dans les trois religions monothéistes sont les anges, dépourvu de sexe, ils sont les êtres les plus proche de Dieu). Les androgynes étant considérés pour certaines cultures les liens entre les humaines et dieux.
Au-delà de ceci, Zelda serait-elle transexuelle? Comme l’explique Mormont ( “Blanche-neige était-elle transexuelle?”Michel, Mormont, 2002 ), à travers la passation du Rorschach (Méthode Exner), il a pu constater un “Snow White Syndrom” constaté chez les transexuelles. Ce Syndrome, définit par Exner, serait l’expression d’une propension à se réfugier dans la passivité et dans l’imaginaire pour fuir les difficultés de la vie.

Zelda fuit en quelque sorte à chaque nouvelle aventure, et se trouve dans une position passive, attendant que Link vienne la sauver. La seule fois où Zelda fut active, c’est lorsqu’ellle devint Sheik




Être soigné par une infirmière-robot, ça vous dit ?
28/10/2010

Elle s'appelle Actroid-F et elle est le premier robot androïde destiné aux service médicaux. Ses capacités d'actions et ses expressions faciales sont ultra réalistes, elle est programmée notamment pour prodiguer des soins à des patients. Elle a été conçue par Yoshio Matsumoto, un chercheur de l'AIST (Institute of Advanced Industrial Science and Technology), pour être utilisée dans les hôpitaux mais aussi dans n'importe quelle endroit de contact. Cette androïde est capable de reproduire des expressions typiquement humaines (cligner des yeux, sourire ou froncer les sourcils) et surtout elle peut interagir avec ceux-ci. Ses expressions faciales peuvent être contrôlées par un PC.

Mais le robot est aussi capable d'imiter et de reproduire à la perfection les expressions et les mouvements humains qu'il perçoit dans son intelligence artificielle. Portable et léger, il peut être rechargé grâce à de simples batteries. Rarement un robot n'avait atteint un tel niveau de ressemblance. A tel point que ça en devient presque flippant...

Les infirmières vont faire la gueule


Actroid-F est destinée au domaine médical. Elle peut servir d'aides aux personnes âgées et aux handicapés ainsi qu'aux enfants hospitalisés. A ce stade de sa création, l'androïde n'est bien sûr pas encore prête à assurer toutes les fonctions d'une infirmière "humaine". Mais elle a été développée dans ce but.

Reste à savoir ce qu'en pense les infirmières, pas certain qu'elles soient ravies de se faire piquer un job, déjà pas super bien payé, par un robot japonais...

Voir la vidéo ici

mercredi 27 octobre 2010




IMAGES DE LA FOLIEC. QUÉTELGallimard Albums Beaux Livres
188 pages
Prix : 49 euros


 Présentation de l'éditeur :

Aucune maladie n'a été plus porteuse d'iconographie que la folie. Le mot lui-même a toujours été ambivalent, signifiant à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du mot. Les artistes se sont engouffrés dans la brèche en jouant sur les deux tableaux. Des pures allégories de la folie comme La Nef des fous, on a cependant tôt fait d'arriver à des représentations où la pathologie a déjà sa place. C'est néanmoins avec la naissance de la psychiatrie, à l'orée du XIXe siècle, que les images de la folie se multiplient : peintures édifiantes, types d'aliénés, scènes de la vie asilaire... L'asile, voulu comme un instrument de guérison, se transforme en vision d'épouvante à travers les images-reportages de ses cours et de ses dortoirs, de ses médications et de ses appareils de contention.
L'iconographie de la folie s'exprime aussi dans les représentations de maladies «vedettes» comme l'hystérie, dans le regard des artistes à diverses époques, dans les figurations d'une antipsychiatrie aussi ancienne que la psychiatrie elle-même. Enfin, les fous eux-mêmes font oeuvre dans l'expression de l'art brut.
Au total, ces images constituent une véritable histoire de la folie, d'une folie qui, rapidement débarrassée de ses oripeaux allégoriques, apparaît en dépit de la diversité de ses représentations comme ce qu'elle a été de tous temps : une maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société.

L'historien Claude Quétel a publié une Histoire de la folie, de l'Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), qui constitue la synthèse de nombreux travaux publiés sur l'histoire de la folie, le plus souvent en collaboration avec des psychiatres (notamment la Nouvelle histoire de la psychiatrie, dirigée avec le Dr Jacques Postel).





Société
26/10/2010
«Ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet»
RECUEILLI PAR FÉLIX PENNEL

La télémédecine dispose désormais d'un cadre juridique : un décret qui vient d'être publié au Journal officiel réglemente à partir d'avril 2012 des activités telles que téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale ou téléassistance médicale.

Révolution ou simple reconnaissance de ce qui se fait déjà? Le docteur Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes MG France, opte pour le second choix.

La téléconsultation marque-t-elle un tournant pour la médecine en France ?

Déjà, je ne suis pas favorable à l'emploi de ce terme de «téléconsultation». Ce n'est qu'une façon de résumer les choses. En fait, dans les cabinets médicaux, nous avons tous les jours des appels téléphoniques de patients qui ont des questions. Nous, médecins, leur donnons des conseils pratiques et d'orientation vers tel ou tel spécialiste.

Donc oui, ce décret est intéressant parce qu'il reconnaît ce que nous faisons déjà depuis longtemps. Mais concrètement, ça ne s'appliquera qu'à quelques situations particulières. Par exemple sur une île sans médecin ou en montagne, ce système va permettre de rassurer, de prodiguer des conseils précis grâce aux images retransmises. Mais ça ne remplacera absolument pas la consultation.

Est-il possible de tirer un diagnostic précis d'une «consultation» par Internet ?

Ce système ne permet aucun diagnostic. Bien sûr, si par exemple, une mère signale que son enfant a la varicelle, une description des boutons nous permet de le confirmer. Mais si un patient signale qu'il est anormalement essoufflé, on ne peut rien faire. Un médecin doit le voir pour l'examiner et faire le diagnostic.

C'est pour ça que le terme «téléconsultation» n'est pas approprié, ce n'est pas une consultation.

Quels sont les avantages et les inconvénients d'un «Internet médicalisé» ?

Cela va faciliter l'accès à la santé et permettre aux médecins qui seront en contact avec les patients de donner un degré d'urgence face à un problème.

Mais depuis qu'Internet existe, beaucoup de gens viennent nous voir avec des informations qu'ils ont trouvées, et ne comprennent rien à ce qu'ils ont pu lire. Il ne suffit pas d'avoir les informations, il faut aussi avoir l'interprétation. Nous verrons comment ça se met en place.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour l'autoriser ?

Parce qu'en France on a toujours du retard... Dans les pays anglo-saxons ça existe déjà depuis longtemps. Chez nous c'est toujours soit bon, soit mauvais. On a peur du changement, alors on a attendu.

Pourtant le monde ne va pas changer. Ce n'est pas de la médecine à distance mais bien du conseil. Et ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet ou téléphone comme dans un cabinet.





APRÈS LA PARUTION DU DÉCRET TÉLÉMÉDECINE

La e-consultation : fantasme ou réalité ?

Floue sur certains points, la toute fraîche réglementation de la télémédecine laisse le champ libre à l’interprétation, notamment pour ce que sera – ou ne sera pas – une téléconsultation.

LA PARUTION à la fin de la semaine dernière du décret organisant la télémédecine (« le Quotidien » du 25 octobre) a suscité de nombreux commentaires dans les médias, certains voyant déjà pour demain la téléconsultation d’un patient par un médecin via Internet, avec rédaction d’une e-ordonnance et télépaiement à la clé. À l’origine de cet emballement, un certain flou dans l’interprétation de la nouvelle réglemenation. Que dit le décret en cause ? « La téléconsultation a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation. »

À l’Ordre des médecins, le Dr Jacques Lucas, vice-président en charge des questions de télémédecine remet les pendules à l’heure. Pour lui, la téléconsultation dispose essentiellement de deux champs d’application. Soit le patient est suivi régulièrement par le médecin dans le cadre d’une pathologie de longue durée, et après élaboration d’un protocole de télésuivi, il peut lui télétransmettre directement des résultats d’analyse par exemple, ou un électrocardiogramme, ou encore une radiographie dans le cadre de ce suivi. Soit le patient est en consultation chez un autre professionnel de santé ou dans un établissement de santé, et il est demandé à un médecin extérieur d’analyser à distance des symptômes, ou des résultats d’analyses. En dermatologie par exemple, la télétransmission de l’image d’une plaie peut aider au diagnostic.« La téléconsultation, ce n’est pas un diagnostic fondé sur les déclarations fournies par le patient, continue Jacques Lucas, c’est un examen médical différent basé sur l’analyse de données objectives. »

Il n’est donc pas question pour le moment d’imaginer qu’un patient puisse se connecter au cabinet d’un médecin pour lui décrire ses symptômes, encore moins que le médecin rédige une ordonnance et que le patient paye cette téléconsultation. « Non que nous y soyons opposés, précise le Dr Lucas, mais le décret ne prévoit pour l’instant rien de tel et il nous semble que si des évolutions doivent y être apportées, elles doivent se faire petit à petit, en prenant en compte le seul intérêt du patient. »

Accélération.

Mais au chapitre des évolutions futures que pourrait connaître la téléconsultation, le Pr Guy Vallancien a quelques idées. « Les choses vont s’accélérer, prophétise-t-il, car la téléconsultation est l’une des réponses à la désertification médicale et à l’encombrement des cabinets qui en résulte. » Guy Vallancien, qui a rédigé de nombreux rapports à la demande des pouvoirs publics, tant sur les maisons de santé pluridisciplinaires que sur la réforme des hôpitaux ou la rémunération des médecins, est également le père du projet expérimental de cabinet médical mobile. Il prend l’exemple du Canada où certains médecins ont une patientèle disséminée sur des territoires de plusieurs centaines de kilomètres carrés. « Dans chaque village, continue-t-il, des professionnels de santé spécialement formés, et de niveau master, vont voir les malades, procèdent aux examens et analyses nécessaires, et télétransmettent les résultats au médecin qui pose alors son diagnostic et fait sa prescription. »
Mais Guy Vallancien, jamais en retard d’une avancée potentielle, voit encore plus loin et estime que la téléconsultation directe, sans l’intervention d’un autre professionnel de santé, verra le jour tôt ou tard. « Ca n’est pas pour demain, reconnaît-il, et tout dépendra des corporatismes qui se manifesteront. » Mais il en est persuadé,si les collectivités locales investissent dans des bornes Internet, les progrès de la technologie rendront un jour la chose possible. « Les Français vont comprendre qu’on ne perd pas nécessairement de lien humain par Internet, conclut-il. Parfois même, les patients se confient plus en écrivant leurs symptômes ou en les décrivant par webcam interposée. »

HENRI DE SAINT ROMAN

Le Quotidien du Médecin du : 27/10/2010

 


La figure du psy dans les séries

Psychiatres, psychologues, psychanalystes, thérapies courtes, de couple, de groupe… : nombreuses sont les séries télé qui intègrent à leur intrigue un personnage de thérapeute, régulier ou occasionnel. Mais si les années 2000 ont marqué l’apparition du psy comme possible figure centrale de la série (In Treatment, Huff, State Of Mind, Tell Me You Love Me, Head Case, Lie To Me), certaines avaient déjà exploré cette voie quelques années auparavant (The Bob Newhart Show, Sessions). Aujourd’hui, rares sont les séries dont les personnages ne sont pas amenés, à un moment ou à un autre, à livrer leurs tourments dans le secret d’un cabinet de psy

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La Parole et la mort
, comment une société humaine est-elle possible?
Moustapha Safouan
Essai
Paru en 10/2010

Les questions relatives à l’essence des choses et à leur définition tournent court. Il est préférable de leur substituer celles concernant leurs relations. « Qu’est-ce que l’inconscient ? » devient : quelles sont les relations de l’inconscient au signifiant, à la vérité, au savoir, aux lois universelles de la parole et, last but not least, à l’objet de la pulsion telle que Freud l’articule dans sa métapsychologie ?

Mais encore : en quoi ces relations nous renvoient à notre situation au sein du langage ? Quel est le sens qu’elles donnent à la division du sujet ? et non pas du moi, ce dernier étant l'instance où s'investit le leurre de l'unité.

Ces questions sont traitées dans cette réédition de La Parole ou la Mort dont la première édition portait plus particulièrement sur les lois universelles de la parole, en tant qu’elles constituent les conditions des possibilités de la société humaine. Ce changement du centre de gravité du livre a entraîné des modifications substantielles ; il ne serait pas exagéré de parler d’un nouvel ouvrage.

Moustapha Safouan est analyste, formé au sein de la Société Psychanalytique de Paris. Il a été parmi les premiers à suivre l’enseignement de Lacan dès ses débuts, en 1951, ce qui lui a permis de mesurer combien cet enseignement renouvelait la pratique et la théorie psychanalytiques. Parmi ses nombreux ouvrages : L’Inconscient et son scribe (Seuil, 1982) et Le Langage ordinaire et la Différence sexuelle
(Odile Jacob, 2009).





Traité du bas de l'être
Jean Broustra

Essai 
Paru en 10/2010

Le traité du bas de l'être est un essai sur les modalités contrastées entre le bas et le haut, le lourd et le léger, le corporel et le spirituel. Inscrit dans la tradition occidentale, tel le Traité de la concupiscence de Bossuet ou le célèbre livre de Bachelard L'air et les songes, il accorde une place privilégiée à la philosophie (d'Héraclite à Deleuze), à la psychanalyse, à la poésie. Plusieurs pratiques sont données en référence, à partir de l'expérience de l'auteur dans la médecine psychiatrique, la psychanalyse, la psychothérapie en ateliers d'expression, l'écriture dans la tenue de carnets personnels et la publications de romans. Loin d'être conceptuel et abstrait, cet ouvrage relate une histoire de vie à la recherche d'une pensée, d'un sens, par le jeu de la transmission mais aussi par la prise de risque d'une nécessaire invention.

Jean Broustra est psychiatre, psychanalyste, écrivain. Ancien chef de clinique (Bordeaux 2), il est formateur en thérapeutiques d'expression.

magicmaman.com
http://www.magicmaman.com/,les-fessees-rendraient-les-enfants-anxieux,2222,1663349.asp

Les fessées rendraient les enfants anxieux


La chercheuse en psychiatrie de l'Université de Montréal Françoise Maheu a rendu les premières conclusions de sa grande enquête sur la fessée. Elle vient confirmer ce que plusieurs autres études avaient déjà démontré au préalable : « des pratiques courantes comme donner la fessée ou punir avec excès (...) ne permettent pas d'inculquer une bonne discipline. Au contraire, il y a des effets psychologiques sur les enfants.» Les fessées développeraient en effet selon elle l'anxiété des enfants.

La chercheuse fait bien la distinction entre les fessées fréquentes qui visent à punir l'enfant et la maltraitance ou l'abus physique.

Pour mener à bien cette étude, Françoise Maheu et son équipe a suivi près de 2 500 enfants de 5 mois à 12 ans. «Nous avons découvert que de cinq à sept pour cent des femmes qui ont de nombreuses pratiques parentales coercitives alors que leur enfant est âgé de cinq mois les conservent au fil du temps, indique Françoise Maheu. D'où l'importance d'intervenir le plus tôt possible afin d'avoir un effet à long terme sur le bien être des jeunes.»




Une nouvelle forme de harcèlement
Par Vincent Olivier
04/10/2010

Les médecins ont défini un harcèlement ni sexuel ni professionnel : la "traque furtive".

Le "stalking": c'est ainsi que les Anglo-saxons appellent cette forme de harcèlement (littéralement: le fait de traquer quelqu'un) que les Français ont traduit par "traque furtive". Ce terme est apparu durant les années 90 pour qualifier, notamment, les admirateurs de célébrités en tous genres qui harcèlent ces dernières à coups de coups de fil, lettres ou même de cadeaux non demandés! 

Si, aux Etats-Unis, ce comportement est réprimé sur le plan légal, il n'en va pas de même en France: les seules formes de harcèlement reconnues par le code pénal sont d'ordre sexuel et professionnel. Impossible, donc, pour les victimes de porter plainte quand ce harcèlement n'est pas accompagné de menaces. 

"J'ai vu arriver aux urgences des personnes brisées par le stalking", explique le Dr Nicolas Dantchev, chef de clinique dans le service de psychiatrie de l'Hôtel-dieu à Paris, qui est intervenu sur ce thème dans le cadre des Entretiens de Bichat qui se sont achevés ce week-end à Paris. "Des gens traqués pendant des années, détaille-t-il, qui ont reçu des centaines de lettres, ont été épiés, pris en filature, parfois même obligés de déménager plusieurs fois." 

Les femmes premières victimes


Le plus souvent, le "stalker" est un ex-partenaire qui n'a pas accepté une rupture amoureuse. Parfois "l'histoire n'a même tout simplement jamais eu lieu, le stalker s'est imaginé quelque chose et a, ensuite, le sentiment d'avoir été trahi", note le Dr Dantchev. Mais la victime peut être également un collègue de travail, un supérieur hiérarchique voire... le psychiatre qui a suivi, un temps, cette personne! 

S'il n'existe pas, à proprement parler, de "profil type" du stalker, on peut néanmoins dégager quelques grandes tendances. Dans 80%, le stalker est un homme. Pas nécessairement pervers, ce dernier manifeste souvent une intolérance à la séparation; il se caractérise également par un sentiment exagéré de sa propre importance. Bref, il s'agit en général d'une personnalité "border-line", quand elle n'est pas profondément narcissique. 

La prise en charge des victimes repose avant tout sur un soutien psychologique, très proche de celle que l'on propose en cas de stress post-traumatique. Elle est "d'autant plus nécessaire que la victime n'est pas reconnue comme telle par la justice", regrette Nicolas Dantchev. 

Lorsque le stalker passe aux menaces directes toutefois, une mesure d'éloignement peut être ordonnée, du même genre que celles qui sont prononcées dans le cadre des violences conjugales. Dans les faits, de telles décisions de justice restent malheureusement trop rares. 





Alzheimer: "Des pistes de recherche" à foison selon un spécialiste

PARIS - Vaccins, alimentation, génétique et nouvelles molécules, la recherche sur la maladie d'Alzheimer présente de multiples facettes et offre des pistes d'avenir, même si l'effort et les financements doivent vraiment s'intensifier, explique un spécialiste.

"On ne dispose d'aucun traitement spécifique efficace susceptible de guérir la maladie" constate le professeur Alexis Brice, neurologue (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), directeur de l'institut thématique "neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie".

"Mais il y a pas mal de pistes de recherche grâce à une meilleure connaissance des mécanismes fondamentaux" qui mènent à la formation des plaques amyloïdes et à la dégénérescence.

La maladie d'Alzheimer et les démences apparentées touchent quelque 860.000 personnes en France et ce nombre, avec le vieillissement de la population, ne fera qu'augmenter.

Sur le plan thérapeutique, des inhibiteurs ont été développés. "Il faudra en vérifier l'effet sur les plaques et les symptômes de la maladie" (troubles intellectuels, perte de mémoire...)", explique-t-il à l'AFP, à l'occasion de la Journée mondiale Alzheimer.

Objectif par exemple des inhibiteurs (ou activateurs) d'enzymes appelées "sécrétases": bloquer la formation du peptide beta-amyloïde, une molécule qui s'accumule autour des neurones et forme les plaques séniles.

Les inhibiteurs de la gamma sécrétase empêchent la protéine précurseur de se transformer en peptide bêta-amyloïde. Les activateurs de l'alpha sécrétasse aboutissent au même résultat. "Il y a des essais en cours déjà en phase 3, sur plusieurs centaines de malades en Europe et aux Etats-Unis", relève le Pr Brice.

Il existe aujourd'hui des marqueurs d'imagerie cérébrale (TEP) qui vont permettre de visualiser l'évolution des plaques caractéristiques de la maladie. "Avec cet outil, qui n'existait pas il y a une dizaine d'années, on peut suivre in vivo les effets des nouveaux traitements sur les plaques amyloïdes", raconte le médecin.

Les vaccins, malgré les premiers écueils, restent une "piste prometteuse" et de nouveaux essais sont en cours.

Selon lui, "l'immunothérapie passive, qui devrait avoir moins d'effets secondaires (encéphalite)", fait l'objet d'essais avancés. Elle consiste à administrer des anticorps afin de favoriser l'élimination du peptide beta-amyloïde.

Autre champ de recherche, la génétique. "Les formes héréditaires, purement génétique, d'Alzheimer, qui surviennent plus jeune, avant 60 ans, représentent moins de 1% des cas, même si elles nous ont beaucoup appris sur la maladie", souligne le Pr Brice.

Plus généralement, il existe des facteurs de prédisposition, comme le gène Apo4. "Les porteurs d'une copie de cette forme du gène ont 2 à 3 fois plus de risque de développer un Alzheimer et ce risque augmente significativement en présence de deux copies".

La recherche a permis d'en identifier d'autres, comme l'a montré récemment l'équipe du Pr Philippe Amouyel (Inserm), souligne-t-il. "En combinant les différents facteurs de risque génétique, on pourrait imaginer de repérer les personnes à risque significativement augmenté". "Un risque ne veut pas dire une certitude, à l'exception de certaines formes familiales", met-il cependant en garde.

Par ailleurs, dans le domaine alimentaire, l'effet de suppléments en oméga 3 sur la survenue de nouveaux cas d'Alzheimer chez des personnes de 70 ans ou plus est en cours d'étude à Toulouse, selon la Fondation pour la recherche médicale.

Outre Atlantique, l'impact d'un antioxydant, le resvératrol, un polyphénol contenu dans le raisin et le vin est actuellement testé sur des formes de la maladie d'Alzheimer débutante ou modérée.

(©AFP / 21 septembre 2010)






Des éléments clés contre les démences

Une équipe INSERM montre que la lutte contre le diabète et la dépression pourrait réduire le risque de démence après 65 ans.

L’équipe de Karen Ritchie (INSERM 888, Montpellier) a suivi 1 433 personnes en bonne santé âgées de 65 ans et plus, recrutées entre 1999 et 2001 et habitant dans l’agglomération montpelliéraine. Ces personnes étaient soumises à des tests cognitifs à l’entrée dans l’étude puis deux, quatre et sept ans plus tard.

L’étude montre que la suppression de la dépression et du diabète ainsi qu’une augmentation de la consommation de fruits et légumes conduiraient à une réduction globale de 21 % des nouveaux cas de démences ou de déficits cognitifs modérés ; la dépression a la plus forte contribution (10 %).

L’amélioration des capacités intellectuelles conduirait à une réduction de 18 % du nombre de cas. En ce qui concerne le gène de l’apoE4, bien connu dans l’Alzheimer, son élimination ne réduirait que de 7 % le nombre de nouveaux cas.

Pour les auteurs, les programmes de santé publique devraient inciter aux activités intellectuelles, au traitement rapide des symptômes dépressifs et à la détection précoce de l’intolérance au glucose et de la résistance à l’insuline.

Dr E. DE V.

« BMJ online », 5 août 2010.
Quotimed.com, le 23/08/2010

samedi 23 octobre 2010




Grand Sud » Toulouse
23/10/2010
EMMANUELLE REY

Marchant : le personnel réclame des moyens

Depuis lundi, une partie du personnel de l'hôpital Marchant est en grève reconductible. Pour le retrait de la loi sur les retraites mais surtout pour dénoncer le manque de moyens.

De part et d'autre de la grande tente blanche dressée depuis lundi devant l'entrée de l'hôpital Marchant, les revendications sont clairement affichées. « Non à la retraite à 67 ans », « Oui à l'emploi », « Sauvons l'hôpital », « Davantage de petites cuillères en métal »… Votée en assemblée générale vendredi dernier, la grève, soutenue par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-SUD et le personnel non syndiqué, a vite dépassé le cadre national de lutte contre la réforme des retraites. « Tout est lié, c'est la même volonté politique. On veut faire payer aux salariés et aux plus faibles, l'ardoise de la crise. On manque de moyens humains, l'hôpital public est en danger. On en arrive même à pleurer pour réclamer une petite cuillère… C'est peut-être anecdotique, mais, dans mon service de pédopsychiatrie, les enfants ne peuvent plus manger de kiwis parce que les cuillères en plastique se cassent », lance Isabelle Morère, secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital Marchant. « Ce qui a mis le feu aux poudres ici c'est le manque de personnel infirmier dans le service de gériatrie. Pour pallier l'absence de huit titulaires sur dix - arrêts de travail ou départs - la direction a fait appel en urgence, la semaine dernière, aux infirmiers des autres unités de l'hôpital alors que les gestes ne sont pas les mêmes, ils demandent même une certaine expertise. », ajoute Jean-Paul Fauré, secrétaire Sud santé de Marchant.

Dans la tente des grévistes, les témoignages se succèdent et remplissent le cahier de doléances. Tous témoignent d'un épuisement professionnel. « Les infirmiers ne doivent pas être baladés comme des pions, c'est inhumain », souligne encore Isabelle Morère en précisant que la pénurie d'infirmiers en psychiatrie devient de plus en plus critique.

« Le contexte de recrutement des personnels infirmiers est difficile », confirme Michel Thiriet, directeur de l'hôpital Marchant qui compte 563 lits en psychiatrie et 47 en gériatrie. Il parle aujourd'hui d'une « douzaine de besoins de remplacement ». « Nous faisons face à une pénurie de candidatures et c'est souvent le cas en fin d'année. Nous devons attendre début décembre et la sortie des étudiants diplômés de l'école. D'ici là, pour les remplacements, il est normal de faire jouer la solidarité d'établissement », conclut le directeur après avoir rappelé que huit postes médicaux et quarante non médicaux ont été créés en quatre ans.

Les grévistes, reçus au tout début de leur mouvement par le directeur, ont décidé de « tenir le camp ». « Postes, besoins, on joue sur les mots. Nous, nous ne voulons plus travailler dans des conditions dégradées », explique Isabelle Morere.