par Sonya Faure et Anastasia Vécrin publié le 20 janvier 2023
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«Les femmes ont-elles une histoire ?» La réponse, aujourd’hui, semble évidemment oui. Mais c’est par cette question qu’il y a cinquante ans, Michelle Perrot a posé, avec une poignée d’historiennes, les premières lignes de l’histoire des femmes. Une pierre fondatrice qui a permis l’émergence de figures féminines mais qui a surtout sorti de l’oubli des pans entiers de la vie des femmes ordinaires. Comment écrire une histoire des femmes alors qu’elles sont, comme l’écrit l’historienne, des «ombres légères», et que leurs traces sont plus discrètes que celles des hommes ? Dans son dernier livre, le Temps des féminismes (Grasset), Michelle Perrot revient avec Eduardo Castillo, son ancien étudiant et journaliste, sur ce moment charnière, son parcours, sur sa prise de conscience tardive des inégalités de genre ainsi que sur #MeToo. A 94 ans, elle livre aussi un regard toujours équilibré et bienveillant sur les débats brûlants de notre époque : voile, universalisme, wokisme…
Aviez-vous pressenti l’événement #Metoo ?
Nous vivons un moment féministe d’une importance considérable. Je n’avais pas vu venir le surgissement #MeToo. Mais si cet événement fait rupture, il s’inscrit aussi dans la lignée des revendications des femmes pour les droits du corps et d’abord pour le droit à l’avortement et à la contraception des années 70. Autrefois, on disait : «Un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux.»Aujourd’hui, on dit : «Un amour, une relation sexuelle si je veux, quand je veux, comme je veux.»