LE MONDE |
Par Gaëlle Picut
« Il y a des tire-au-flanc et des gens malhonnêtes, mais, dans leur majorité, ceux qui travaillent s’efforcent de le faire au mieux et donnent pour cela beaucoup d’énergie, de passion et d’investissement personnel », estime le psychiatre Christophe Dejours, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et fondateur de la psychodynamique du travail. Alors, pourquoi assiste-t-on parfois à une moindre implication dans le travail, à un désengagement, voire à de l’absentéisme ? D’où vient cette crise de la conscience professionnelle, qu’est-ce qui a abîmé la valeur travail ?
« Le manque de reconnaissance fait que l’on perd sa motivation. On met moins d’investissement et donc de conscience professionnelle dans son travail. C’est une spirale infernale. On fait son travail, mais sans supplément d’âme », estime Maëlys Poinsu, chef de projet dans une agence de communication. Faute d’autonomie, de moyens, de reconnaissance, les salariés perdent l’envie de bien faire. Ou de faire tout court. A cause d’un manager défaillant, d’une organisation du travail imparfaite, d’objectifs inatteignables ou contraires à ses propres valeurs, on baisse les bras, on décide de faire le strict minimum. Cela entraîne une perte d’estime de soi, et surtout la disparition du plaisir de travailler.