Par Joseph Tedesco (associé au cabinet de conseil Oliver Wyman)
Le gouvernement a bien pris la mesure du besoin de transformer notre système de santé. Les économies de 10 milliards annoncées en témoignent. La Stratégie nationale de santé qui préconise une révolution des soins primaires par une meilleure coordination, l'atteste. Néanmoins, comme pour toute bonne stratégie, ce qui compte c'est la mise en œuvre, c'est-à-dire l'exécution.
S'il est assez simple de raboter la dépense, il est plus compliqué d'engager la révolution des soins primaires telle qu'annoncée. Comment faire ? De nombreuses expériences existent en France pour réorganiser la médecine de ville mais est-il possible d'aller plus loin ? Est-il possible de repérer, de modéliser puis d'implémenter avec les professionnels de nouveaux modes d'exercice et de construire en parallèle les incitatifs financiers qui équilibrent progressivement mieux la part des revenus liés au volume de patient pris en charge et ceux qui rétribuent la gestion du risque ? D'ailleurs sommes-nous le seul pays qui se pose ces questions ?
Ce qui ce passe aux Etats-Unis est très instructif. Si l'organisation globale du système de santé américain demeure discutable, on y trouve des innovations organisationnelles majeures qui méritent largement l'attention bien au-delà des polémiques. Quelques groupes de médecins visionnaires ont inventé et mis en œuvre des réponses qui devraient largement nous inspirer notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes dites fragiles.