Avant ses 7 ans, Magali a vu son corps se transformer. Une « intrusion soudaine du sexuel dans ce havre tendre qu’est l’enfance ».
LE MONDE | | Par Charlotte Chabas (Lyon, envoyée spéciale)
Comme chaque année avec les premiers rayons de soleil, les joues de Magali, encore rondes d’enfance, se sont couvertes de dizaines de tâches de rousseur. Petite, quand elle s’ennuyait, elle s’amusait à les compter face au miroir de sa chambre. En ce début d’été, la fillette de 7 ans et demi a d’autres choses à contempler.
Depuis quelques mois déjà, cette élève de CE1 vit ce que tant d’autres avant elles ont vécu, mais normalement un peu plus tard. Un rituel immuable, un seuil, un passage : « Ton corps change », s’est-elle entendue dire.
« On en était à choisir entre sirènes et legos »
C’est un peu avant son septième anniversaire que « tout a commencé », raconte sa mère, Nathalie, une brune à la peau diaphane, tout en boucles et rondeurs. Avec pudeur, elle cherche encore les mots pour décrire le jour où, sous la douche, elle a découvert « le choc qu’on ressent quand on découvre des poils, là où il ne devrait y avoir que de la peau de bébé ». De la peau de « son bébé », même. Et avec eux, des seins qui se forment en petites boules compactes, déjà. « On en était à choisir entre sirènes et legos pour le thème de sa fête et soudain, on se retrouvait avec ça à gérer », raconte le père de Magali, Antoine, une petite paire de lunettes vissée sous un front soucieux.