Fuck le cogito : Blaise Pascal, penseur trash
17 août 2012
Blaise Pascal, mort il y a trois cent cinquante ans jour pour jour [le 19 août, ndlr], est surtout connu en tant qu’homme de foi et mathématicien grâce au Mémorial récit de sa vision divine d’un soir d’hiver et la mise au point du calcul par récurrence. Entre «Joie, joie, joie, pleurs de joie» et «n2 + 2n + 1 = (n+ 1)2», entre l’abstraction théologique et celle des quantités, Pascal a surtout développé une pensée de l’existence qui ne nous fait aucun cadeau, rock’n’roll, impitoyable de réalisme psychologique et social, dure et concrète. Ce pan de son œuvre, qualifié à tort de «moralisme», porte en fait sur ce que nous nommons aujourd’hui les «questions existentielles» - Mon existence a-t-elle un sens ? Ai-je une vraie place dans l’univers ? Le moraliste fait la morale. Pascal, quant à lui, analyse, sous nos comportements visibles, et plus risibles que condamnables, l’universalité de l’âme, fondement de notre humaine condition. Puis il nous laisse à la détermination singulière de notre réflexion sur le moi, à nos angoisses et au silence éternel de ces espaces infinis qui nous effraient. Pascal et nous : il est l’un des grands penseurs de l’existence - plutôt que du concept ou de la méthode -, l’un des plus proches de nos préoccupations intérieures. Morceaux choisis les plus trash des Pensées, sur le moi, l’autre et la philosophie.