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vendredi 10 août 2012

L’hôpital psy malade de la souffrance au travail


Farida Chadri | Publié le 27.07.2012
L’hôpital psychiatrique Paul-Guiraud est en deuil. A quelques semaines d’intervalle, l’établissement a encaissé le  d’une aide-soignante dans un  de fonction, et le décès d’une cadre supérieure de  victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) sur le lieu de travail. Et contrairement aux apparences, le second drame a révélé un profond malaise au sein du personnel de l’hôpital, plus particulièrement chez les cadres. 



Au terme de vingt-neuf ans de service à Paul-Guiraud, la cadre supérieure de santé s’est effondrée le 4 juillet alors qu’elle était dans le bureau de son chef de service, en présence d’un autre responsable hiérarchique. Hospitalisée en urgence, elle est décédée des suites de son AVC il y a une semaine.

« Nous considérons que cet accident est lié à la manière dont la direction l’a convoquée », estime Joël Volson, représentant syndical SUD-Santé. Début juin, la hiérarchie lui a fixé rendez-vous pour un entretien. « Elle s’est vu refuser, pendant un mois, malgré ses demandes répétées, d’en connaître le motif », poursuit Joël Volson. « Elle était dans un état de stress absolu », complète Jean-Yves Louchouarn, également représentant syndical SUD. « On lui a dit et redit que ce n’était pas une convocation, qu’il n’y aurait pas de sanction disciplinaire », soutient Henri Poinsignon, le directeur général de l’hôpital psychiatrique. L’entretien en question a eu lieu le 3 juillet, l’accident le lendemain.

Y a-t-il un lien direct entre le stress généré par l’entretien et l’AVC? Nul ne se prononce sur la question. Un expert médical a été saisi. A charge pour lui de rendre un avis, qui contribuera à déterminer la reconnaissance ou non d’accident de travail.

« L’AVC a été révélateur d’une situation désastreuse », relate Joël Volson. Stress, fatigue, surcharge de travail, méthodes managériales sont pointés du doigt avec ce drame.

« Nos tutelles, y compris l’Etat, nous obligent à avoir une organisation tellement administrative qu’on n’en oublie les soins des patients, expliquent deux cadres. On est pressurisés, protocolisés à tous les étages. »

Sans éluder la question, le directeur de l’hôpital admet que « oui, il y a un malaise. On a vécu beaucoup de changements en peu de temps. J’ai conscience que les projets créent un surcroît d’activités ».

Il a envoyé mardi un courrier aux cadres pour annoncer des mesures, dont la mise en place d’un observatoire de la souffrance au travail en septembre, comme il en existe déjà un en matière de violence.

La violence, c’est d’ailleurs le facteur à l’origine de l’arrêt maladie de l’aide-soignante qui a attenté à sa vie le 4 juin. En décembre dernier, elle avait été, avec deux autres collègues, physiquement agressée par un patient. Elle aurait dû reprendre son travail en mi-temps thérapeutique. « L’accompagnement par la direction, la médecine du travail a été bon », précise Jean-Yves Louchouarn. Toutes les parties s’accordent à dire que le drame est à déconnecter de ce problème de souffrance au travail, même si en 2011, à Paul-Guiraud, 27% des accidents du travail étaient liés à des agressions par des patients, selon SUD.
[Merci à P. TOUZET source de cette info]

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