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mercredi 15 août 2012

Les miracles de Lourdes : une démarche longue et rigoureuse

Le Monde.fr avec AFP | 


Statuettes de la Vierge Marie en vente à Lourdes, en août 2012.
Statuettes de la Vierge Marie en vente à Lourdes, en août 2012. | AFP/REMY GABALDA

Plus de 7 000 guérisons inexpliquées ont été enregistrées depuis 1884 à Lourdes, haut lieu de pèlerinage catholique dans le sud-douest de la France. Mais 67 seulement ont été reconnues comme miracles par l'Eglise.
La "procédure de reconnaissance", qui consiste en une longue enquête scientifique et religieuse, commence avec une déclaration volontaire de la personne qui pense avoir guéri grâce à l'intercession de Notre Dame de Lourdes. Son témoignage est reçu par le médecin du Bureau des constatations médicales des Sanctuaires. A sa tête, le Dr Alessandro de Franciscis, qui se présente comme un "drôle de médecin, que les patients viennent voir pour dire 'Bonjour, je suis guéri'". C'est lui qui évalue le sérieux des cas présentés. S'il en estime un légitime, le malade doit rassembler un dossier médical complet.
A la fin de ce processus, le médecin soumet les cas probants au Bureau des constatations médicales, une institution composée de tout personnel soignant de passage à Lourdes qui souhaite l'intégrer, croyant ou non croyant. L'Eglise catholique a créé ce bureau dès 1883, car "elle ne voulait pas bâtir des miracles de toutes pièces", dit le Dr de Franciscis. Cet organisme travaille dans une totale "transparence","n'importe qui est autorisé à examiner les dossiers", affirme-t-il.
TROIS DOSSIERS DE "GUÉRISONS INEXPLIQUÉES" EN 2011

Le Dr Alessandro de Franciscis, à la tête du Bureau des constatations médicales des Sanctuaires, le 8 août à Lourdes.

Lorsque le Bureau et le médecin de Lourdes estiment que le cas est digne d'intérêt, ils transmettent le dossier au Comité médical international de Lourdes (CMIL), qui se réunit une fois par an. Fin 2011, cet organe a soumis trois dossiers de "guérisons inexpliquées" à des experts scientifiques internationaux réunis à Paris.
La CMIL, dont l'enquête peut durer des années, peut finalement"certifier" que la guérison est inexpliquée "dans l'état actuel des connaissances scientifiques". La décision doit être prise à la majorité des deux tiers. C'est à l'évêque du diocèse où vit la personne guérie qu'il revient alors de décider, sans avoir à recourir au pape, du degré de reconnaissance par l'Eglise de cette guérison. Le degré ultime étant le miracle.
En 2011, le Dr de Franciscis a reçu 48 déclarations de guérisons, et a accueilli 2 650 médecins "qui ont jugé que seize d'entre elles pouvaient être considérées comme importantes", note-t-il. En 2012, il a déjà rassemblé le Bureau six fois. Mais pour le seul docteur permanent sur le site des Sanctuaires, "le miracle de Lourdes, c'est la présence des malades, le fait que leur présence y soit tout naturellement acceptée"."Je pense être à un carrefour unique car c'est un lieu où les regards sont tournés en priorité vers la personne malade, handicapée (...), on ressent comme nulle part ailleurs la présence physique de leur chair", témoigne-t-il.
Sur les 67 miraculés reconnus à ce jour, 80 % sont des femmes, cinquante-cinq sont français, six italiens et trois belges. Mais l'Eglise catholique est aujourd'hui plus prudente pour parler de miracle, à cause de la difficulté grandissante à satisfaire des critères fixés au XVIIIèmesiècle (le malade ne doit, par exemple, pas avoir pris de médicaments).

Bernadette Soubirous, canonisée en 1933, a dit avoir vu 18 fois la Vierge

Bernadette Soubirous, jeune bergère de 14 ans, a déclaré il y a 150 ans avoir eu en cinq mois 18 apparitions de la Vierge Marie à Lourdes. Née le 7 janvier 1844, aînée d'une famille de neuf enfants dont cinq morts en bas âge, l'enfant, chétive et asthmatique, vécut la ruine de son père meunier et fut placée comme servante, puis bergère à l'âge de 13 ans.

Le 11 février 1858, selon l'enseignement catholique, Bernadette ramasse du bois mort à Massabielle. Dans la grotte, elle "aperçoit une dame vêtue de blanc", récite des prières, puis la Dame disparaît brusquement. Elle renouvelle l'expérience les 14 et 18 février. La Dame lui dit alors : "Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre" et l'invite à "venir ici pendant quinze jours". Le 25 février, elle rapporte que la Dame lui dit "d"aller boire à la source (...), c'est pour les pêcheurs". Bernadette est désormais accompagnée par une foule croissante de centaines, puis de milliers de personnes.

Le 1er mars, date du premier miracle répertorié par l'Eglise, Catherine Latapie, une amie, trempe son bras déboîté dans l'eau de la source et est guérie. Le 2 mars, la Dame demande: "Allez dire aux prêtres qu'on bâtisse ici une chapelle et qu'on y vienne en procession". Le 25 mars, la vision révèle son nom, en déclarant à Bernadette: "Je suis l'Immaculée Conception", expression théologique qui désigne la Sainte Vierge mais étonne le clergé dans la bouche d'une enfant illettrée. Le 16 juillet a lieu la dernière apparition. Pour les catholiques, c'est "l"envoi en mission" de Bernadette. Quatre ans plus tard, l'évêque de Tarbes authentifiera ces apparitions au nom de l'Eglise.

Célèbre, la jeune fille entre dans la vie religieuse et prend l'habit chez les Soeurs de la Charité de Nevers, à 22 ans. Elle y meurt en 1879, à 35 ans. Bernadette Soubirous fut canonisée en 1933 tandis que la dévotion grandissante faisait de Lourdes le deuxième lieu de pèlerinage catholique au monde, après Rome. - (AFP)

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