par Elsa Maudet publié le 13 septembre 2023
Chaque semaine, «Libération» passe en revue l’actualité du livre jeunesse.
Lise a de la chance : dans son jardin, elle a un labyrinthe. Elle adore y jouer à cache-cache avec Loupio, son chat noir au visage ceint de blanc. A force, elle le connaît par cœur. Il faut dire qu’il n’est pas bien grand : douze Loupio de longueur sur un papa de hauteur. Ses chemins sont bien rectilignes et aucune brindille ne dépasse. Mais à la longue, Lise est lassée : elle retrouve Loupio en un rien de temps tant l’espace est réduit. Alors à 7 ans, sa décision est prise : elle aura le plus grand labyrinthe du monde ! Pour ce faire, elle demande à ses parents, jardiniers chevronnés, de le lui ériger, leur fournissant le plan du dédale de ses rêves. Ses géniteurs s’attellent au chantier de bon cœur, séduits par la «belle géométrie» de l’ouvrage.
Mais bien vite, Lise regrette. Ses parents y passent leurs jours et leurs nuits, ne daignant même plus la nourrir. Un jour, c’est la cata, à force de bêcher et tailler, ils se bloquent le dos. L’ordonnance de la médecin est claire : seul un mois de repos dans un hôtel cinq étoiles avec spa les remettront d’aplomb – au passage, on veut bien les coordonnées de cette généraliste. Misère. Que va devenir le futur plus grand labyrinthe du monde si on l’abandonne aussi longtemps ?
Des semaines durant, Lise trépigne, harcelant ses parents pour rentrer. Quand enfin arrive la délivrance, les plantes ont tellement poussé dans son jardin que la petite fille ne reconnaît plus son labyrinthe chéri… Horreur ! A moins que ce ne soit une opportunité en or ?
Ecureuils, oiseaux et chenilles
Pour passer des messages aux enfants, rien de tel que l’imaginaire, on le sait. Le Grand Labyrinthe, et la jeune collection «Ronces» dont il est issu, en sont la preuve, qui abordent avec intelligence et subtilité l’importance de laisser la nature reprendre ses droits, de permettre à tout le vivant, humains compris, de trouver sa juste place. De prime abord, le lâcher-prise est effrayant : Lise a perdu tout ce qu’elle avait, ce bel espace certes petit mais rassurant, sans imprévu. Mais très vite, la petite fille découvre la richesse de la biodiversité qui l’entoure. Fini, le huis clos avec Loupio, elle peut désormais jouer avec des écureuils, des oiseaux, des chenilles, transformer des terriers en tanières secrètes. De quoi rendre les parties de cache-cache bien plus trépidantes que dans un espace façonné par l’humain.
A noter que Coline Hégron publie également en ce mois de septembre une autre histoire, cette fois pour les plus grands : Sans panique (Delcourt «Mirages») est une bande dessinée dans laquelle la petite Romie, seule rescapée d’un accident, se retrouve sur une île étrange avec des habitants léthargiques, menacée par une météorite.
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