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lundi 16 décembre 2019

Obésité et dénutrition, de plus en plus de pays victimes du « double fardeau » nutritionnel

PAR 
DAMIEN COULOMB
PUBLIÉ LE 16/12/2019

Crédit photo : AFP
Une part croissante de pays sont désormais touchés simultanément par les deux aspects de la malnutrition : surpoids et sous-alimentation. Selon une série de 4 articles publiés dans le « Lancet », un pays sur trois (48 sur les 126 analysés dans le rapport) aujourd'hui serait concerné par cette « nouvelle réalité de la malnutrition », comme l'indique le Dr Francesco Branca, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et premier auteur d'un des 4 articles.

Depuis les années quatre-vingt-dix, 14 pays supplémentaires sont concernés par le « double fardeau » de la malnutrition. Ce phénomène se définit par au moins 15 % de personnes en état d'amaigrissement (perte de poids, fatigue, teint pâle), 30 % d'enfants en retard de croissance et au moins 20 % de personnes en surpoids (IMC supérieure à 25 kg/m2).
Basculement rapide des modes de vie
« Il n'est plus possible de considérer la sous-nutrition comme l'apanage des pays à faible revenu ou que l'obésité soit l'unique problème des pays à hauts revenus », estime-t-il. Au niveau mondial, on assiste à un basculement rapide des modes de vie, avec une part croissante d'individus victimes de différentes formes de malnutrition. On estime que 22 % des adultes sont désormais exposés à un régime alimentaire déséquilibré, d'une façon ou d'une autre.
Près de 2,3 milliards d'enfants et d'adultes dans le monde sont en surpoids et plus de 150 millions d'enfants ont un retard de croissance. Les auteurs du « Lancet » constatent que ces problématiques de surpoids et de sous-nutrition se côtoient dans les mêmes communautés, voire dans les mêmes familles.
Des moyens d'action
La lutte contre la dénutrition infantile fait partie des objectifs de lé décennie d'action contre la dénutrition de l'OMS (2016-2025), qui rappelle les effets à long terme de la dénutrition lors des premiers mois de vie : « elle peut être associée à des déséquilibres du microbiote, de l'inflammation, des désordres métaboliques et une altération de la voie de régulation de l'insuline ».
Il existe des moyens d'action listés par l'OMS pour inverser la tendance : optimiser la pratique de l'allaitement au cours des deux premières années de vie, assurer une bonne disponibilité des fruits, des légumes, des céréales entières, des fibres, des noix et des légumineuses. Il convient également de réduire l'apport en aliments d'origine animale.
Équilibre entre alimentation saine et préservation des ressources naturelles
Ces repères alimentaires préconisés par les auteurs sont les mêmes que ceux qui avaient été publiés par la commission EAT du « Lancet » en janvier dernier, dont le but était de trouver le bon équilibre entre alimentation saine et préservation des ressources naturelles.
« Les pays à revenus faibles et intermédiaires ont connu une transition rapide des modes de vie, explique l'un des auteurs, le Pr Barry Popkin, de l'université de Caroline du Nord. La nouvelle réalité nutritionnelle voit la disparition des marchés de produits frais, l'augmentation du poids des supermarchés et le contrôle de toute la chaîne de production, d'élevage et de distribution par des compagnies privées. »
Les auteurs du « Lancet » préconisent de mettre en place des programmes de lutte contre la dénutrition, d'élaborer des systèmes d'aide sociale et d'implanter des politiques agricoles et fiscales incitant à une alimentation plus saine.

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