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lundi 16 décembre 2019

De plus en plus de femmes enceintes ou avec un nouveau-né à la rue

PAR 
STÉPHANY MOCQUERY
PUBLIÉ LE 16/12/2019

Crédit photo : AFP
Dans une tribune publiée ce dimanche dans « le Parisien », des professionnels de santé et des associations dénoncent le manque criant d’hébergements pour les femmes enceintes ou avec un nouveau-né sans domicile.
« Elles sont enceintes, jeunes accouchées avec leur bébé dans les bras, souvent seules, étrangères, prises en charge par une maternité française et elles sont sans domicile. » Ainsi commence le texte, qui entend alerter sur la situation de ces dizaines de femmes, généralement arrivées depuis peu sur le sol français, qui n’ont pas de solution d’hébergement et se retrouvent à la rue.

« C’est une situation qui s’est nettement dégradée depuis l’hiver dernier et que l’on retrouve mois après mois », indique le Dr Sophie Le Goff, médecin généraliste à la PASS (permanence d’accès aux soins) de la Pitié-Salpêtrière de l’AP-HP à Paris, l’une des médecins à l’initiative de cette tribune lancée par 125 professionnels de santé et 21 associations. « Si vous interrogez les associations et les professionnels qui s’occupent de personnes en situation de précarité, tous vous diront qu’il manque terriblement d’hébergements, que ce soit via le 115 ou les CADA [centres d’accueil de demandeurs d’asile], mais pour les femmes enceintes ou les jeunes accouchées avec des nouveau-nés, c’est un phénomène récent », ajoute-t-elle.
Solutions très transitoires
Et si certaines maternités offrent des solutions provisoires à ces femmes, c’est, au mieux, une salle avec des matelas par terre, sinon une place dans une salle d’attente ou un couloir. « Il y a une véritable empathie de la part de certains hôpitaux qui font ce qu’ils peuvent, jusqu’à ce qu’il faille faire de la place à d’autres femmes qui viennent d’accoucher », indique Clémentine Bret, référente Mineurs en danger de l’association Médecins du Monde, signataire de la tribune.
Dans certaines structures, des partenariats avec les 115 ont été signés pour réserver des places d’hébergement aux femmes sortant de la maternité, comme à l’hôpital Delafontaine en Seine-Saint-Denis. « C’est un arrangement au cas par cas, lié à l’engagement de certaines personnes au sein des hôpitaux, mais il n’y a rien d’organisé en tant que tel », regrette la professionnelle. Selon la tribune, « 100 femmes avec un nouveau-né ne trouveraient pas de solution d’hébergement à Paris actuellement ». Dans le reste de la France, « le nombre de femmes enceintes ou avec des nouveau-nés à la rue est également en augmentation », ajoute la référente Mineurs en danger.
Des risques élevés pour la santé des enfants
Or, ces situations, en plus de constituer un véritable traumatisme pour les femmes, signifient « un risque périnatal élevé (…), pas de protection contre le chaud ou le froid, peu de solutions (…) pour prendre soin d'un bébé ou simplement de soi », selon les signataires.
« Les recours aux soins sont évidemment moins bons, avec un risque d'hospitalisation dès la naissance et tout au long de la vie beaucoup plus élevé que pour un enfant vivant dans un environnement sécurisé », ajoutent-ils. « De nombreuses études ont par ailleurs montré que ces situations auront un impact à court et à long terme sur la santé physique comme psychique de ces bébés et ce même si l’on agit dès maintenant », complète le Dr Le Goff.
Une action des pouvoirs publics de toute urgence
« Il y a également une véritable souffrance chez les professionnels soignants ou associatifs », ajoute-t-elle. « Quand vous ne pouvez pas respecter vos engagements d’égalité de prise en charge, de moyens et d’accompagnement pour améliorer la santé, vous perdez le sens de votre travail, de votre engagement », précise-t-elle.
Les signataires de la tribune déplorent que cela « éteint la révolte en nous habituant petit à petit à ces situations indignes, sans réaliser qu'on finit parfois par tolérer l'intolérable », mais la généraliste rappelle : « Nous avons un devoir en tant que citoyens et en tant que professionnels de dire qu’il se passe là quelque chose de dramatique qui nécessite une action des pouvoirs publics de toute urgence. 

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