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dimanche 15 décembre 2019

Le Samusocial sans président, faute d’accord entre Paris et l’Etat

Le gouvernement souhaite un haut fonctionnaire à ce poste. La Ville préférerait une figure du monde associatif.
Par   Publié le 14 décembre 2019
Le conseil d’administration du Samusocial de Paris, réuni jeudi 12 décembre, n’a pas réussi à se trouver un nouveau président, faute de consensus entre l’Etat et la Ville de Paris. Le président sortant, Eric Pliez, avait fait savoir, en octobre, qu’il ne solliciterait pas un nouveau mandat. Il avait toutefois accepté d’assurer l’intérim jusqu’à ce jour, mais pas plus longtemps, car il s’engage en politique et brigue la mairie du 20e arrondissement sur la liste « Paris en commun » d’Anne Hidalgo (Parti socialiste).

M. Pliez étant, par ailleurs, directeur général de l’association Aurore, un acteur important de l’hébergement d’urgence (2 000 salariés et, en 2018, plus de 40 000 personnes accueillies), il s’est également mis en congé de cette fonction depuis mi-novembre. Il le restera jusqu’à la fin de la campagne électorale.
Le Samusocial de Paris, groupement d’intérêt public fondé en décembre 1994 par le docteur Xavier Emmanuelli, a connu peu de présidents : son fondateur jusqu’en 2011, puis Eric Molinié, venu du monde de l’entreprise (Dalkia, filiale d’EDF), resté à peine deux ans jusqu’à l’élection d’Eric Pliez.

« Traitées en prestataires »

Les règles prévoient que l’Etat nomme membre du conseil d’administration une personne qualifiée qui, par tradition, est ensuite élue présidente. L’actuel gouvernement souhaite un haut fonctionnaire à ce poste mais la Ville de Paris, représentée par Dominique Versini, adjointe à la maire chargée de la solidarité et de la lutte contre les exclusions, préférerait une figure du monde associatif. 
Le sujet est devenu sensible depuis la polémique surgie à l’hiver 2017, lorsque le secrétaire d’Etat au logement, Julien Denormandie, avait déclaré qu’il n’y avait à Paris qu’une cinquantaine de personnes à la rue et sans solution. Un chiffre vite balayé par leur recensement par la Ville de Paris, en février 2018, qui en dénombrait plus de 3 000.
« Il faut que le Samusocial ait à sa tête une forte personnalité, avec sa liberté de parole et reconnue dans le champ social, assure Mme Versini, qui fut cofondatrice de cet organisme et sa directrice pendant sept ans (1995-2002). Le gouvernement s’étonne parfois des positions critiques des grandes associations mais elles ont des valeurs et les défendent. La Croix-Rouge, la Fondation Armée du salut, Aurore, le Secours cactholique, Emmaüs ou la Fondation Abbé Pierre font partie de l’histoire de France. Même le gouvernement de droite auquel j’ai appartenu [entre 2002 et 2004, sous l’égide de Jean-Pierre Raffarin] ne les a jamais traitées en prestataires comme le fait le gouvernement actuel. »

« A bout de solutions »

Pour cette nomination sensible, plusieurs noms circulent. Christophe Devys, conseiller d’Etat et président du collectif Alerte, composé de 38 associations humanitaires, est un candidat suggéré par la Ville. Pascal Brice, ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, aurait l’aval de la Ville et du ministre du logement, Julien Denormandie, mais il a irrité le ministère de l’intérieur par ses prises de positions sur le dossier de l’accueil des migrants.
D’anciens préfets sont sollicités, tel Pierre-René Lemas, ancien secrétaire général de l’Elysée sous François Hollande et ancien directeur général de la Caisse des dépôts, ou Jean-François Carenco, qui fut préfet de Paris entre 2015 et 2017 et qui confie « y réfléchir ».
« Il est urgent que le Samusocial soit représenté au moment où il est confronté à une crise humanitaire sans précédent, avec des familles et des enfants à la rue, et où il doit se réformer pour devenir métropolitain », rappelle Mme Versini.
« On est un peu à bout de solutions d’hébergement pour les familles, explique Christine Laconde, sa directrice générale. Les hôtels que nous réquisitionnons sont saturés et accueillent chaque soir 46 000 personnes en familles dont 22 000 enfants, et seules cinq ou six places se libèrent chaque jour, alors que les demandes se multiplient. »
Une réforme est déjà en cours, qui permet à tous les départements franciliens de centraliser les réservations hôtelières vers le Samusocial parisien et de mettre en œuvre un suivi social de proximité pour les familles. La réquisition temporaire des bâtiments vides, ici ou là, atteint aussi ses limites. « Nos équipes passent leur temps à ouvrir et fermer des sites, au détriment de la stabilité des personnes accueillies et du suivi par les associations », déplore Mme Laconde, qui appelle de ses vœux « une présidence engagée et constructive qui soit le porte-voix des sans-abri mais aussi des salariés, sur le front au quotidien et qui ont besoin de soutien ».

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