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jeudi 18 avril 2019

Le grand naufrage des politiques de santé mentale

Joseph Mornet, psychologue et psychothérapeute, notamment au centre Saint Martin de Vignogoul près de Montpellier, réagit à l’émission Pièces à conviction du 10 avril : « Psychiatrie : le grand naufrage ».
L’émission Pièces à conviction du 10 avril sur France 3 s’intitulait : « Psychiatrie : le grand naufrage ». Le documentaire de Raphaël Tresanini constitue un reportage sans concession sur l’état du soin psychiatrique aujourd’hui en France : des délais de rendez-vous en CMP allant jusqu’à 6 mois, des familles isolées essayant de prendre en charge elles-mêmes le soin du leur atteint de grave difficulté psychique, des lieux en Belgique offrant un accueil qu’il est impossible de trouver en France, et surtout un état de total « naufrage » des services hospitaliers. Des malades entassés à 3 dans des chambres prévues pour 1, des isolements systématisés pouvant durer des semaines, voire des mois ou même des années, des patients attachés, des conditions d’hygiène parfois limite, des équipes débordées et une perte totale du lien humain. Le soin semble se limiter désormais à la contention exercée par des professionnels réduits à une fonction d’ordre, comme si la vieille fonction de « gardien » avait de nouveau remplacé celle de soignant.
L’intéressant débat qui a suivi, animé de façon très vive par Virna Sacchi, n’a rien fait pour dissiper les craintes sur le devenir du soin psychiatrique malgré la présence de la ministre Agnès Buzin. La politique de santé semble se résumer en deux mots d’ordre : la réinsertion sociale et le contrôle de la violence. Alors que le documentaire montrait de façon criante le scandale des conditions faites aux soins intra-hospitaliers, le débat a glissé systématiquement sur le dehors du soin. Alors que les familles criaient leur isolement et demandaient un relais de professionnels pour les soulager, la seule réponse était une commisération facile. Lorsqu’a été évoqué l’accueil fait par des équipes belges (avec des prises en charge de 32 à 35 euros de prix de journée, la France leur versant 3 fois plus en contrepartie …), la seule remarque de la ministre a été de noter qu’ils n’avaient pas de projet de réinsertion

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