Le Health Data Hub, la future plateforme hexagonale de données de santé, entre dans le dur. Les dix premiers projets – publics ou privés – retenus ont été présentés le 16 avril devant Agnès Buzyn. Une sélection qui illustre « la richesse et le potentiel de notre patrimoine de données, à travers des cas d’usages innovants, concrets et prometteurs », commente la ministre de la Santé.
Ces lauréats ont été sélectionnés dans le cadre du lancement fin janvier du premier appel à projet. 189 projets ont été déposés par des centres hospitaliers, industriels, agences, organismes de recherche ou associations de patients. Plusieurs critères ont été pris en compte dont la maturité des projets, leur intérêt public, leur caractère innovant, les bénéfices attendus ou la capacité à partager leurs données.
Accompagnement
Les porteurs de projets partageront leurs data et participeront à la création de la plateforme de données de santé dont le prototype est attendu au 31 octobre 2019. Les lauréats bénéficieront en contrepartie d'un accompagnement technico-réglementaire et des compétences des équipes du hub. Leurs résultats sont attendus à la fin de l'année. Florilège de six premiers lauréats.
Deepsarc, des schémas thérapeutiques pour le traitement du sarcome
Ce projet est porté par le Pr Jean-Yves Blay, directeur général du centre Léon Bérard et directeur du réseau NetSarc, ainsi que par le centre de lutte contre le cancer de Bordeaux et l'université de Rennes. Il consiste à étudier l'impact des traitements sur des données de vie réelle afin de définir des schémas thérapeutiques pertinents et efficaces pour le sarcome, catégorie de tumeurs rares pour laquelle l’efficacité́ des essais cliniques arrive à ses limites.
« Depuis près de 40 ans, des études randomisées ont été conduites sans pouvoir trancher sur l’intérêt de la chimiothérapie pour traiter les sarcomes, et sur la pertinence de l’utiliser avant ou après la chirurgie », explique le Pr Bernard Nordlinger, président du jury et chirurgien viscéral et digestif à l'AP-HP. Deepsarc utilisera la base de référence sur le sarcome NETSARC (quasi-exhaustive avec 50 000 patients), base qu'il chaînera avec les données médico-administratives du Système national des données de santé (SNDS).
PIMPON, des alertes pour les interactions médicamenteuses dangereuses
Les logiciels d’aide à la prescription génèrent un nombre important d’alertes motivées par la détection quasi systématique d’interactions médicamenteuses à effet délétère éventuel. Cette multiplication des alertes « sature la vigilance des prescripteurs qui leurs accordent de moins en moins d’attention », explique le ministère. Porté par Jean-François Forget, directeur médical chez Vidal, le projet vise à mobiliser les données du SNDS pour estimer la « prévalence réelle » des complications liées aux interactions médicamenteuses. L'objectif est de créer des alertes très pertinentes pour les médecins afin de réduire l’incidence des complications graves, fréquentes et prévisibles.
Hydro, prédire les crises d’insuffisance cardiaque avec l'IA
L’insuffisance cardiaque cause près de 5 % des hospitalisations en France, pour un coût de 1,8 milliard d’euros en 2016. Portée par le Dr Arnaud Rosier, président de la startup Implicity, ce projet vise à développer une solution permettant de prévenir les crises d’insuffisance cardiaque pour les patients porteurs de pacemakers/défibrillateurs grâce à l’analyse des données de télésuivi par intelligence artificielle. Le Health Data Hub permettra le croisement des données des dispositifs de plus de 8 000 patients en soin courant avec celles du SNDS afin d’entraîner des modèles prédictifs.
ARAC, mesurer les restes à charge finaux réels
Seule complémentaire sélectionnée, Malakoff Médéric Humanis ambitionne de calculer les restes à charge finaux réels des patients. Aujourd'hui, les restes à charge santé des Français sont estimés à l’aide d’enquêtes ou simplement imputés. La mutuelle croisera ses données de remboursement avec celles de l’assurance-maladie. Le projet doit permettre d’interroger les modes de financement des dépenses de santé, d’éclairer les questions de pouvoir d’achat et de solvabilisation du recours aux soins.
Deep.Piste dans le dépistage organisé du cancer du sein
Avec 11 883 décès estimés en 2017, le cancer du sein est le plus meurtrier. Le dépistage précoce permet une baisse de 21 % de la mortalité. Le projet porté par la société Epiconcept, le centre régional de coordination des dépistages des cancers en Occitanie et l'institut Curie se propose d'évaluer l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le dépistage organisé du cancer du sein. Il travaillera à partie de la base de données e-SIS de dépistage de cancer du sein des départements du Gard et de la Lozère comportant plus de 250 000 images annotées, enrichies par des données médico-administratives. L'objectif est de réduire le nombre de faux négatifs.
Oscour, les données d’urgences pour améliorer la surveillance sanitaire
Porté par Yann Le Strat (Agence nationale de santé publique), le projet propose de créer une base chaînant l’ensemble des données issues du réseau de surveillance Oscour® avec les données médico administratives du SNDS. Les données de la base Oscour® compilent les résumés de passage aux urgences... depuis presque quinze ans, recensant plus de 130 millions de passages aux urgences. Une telle cohorte permettra d’instruire quantité de questions en vue d’améliorer la surveillance sanitaire en France. Une première expérimentation sera menée sur les AVC.
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