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lundi 20 août 2018

Sites de rencontre : comment fonctionne la hiérarchie de la «désirabilité» ?

Par Donovan Thiebaud — 
L'étude a déterminé que, pour les relations hétérosexuelles, les utilisateurs s'intéressaient à des personnes 25 % plus désirables qu'eux.
L'étude a déterminé que, pour les relations hétérosexuelles, les utilisateurs s'intéressaient à des personnes 25 % plus désirables qu'eux. Dessin Getty Images. Ikon Images

Les utilisateurs de sites de rencontre sont ambitieux. Ils ont tendance à contacter des personnes ayant un profil plus attractif que le leur. Et cette attitude peut s’avérer payante !

Tinder, Adopteunmec, Happn, Fruitz… En matière d’applications et sites de rencontre, les utilisateurs ont l’embarras du choix. De plus en plus de célibataires sautent le pas, sélectionnent leurs plus belles photos et se créent un profil pour pouvoir discuter, échanger (et plus si affinités) avec d’autres âmes solitaires. Mais comment font-ils leur choix ? A la vue de quel profil s’emparent-ils de leur plus belle plume pour laisser un message qui sera peut-être le début d’une belle histoire ?

Dans une étude publiée par la revue Science Advances, deux chercheurs américains se sont intéressés à ces questions. En analysant l’activité d’un site de rencontre (limité aux relations hétérosexuelles) dans quatre villes américaines, ils ont estimé que les utilisateurs avaient souvent tendance à engager la conversation avec des personnes dont le profil avait plus la cote que le leur. Selon les auteurs, les célibataires en manque d’amour s’adressent souvent à des personnes qui «n’évoluent pas dans leur catégorie».

Comment les chercheurs ont-ils procédé ?

Pour en arriver à cette conclusion, Elizabeth Bruch et Mark Newman ont dû d’abord définir la notion de désirabilité d’un profil. En analysant le nombre de messages reçus et les profils à l’origine de ces messages, les chercheurs établissaient un score de désirabilité. «Si vous êtes contacté par des personnes désirables, vous êtes encore plus désirables»,expliquent-ils. Fred Pailler, sociologue travaillant sur les usages sexuels du numérique salue cette approche : «Dans certaines études, la désirabilité est directement calculée à partir de certains critères figurant sur le profil de l’utilisateur (profession, photos). Ici, on obtient le score de désirabilité d’un profil en fonction des messages reçus et on peut ainsi, dans un second temps, le mettre en lien avec les informations du profil comme l’âge par exemple.»

Qu’ont-ils découvert ?

Grâce à ce critère de désirabilité, les deux chercheurs ont établi que les utilisateurs du site s’adressent, en moyenne, à des personnes ayant une note de désirabilité 25 % supérieure à la leur. Les usagers du site seraient donc plutôt gourmands et auraient tendance à viser un peu trop haut. «Cela explique la principale critique des utilisateurs sur les sites de rencontre : "On n’a jamais de réponse !"» soulignent les auteurs. Mais la persévérance paie : les résultats de l’étude montrent aussi que 21 % des utilisateurs qui engagent la conversation avec une personne plus désirable obtiennent une réponse.
Fred Pailler propose une explication pour justifier ce comportement ambitieux en ligne : «Les bases de données des sites de rencontre donnent accès aux profils de personnes que l’on ne rencontrerait pas hors-ligne à cause d’une distance sociale ou géographique. De plus, le site de rencontre offre la possibilité de séduire une personne en lui envoyant un simple message, une action peu coûteuse.» Cela vaut donc le coup d’essayer.
Autre résultat notable de l’étude, l’évolution de la désirabilité selon les âges et selon le genre. Sur ce site américain, la désirabilité des femmes diminue progressivement de 18 à 60 ans tandis que, jusqu’à 50 ans, les hommes plus âgés ont davantage la côte que les hommes plus jeunes.

A quoi ça sert ?

Ces informations sont importantes pour les sites de rencontres puisqu’elles leur permettent de comprendre comment les utilisateurs manient leur outil. Ils peuvent ensuite adapter certaines fonctionnalités pour satisfaire au mieux les attentes de leurs clients.
Mais ceux qui cherchent l’amour peuvent aussi y trouver leur compte et affiner leur stratégie. On apprend par exemple dans l’étude que plus l’écart de désirabilité avec la personne est grand plus les utilisateurs ont tendance à envoyer un long message d’introduction. Cette stratégie n’est pas la bonne, puisque aucune corrélation n’a été trouvée entre la longueur du message et le fait d’avoir ou non une réponse. Après tout, séduction rime avec concision.




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