Jean-François Rouzières et Sophie Bajos de Hérédia13 Août 2018
Le pouvoir des mots
Laurent Lemoine, Quoi de neuf docteur ? La psychanalyse au fil du religieux, Salvator, 154 p.
Lors d’une émission récente consacrée à la notion de « faute » sur France Culture, Marie Balmary rappelait que la psychanalyse « énonce » mais ne « dénonce » pas. Rien de plus juste, et certains psychanalystes se fourvoient quand ils font de la psychanalyse une religion. Laurent Lemoine ne risque pas de tomber dans ce travers, il est dominicain. Sa Psychanalyse au fil du religieuxest passionnante. Certes, la psychanalyse est « une expérience tragique de la condition humaine » et Freud estimait « qu’il n’était pas prévu dans le plan de la création que l’homme fut heureux ». Pour autant, « puisque l’on parle de tout en psychanalyse, pourquoi Dieu resterait-il sur le seuil de la porte ? »
Au reste, même « le pape François a confessé avoir eu recours à une psychanalyste juive durant quelque mois pour traverser un moment difficile et il a reconnu que cette expérience lui a été très utile ». Il aura assurément fait l’expérience de l’analysant se frottant au divan : « Quand la parole se fait chair, ça fait vachement mal. » C’est Lacan qui l’affirmait. Lacan, qui rappelait à propos de sainte Thérèse d’Avila que « la mystique jouit », et qui avait « pris en analyse Marie de la Trinité, dont la poésie mystique est d’une élévation et d’une qualité incontestable ».
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