| 23.08.2018
Entre l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'hôpital gériatrique Charles-Foix d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le torchon brûle. Les représentants du personnel (CGT) ont récemment alerté sur des conditions de travail « intenables », conséquence d'un manque de personnel chronique. L'AP-HP s'est aussitôt défendue. Si elle reconnaît « des difficultés très ponctuelles » liées aux vacances de la période estivale, elle conteste le sous-effectif dénoncé par le personnel. Sans dialogue possible avec la direction, la CGT a demandé ce jeudi à être reçue par le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch.
Une infirmière pour 70 lits
Piochés dans le système d'alerter d'événements indésirables graves de l'établissement, les témoignages relayés par la CGT sont accablants. « Seule infirmière en intégration pour 70 patients, [...] l'administrateur de garde m'a dit que je devais m'habituer, que c'était dans les habitudes de l'hôpital », raconte une employée. « J'étais chargé de prendre les quatre étages, 39 patients [...] à risque de fugue, à risque de chute, des palliatifs, des patients très agités et qui peuvent être agressifs », témoigne un autre.
Au regard d'une situation jugée critique, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) tire la sonnette d'alarme. À l'initiative de la CGT, l'instance représentative du personnel a décidé lundi 20 août d'émettre un avis de danger grave et imminent. À destination de l'employeur, en l'occurrence l'AP-HP, l'avis de danger est un droit d'alerte propre au CHSCT et pouvant aller jusqu'au recours à l'inspecteur du travail.
Une procédure que les représentants du personnel ont utilisé pour la dernière fois en 2014, a indiqué au « Quotidien » Jacky Maillet, secrétaire CGT du CHSCT. Cette fois, c'est la seule arme suffisamment coercitive pour espérer faire triompher les demandes du personnel qui réclame soixante nouveaux postes. Les revendications sont claires : « Nous avons besoin de 30 nouvelles infirmières, 20 aides-soignantes et dix personnes de plus dans l'équipe de suppléance », précise Jacky Maillet. En attendant, les employés demandent l'arrêt des admissions aux urgences.
Démenti de l'AP-HP
Dès le lendemain du dépôt de l'avis de danger, l'AP-HP a rejeté les faits qui lui sont reprochés et a tenu à apporter des précisions quant aux conditions de travail à l'hôpital Charles-Foix. Le CHU affirme que « les effectifs présents ont toujours été en adéquation avec le nombre de patients pris en charge » et conteste les témoignages de sous-effectif, brandissant des taux de couverture d'effectif cible de 95 % pour les infirmières et 102 % pour les aides-soignantes.
Comme le prévoit la procédure, une enquête menée conjointement par l'employeur et le CHSCT est en cours. Si le désaccord persiste, l'inspecteur du travail doit être saisi sans délai. C'est lui qui décidera de la validité ou non de la déclaration de danger grave et imminent. En fonction de sa conclusion, il pourra saisir ou non la justice pour contraindre l'employeur à prendre les mesures nécessaires.
Le directeur général de l'AP-HP a fait le déplacement à Charles-Foix dans la nuit du 23 au 24 août pour rencontrer les équipes de nuit. Informée de cette visite, la CGT lui a demandé un entretien qu'elle a obtenu en marge des commémorations de la libération de Paris. « Après avoir rencontré les équipes médicales et paramédicales, il a entendu nos revendications », s'est félicité Jacky Maillet. À la suite de cette rencontre, la direction de l'hôpital s'est engagée à faire des propositions aux employés « en début de semaine prochaine ».
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