| 23.08.2017
La réponse du corps médical au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, ne s'est pas fait attendre après qu'il a déclaré hier 22 août sur BFM TV qu'il "souhaitait mobiliser le corps médical" au motif qu'"à peu près un tiers" des personnes signalées pour radicalisation "présentent des troubles psychologiques".
Dans un entretien accordé La Croix, le Dr Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie au Conseil National de l'Ordre des Médecins, rappelle que "la mission d'un psychiatre n'est pas de collaborer avec la police" tout en affirmant qu'un médecin est sensible à la nécessité de lutter contre le terrorisme.
"Nous avons fait en février dernier un rapport sur la question du secret médical face à un patient pouvant présenter des risques de radicalisation violente. À partir de notre réflexion sur le sujet, nous disons aujourd’hui au ministre de l’intérieur qu’il n’est pas question de mettre en place de nouvelles dérogations au secret médical. Le respect de ce secret est un pilier de notre exercice. Y déroger, c’est rompre le lien de confiance avec les patients. Et sans confiance, on ne peut pas soigner."
En présence d'un patient pouvant présenter un danger immédiat et imminent pour sa vie ou celle d’autrui, il est prévu qu'"un médecin se doit d’agir en citoyen et de faire un signalement. Mais il n’y a pas besoin de changer la loi pour cela. Le médecin peut agir dans le cadre de l’article 223-6 du code pénal, qui s’applique à tous les citoyens."
Une étude anglaise contradictoire
Si à ce jour aucune société savante psychiatrique ne s'est encore prononcée sur les propos de Gérard Collomb, dans un entretien accordé au Monde, le Dr David Gourion, psychiatre et ancien chef de clinique à l'hôpital Sainte-Anne, s'élève contre la proposition qu'il juge inefficace. Une étude publiée dans le British Journal of Psychiatry a été menée auprès de 3 700 Anglais de 18 à 34 ans pour repérer les éléments éventuellement associés au risque de terrorisme, notamment en termes de troubles psychiatriques. Les résultats ont montré qu'au sein du groupe le plus radicalisé, par rapport à la population générale du même âge et de même niveau socio-économique, qu'il n'apparaissait pas davantage de pathologies psychiatriques.
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