À l'instar des fermetures temporaires décidées à plusieurs reprises cet été pour les Smur de Castelnaudary et Quillan dans l'Aude, les urgentistes dénoncent de concert la "perte de chance" pour les patients que génèrent de telles décisions. Agnès Buzyn est directement interpellée pour enjoindre les ARS à changer de politique.
Pour l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), "une autre politique est urgente et nécessaire" s'agissant du fonctionnement des Smur. Dans un communiqué, ses responsables rappellent en effet avoir maintes fois affirmé par le passé auprès des autorités sanitaires que le nombre de Smur existant actuellement — à savoir 428 si l'on se fie au décompte fourni fin 2015 dans le livre blanc publié par Samu-Urgences de France (SUDF, lire notre article) — constituait "le seuil au-dessous duquel il ne fallait pas descendre, au risque de mettre la population en danger". Cependant, depuis l'élection présidentielle, estime l'Amuf, "le ministère des Solidarités et de la Santé semble sans aucune direction politique". Pour étayer cette critique, le syndicat s'appuie notamment sur les fermetures ponctuelles survenues à plusieurs reprises cet été des Smur de Castelnaudary et Quillan, qui dépendent du CH de Carcassonne (Aude, lire notre article). L'Amuf évoque par exemple le décès d'un homme survenu, selon elle, après un délai d'intervention trop long le 10 août dernier à Ginoles, commune située à trois kilomètres de Quillan. Or l'antenne Smur était justement fermée ce jour-là. Et pour ses responsables, c'est bien "la conjonction des contraintes budgétaires, de la pénurie de médecins dans certains territoires et de la pénibilité du métier d'urgentiste" qui génère de telles situations.
Aucune "trêve estivale"
Dans un bref message publié à la mi-août sur son site Internet, SUDF soulevait plus globalement "la perte de chance liée aux fermetures de Smur, y compris occasionnelles", pointant une "roulette russe pour les patients". À l'occasion d'un courrier adressé un mois plus tôt à la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, son président, le Dr François Braun, notait déjà dans son état des lieux des services d'urgences que "la situation se dégrade rapidement et la "trêve estivale" que nous pouvions espérer ne sera pas présente". Outre "une activité qui reste très (trop) soutenue", constatait alors l'intéressé, "de nombreux hôpitaux ne sont pas en mesure de garantir des effectifs médicaux suffisants pour l'été et envisagent des fermetures de structures de médecine d'urgence, voire des solutions dégradées incompatibles avec la qualité et surtout la sécurité des soins". Refusant toute suppression de lignes de Smur, le président de SUDF invitait la ministre à adresser "un message clair" aux ARS pour trouver "des solutions acceptables" en lien avec les professionnels représentés au sein des comités techniques régionaux des urgences. Depuis la mi-juillet, aucun retour ne lui est parvenu d'Agnès Buzyn.
Le Sénat réclame du matériel de biologie dans tous les Smur
Dans un rapport d'information sénatorial sur les urgences hospitalières, dévoilé fin juillet en commission des affaires sociales mais non encore rendu public, les auteurs* insistent dans leur présentation faite en séance pour mutualiser des équipes opérant en Smur, en salle de régulation et à l'accueil des urgences : "L'alternance des formes d'exercice permet en effet de relâcher la pression inhérente à certaines activités et de ne pas s'y enfermer." Les sénateurs préconisent par ailleurs "une réflexion approfondie" sur l'équipement des Smur, proposant entre autres de généraliser la présence de matériels de biologie embarquée dans les véhicules. Ils plaident enfin pour une meilleure reconnaissance des ambulanciers : "Il ne s'agit plus seulement d'assurer une simple fonction de transport mais bien souvent aussi de fournir une première appréciation de l'état de santé du patient, voire de le préparer pour l'intervention des équipes." Si ce n'est aller jusqu'à faire évoluer les contours et la reconnaissance de cette profession, il s'agirait à tout le moins "d'ouvrir la réflexion quant à la reconnaissance d'une profession d'ambulancier en Smur".
* Les trois sénateurs auteurs du rapport sur les urgences hospitalières sont l'élue communiste Laurence Cohen (Val-de-Marne), sa consœur socialiste Catherine Genisson (Pas-de-Calais) et l'élu Les Républicains René-Paul Savary (Marne).
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