Utilisant des informations sur la mortalité par suicide disponibles dans la base de données de l’OMS pour préciser l’évolution annuelle du taux de suicide pour 100 000 habitants en France, entre 1979 et 2010, une étude explore un « paradoxe français », la contradiction entre la «meilleure place dans le monde » accordée à la France par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en matière de système de soins, et les résultats pourtant médiocres dans le dénombrement des suicides constatés pendant ces trois décennies.
Populations « cibles » : les hommes de plus de 75 ans et les sujets des deux sexes entre 35 et 55 ans
Bien que la mortalité par suicide baisse de façon significative dans le pays depuis les années 1980 (–32,8 % entre 1987 et 2010), la France conserve toujours le même rang (10ème parmi 26 pays d’Europe) en 2010 qu’en 1987. Durant ces 23 ans, la mortalité par suicide en France augmente particulièrement chez les hommes de 35 à 54 ans (+40 %) et de plus de 75 ans (+27 %), comme chez les femmes de 35 à 54 ans (+41 %). Entre 2000 et 2010, alors que les nombres de lits en hôpital général et en hôpital psychiatrique ont diminué en France (passant en moyenne de 797 à 643 lits pour 100 000 habitants à l’hôpital général, et de 103 à 88 lits pour 100 000 habitants à l’hôpital psychiatrique), dans un contexte de hausse du chômage (touchant 8,1 % de la population en 2000 à 8,9 % en 2010) mais d’accroissement du revenu moyen (correspondant à 19 516 € en 2000 contre 24 518 € en 2010), les taux de suicide ont toutefois baissé, passant de 15 à 13,1 pour 100 000 habitants, ce qui place la France au niveau de l’Estonie ou de la Croatie (respectivement 13,5 et 12,7 suicides pour 100 000 habitants), mais loin après le Royaume Uni (6), l’Espagne (5) ou l’Italie (4,8), par exemple.
Beaucoup d’efforts mais des résultats modestes
Malgré cette baisse globale de la mortalité par suicide en France depuis la fin des années 1980, on ne saurait se contenter de ce résultat, « fort modeste » quand on le rapproche des efforts déployés pour un « accès universel aux structures de soins » et en matière de « politiques publiques de prévention de la dépression et du suicide. » Au vu de cette étude, il est clair que ces politiques de prévention devraient cibler en priorité les populations restant les plus vulnérables, c’est-à-dire les hommes de plus de 75 ans et les sujets (des deux sexes) âgés de 35 à 54 ans.
Dr Alain Cohen
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