Le discours des directeurs sur les groupements hospitaliers de territoire frise l'agacement, la désillusion. Passés les espoirs des débuts, les déconvenues fusent tous azimuts à huit mois de leur mise en œuvre. Aux journées du Syncass-CFDT, ils ont certes assuré qu'ils n'y feront pas d'obstruction mais cela se fera "souvent la mort dans l'âme".
Des "ensembles disproportionnés", des "conglomérats de concurrents", des"monstres ingouvernables"...
À écouter le discours musclé tenu ce 5 novembre par Michel Rosenblatt, secrétaire général du Syncass-CFDT, à l'occasion des journées nationales du syndicat des directeurs et cadres hospitaliers organisées à Lyon ces 5 et 6 novembre, la mise en œuvre des prochains groupements hospitaliers de territoire (GHT) n'en finit pas de laisser un goût amer au sein des directions. Malgré des mois de mission préfiguratrice, la réforme ne passe pas... et pas seulement sur le fait de savoir si l'idée implicite des pouvoirs publics en toile de fond est de multiplier les directions communes voire même de pousser aux fusions (lire ci-contre). Certes, faute d'en avoir le droit, "les directeurs ne feront pas d'obstruction (…). Ils appliqueront les consignes de l'État et de l'ARS, souvent la mort dans l'âme, le moins mal possible", a tenu à rappeler le responsable syndical au DGOS ici présent, Jean Debeaupuis. Sans enthousiasme et dans la suspicion permanente de la tutelle à l'égard des personnels de direction qui "n'en peuvent plus et sont à cran", "laissés pour compte", "en souffrance"... Certes, "certains y trouveront un bref intérêt de carrière, a reconnu l'intéressé, mais comme le montage s'avérera vite déficient, cette satisfaction sera éphémère. Pour la plupart, ce sera la dépossession de ce qui était l'essence et la fierté du métier : l'exercice de responsabilités importantes au service du bien commun."
À écouter le discours musclé tenu ce 5 novembre par Michel Rosenblatt, secrétaire général du Syncass-CFDT, à l'occasion des journées nationales du syndicat des directeurs et cadres hospitaliers organisées à Lyon ces 5 et 6 novembre, la mise en œuvre des prochains groupements hospitaliers de territoire (GHT) n'en finit pas de laisser un goût amer au sein des directions. Malgré des mois de mission préfiguratrice, la réforme ne passe pas... et pas seulement sur le fait de savoir si l'idée implicite des pouvoirs publics en toile de fond est de multiplier les directions communes voire même de pousser aux fusions (lire ci-contre). Certes, faute d'en avoir le droit, "les directeurs ne feront pas d'obstruction (…). Ils appliqueront les consignes de l'État et de l'ARS, souvent la mort dans l'âme, le moins mal possible", a tenu à rappeler le responsable syndical au DGOS ici présent, Jean Debeaupuis. Sans enthousiasme et dans la suspicion permanente de la tutelle à l'égard des personnels de direction qui "n'en peuvent plus et sont à cran", "laissés pour compte", "en souffrance"... Certes, "certains y trouveront un bref intérêt de carrière, a reconnu l'intéressé, mais comme le montage s'avérera vite déficient, cette satisfaction sera éphémère. Pour la plupart, ce sera la dépossession de ce qui était l'essence et la fierté du métier : l'exercice de responsabilités importantes au service du bien commun."
Des "déserts directoriaux" faute d'engagements ministériels
Si les récentes mesures annoncées par la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes à l'égard des praticiens hospitaliers sont en soi "justifiées", dixit Michel Rosenblatt, faudra-t-il pour autant "des déserts directoriaux" pour que les alertes sur la démographie des trois corps de direction soient enfin entendues des pouvoirs publics ? L'absence d'engagement précis du ministère entre autres sur la fusion des corps DH-D3S, sur la revalorisation des carrières et régimes indemnitaires des attachés et ingénieurs mais aussi sur la mise en œuvre d'une charte de l'éthique et de la responsabilité ou la création de structures nécessaires à la santé au travail, donne le sentiment d'"un virage déambulatoire des directeurs, puisque l'État visiblement les promène !"Promouvoir la révolte et le conflit social permanent
Pour Michel Rosenblatt, la mise en œuvre des GHT s'annonce un peu plus chaque jour comme "un gâchis", avec un dispositif qui, sans le secteur privé, les Ehpad et les acteurs de ville, "va donc faire comme avant, avec les mêmes césures, les mêmes doublons, les mêmes pertes de chance". La liberté laissée par les pouvoirs publics aux établissements médico-sociaux d'adhérer ou non "traduit surtout qu'ils comptent peu", note ainsi le syndicaliste. Et la tendance à vouloir calquer les frontières quasiment systématiquement sur les territoires de santé actuels ou les départements promet d'accoucher de "conglomérats sous forme d'assistances publiques départementales (…) et difficilement gérables". Quant au sort des CHU, paradoxalement placés comme les établissements supports des futurs groupements au lieu d'un rôle de correspondants de tous les GHT de leur région, cela ne peut que les "dénaturer", d'après le secrétaire général du Syncass-CFDT. Sans parler de l'absence de légitimité auprès des élus, des personnels et des usagers. L'horizon, à entendre l'hospitalier, c'est de "promouvoir la révolte et le conflit social permanent". À l'échelon même de la gouvernance hospitalière, le rôle accru accordé au président de la commission médicale d'établissement via le projet de loi de Santé ne pouvant in fine que "renforcer les blocages".
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