Après sa création en mai et sa sélection remarquée au Festival d'Avignon, «81 avenue Victor Hugo», la troisième pièce d'actualité commandée par Marie-Josée Malis, est de retour au théâtre de la Commune.
Ils sont huit face à nous. Huit habitants d’Aubervilliers qui, tour à tour, prennent la parole, elle s’imbrique et se dissémine, tandis qu’ils jouent des fragments de leur vie et celle de leurs camarades, et évoquent leur épopée pour arriver jusqu’à cette belle adresse: 81 avenue Victor-Hugo. A Aubervilliers, le 81 correspond à une antenne désaffectée de Pôle Emploi, que les 80 sans papiers ni logis ont décidé d’occuper, après avoir été expulsés, entre autres, du passage de l’Avenir. «Mais le logement, ce n’est pas le problème. Le problème, ce sont les papiers. Une fois que tu as les papiers, tu peux prétendre à un logement.»
Sur scène, quelques chaises sont derrière eux. Le décor est minimaliste, il évoque n’importe quel bureau abandonné. Eux viennent de Libye, de Côte-d'Ivoire, du Bangladesh, ou d’ailleurs. Ils sont énergiques et drôles, alors que ce qu’ils racontent, par épisode à la fois choral et personnel, ne l’est pas: la traversée du désert et celle de la mer sans boussole, l’ami qui supplie qu’on le laisse mourir dans le sable et qui offre son passeport si chèrement acheté, et l’abandon du passeur à 200 kilomètres de la frontière, «à deux pas», ment-t-il.
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