Promouvoir la marche ou le vélo comme mode de déplacement est-il réellement bénéfique pour la santé ? S’ils permettent de répondre aux défis actuels en santé publique, tels que la lutte contre la sédentarité, la réduction de la pollution atmosphérique et le changement climatique, ces modes de transport actifs n’exposent-ils pas l’individu à un risque accru d’accident de la circulation ou d’inhalation de polluants ?
L’étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », entièrement consacré cette semaine aux bienfaits de l’activité physique, montre un rapport bénéfice/risque largement en faveur de la pratique de la marche et du vélo.
12 vies sauvées
À partir de modèles quantitatifs d’évaluation d’impact sanitaire développés dans le cadre du programme européen TAPAS (Transportation, Air pollution And Physical Activities), Audrey de Nazelle et coll. estiment, par exemple, que la mise en œuvre du système de vélos en libre-service aurait permis d’épargner 12 vies par an en raison de l’augmentation de l’activité physique alors que, dans le même temps, l’augmentation de la mortalité par accident serait évaluée à 0,03 décès par an et celle due à l’inhalation de polluants pendant les trajets à 0,13 décès par an. L’impact de l’activité physique a été évalué à partir de l’estimation de la morbidité cardiovasculaire, des démences, du diabète de type 2, des cancers du sein, du côlon. Cinq pathologies ont été retenues pour mesurer l’effet de la pollution : les maladies cérébro- et cardiovasculaires, les infections des voies respiratoires basses, la prématurité, le petit poids de naissance.
Plusieurs scénarios envisagés
Dans cette étude réalisée dans la ville de Barcelone – 3,2 millions d’habitants –, plusieurs scénarios ont été envisagés dont le vélo en libre-service. Il s’agissait de réduire l’utilisation des véhicules automobiles individuels au profit de transports publics (incluant 10 minutes de marche) ou de transports actifs. Quel que soit le scénario, l’impact était positif pour la santé même si les bénéfices étaient moindres que lorsque le vélo était le transport alternatif. Le scénario le plus favorable a été celui où les déplacements en voiture ont été réduits de 40 % en faveur d’un report vers le vélo (20 %) ou les transports en commun : 98,4 décès par an ont été évités grâce à l’augmentation de l’activité physique et 1,4 par an du fait du risque moindre d’accident.
L’inhalation des polluants atmosphériques entraînait 1,6 décès par an supplémentaire pour ceux qui avaient adopté le vélo mais le changement avait un impact positif dans la population générale avec 8,6 décès par an évités.
En France, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal a annoncé la semaine dernière que pratique du vélo entre domicile et travail sera encouragé avec la mise en place d’une indemnité kilométrique versée aux salariés cyclistes par des employeurs volontaires.
Dr Lydia Archimède
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